Document d'archives : La Force

Contenu :

Présentation du contenu
Sur les origines lointaines de l'hôtel auquel le duc de La Force donna son nom, on trouvera des précisions dans une communication de Ch. Sellier à la Commission municipale du Vieux Paris, dans les Procès-verbaux, Paris, 1901, in-8°, p.80. La seule partie qui en subsiste aujourd'hui est comprise dans la caserne Sévigné. Le reste fut vendu aux frères Pâris à qui l'État le racheta, pour y installer en 1761 le bureau des saisies réelles, du vingtième, et la régie des cartes à jouer.
En août 1780, à la demande de Necker, le gouvernement royal décida d'en faire une prison modèle pour remplacer les geôles infectes du Châtelet et du For-L'Évêque. On y réussit assez bien pour cette époque ; Alboize et Maquet donnent, dans Les prisons de l'Europe, tome IV, p.4 et suivantes, des renseignements intéressants sur l'organisation intérieure de la nouvelle prison. On y transféra les premiers prisonniers civils du 10 au 19 janvier 1782. En avril 1785, la partie de l'immeuble qui s'appelait l'hôtel de Brienne fut affectée à la détention des filles de mauvaise vie que jusque-là on gardait à la prison de Saint-Martin-des-Champs ; on l'appela la Petite Force ; elle comuniquait avec la Grande ; le transfert des premières prisonnières eut lieu en juin 1785.
Les 13 et 14 juillet 1789, le peuple vint à la Force et délivra les dettiers. Après la journée du 10 août 1792, les prisonniers politiques y sont envoyés en grand nombre ; parmi les prisonnières politiques enfermées à la Petite Force, il y avait Mme de Tourzel, sa fille Pauline, et la princesse de Lamballe. Les dettiers et ces femmes furent, avant les massacres de Septembre, le 2, conduits à l'église de la Culture-Sainte-Catherine ; ils échappèrent à la mort. La princesse de Lamballe fut transférée de la Petite à la Grande Force. On sait comment elle fut massacrée en dépit des efforts tentés pour la sauver. À la Force, les massacres se prolongèrent jusqu'au 6 septembre. En octobre 1793, on y vit arriver les premiers conventionnels ; Daunou, Valazé, Vergniaud, passèrent là, et le général Miranda, Champagneux, Adam Lux, et plus tard Volney et Kersaint.
À partir du Directoire, la Force servit comme prison d'État et comme prison légale. Le général Malet et ses complices y furent incarcérés, ainsi que, momentanément il est vrai, le duc de Rovigo, Pasquier et Desmarest, la fleur de la Police de Napoléon à ce moment. Plus tard on y vit Béranger.
En 1828, la Petite-Force cessa d'être une prison pour femmes : elle fut remplacée par la prison de Saint-Lazare. Une ordonnance du 17 décembre 1840 avait ordonné la construction de la prison de Mazas : ce n'est que le 19 mai 1850 qu'on y transféra les derniers prisonniers de la Force, qui fut démolie aussitôt. Elle avait alors son entrée 2 rue du Roi de Sicile, et une porte charretière rue Pavée. En 1852, on ouvrit sur son emplacement la rue Malher et la rue des Rosiers prolongée.
Il ne semble pas qu'Alboize et Maquet, dans l'ouvrage précité, aient vu notre registre 321, sans qu'il soit possible de l'affirmer formellement. Mais ils en ont étudié beaucoup d'autres qui ont disparu : d'abord un répertoire général des prisonniers par ordre alphabétique qui contenait à la date du 7 septembre 1792 cette mention : « Du Vendredi 7 septembre 1792, fin de la Révolution. Reprise pour la conservation du Répertoire. » Ils en ont analysé d'autres et en donnent des citations assez nombreuses à leur tome IV, pages 91 et suivantes. De même pour la période postérieure au 5 juin 1801 qui est la date extrême atteinte par nos registres. Ils analysent une série de registres au même tome, pages 139 et suivantes. On consultera avec intérêt ces passages qui comblent quelques lacunes. Il faut bien entendu s'en tenir aux indications strictement documentaires fournies par ces deux auteurs et négliger les passages que leur fantaisie a visiblement enjolivés. Mais on peut vérifier l'exactitude de leurs observations sur ceux des registres qu'ils ont examinés, et qui nous ont été conservés. Plus sérieusement encore, les registres de la Préfecture de Police ont été étudiés par Barthélemy Maurice pour son Histoire des Prisons de la Seine (Paris, 1840, in.8), et on fera bien de lire avec attention ce qu'il dit des registres de la Petite et de la Grande Force, pages 347 et suivantes ; il en est de disparus parmi ceux dont il parle.

Cote :

AB 321-329

Type de document :

Document d'archives

Où consulter le document :

Préfecture de Police - Service des archives

Liens