Document d'archives : Récit de vie d'un ancien ouvrier de chantier naval dans les années 1930 et 1940 dans le nord de la France

Contenu :

L'informateur, qui a 68 ans au moment de l'entretien, est représentant de l'union locale des syndicats CGT d'Istres. Il évoque les grandes étapes de sa carrière et de sa vie personnelle. Originaire du Nord, il commence par travailler dans les chantiers navals de Blainville-sur-Orne dans le Calvados. Dans sa jeunesse, il participe à des mouvements syndicaux, notamment en 1932, suite au décret de Laval qui réduisait les salaires de tous les travailleurs d’État de 1.5 %. Il évoque également les manifestations de l'époque et l'épisode de la mort d'un travailleurcommuniste à laquelle il a assisté. A propos du licenciement abusif dont il a été victime lorsqu'il travaillait à Brest dans les chantiers Dubigeon, l'informateur explique que malgré son passage aux Prud'hommes, il s'est retrouvé sans travail du jour au lendemain mais il a eu le droit au chômage. Il qualifie cette période de pénible mais parle d'une véritable victoire à propos des assurances sociales pour les travailleurs. L'informateur revient ensuite sur la Seconde Guerre mondiale en évoquant des anecdotes vécues sous l'occupation allemande : son mariage, son emploi à Cherbourg au sein de l'entreprise allemande Krupp, son emploi à la SNCF, le ravitaillement alimentaire, le troc, les surnoms qui étaient donnés aux Allemands (notamment "frisés" ou "doryphores" parce que, selon lui, ils mangeaient toutes les pommes de terre des Français)... L'informateur explique qu'il a du quitter Cherbourg parce que son fils, qui était âgé d'un an à l'époque, a eu des problèmes de santé. Lui et sa famille ont alors été envoyés dans le midi, à Miramas, où il a fini sa carrière avant de s'installer à Istres. Les grands changements politiques des années 1930 sont ensuite évoqués à travers ses souvenirs et son opinion du Front populaire. Il se souvient par exemple des premiers congés payés et que tous les ouvriers du Nord-Est sont partis en vacances en même temps, à tel point que les usines ont été obligées de fermer pour la période. L'informateur évoque ensuite son enfance. Issu d'une famille nombreuse de 13 enfants et ayant perdu sa mère à l'âge de trois ans, il a été élevé par son père qui était employé de mairie. A propos des conditions de vie de l'époque, il raconte qu'il n'a pu s'acheter un costume qu'à l'âge de 27-28 ans et que lorsqu'il était enfant, il ne portait pas de chaussures mais des galoches (espèces de chaussures dont le dessus est de cuir et la semelle de bois). Les enquêteurs recentrent leurs questions sur le bilan de vie de l'informateur qui explique alors qu'il continue son action syndicale même en étant à la retraite car pour lui c’est un engagement à vie. Son meilleur souvenir est l'achat de sa maison d'Istres en 1965. L'informateur semble nostalgique et explique que lui et sa femme entretiennent leurs souvenirs et les revivent en se les racontant et en les transmettant à leurs petits enfants.

Cote :

F3329 ; F3331

Inventaire d'archives :

Fonds Roche-Taranger

Conditions d'utilisation :

Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée

Description physique :

Importance matérielle :
1 h 40 min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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