La génération des informateurs fait suite immédiatement à celle qui ne parlait qu’en provençal. Ce qui compte pour eux, afin de conserver la pratique de la langue, c’est le contact avec les grands-parents. L’entretien se déroule autour de ces sujets et convoque les souvenirs des informateurs autour de l’emploi de l’occitan dans le village d’Entrecasteaux. A leur avis il y a plusieurs variétés de provençal : le vrai, celui de Mistral, et celui qu’ils parlent, le « patois d’ici », c’est à dire d’Entrecasteaux. Bien qu’il existe des différences de vocabulaire entre les parlers des villages alentours, les informateurs affirment qu’elles ne sont pas assez marquées pour identifier la provenance de chaque interlocuteur, et qu’on se comprend très bien. Ils remarquent en outre que chez eux le patois est encore assez pratiqué, même s’ils pressentent qu’il va se perdre. Par référence à ces affirmations, l’enquêtrice, Claude Martel mène son enquête sur la réputation d’Entrecasteaux dans les autres villages et son inverse. Elle aborde ensuite les différences linguistiques qui existent, l’expérience des informateurs, les occasions de parler la langue, les expressions typiques, histoires, chansons, dictons et sobriquets en patois dont ils se souviennent. La conversation conserve sur toute sa durée un ton convivial et les informateurs donnent spontanément certaines anecdotes sur leur vie familiale ou communautaire. Ils fournissent une description de la fête votive de Sainte Anne, patronne du village, qui ne s’est jamais perdue malgré le déclin général de la participation religieuse et sa transformation dans le temps. Une informatrice chante un cantique à sainte Anne, en français (42’) et en provençal (46’).