Document d'archives : Commerce des juifs. - Lettre de Pellas Maillane, général des monnaies de Languedoc, par laquelle il demande audience à...

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Commerce des juifs. - Lettre de Pellas Maillane, général des monnaies de Languedoc, par laquelle il demande audience à l'intendant. Il se dit porteur d'ordres du roi pour surveiller les menées des juifs : « Je les avois entièrement chassés de Provence ; l'Hôtel de la Monnoye, les changeurs, les orphèvres, s'en trouvoient bien. Ce sont gents capables de toute sorte de malversation et je les ay trouvé dans toute sorte de cas de monnoye. » 1736. - Mémoire contre les négociants juifs présenté par les jurés gardes du corps des marchands de Montpellier : « Le 2 du mois de septembre 1738 les juifs ayant encore paru dans Montpellier, la demlle Ve Sanson les retira dans sa maison et les jurés gardes en estant informés ils firent faire une descente quy n'opéra point l'effet qu'on en attendoit parce que ladite demlle Sanson en ayant esté prévenue fit fermer les portes de sa maison et les juifs eurent le tems d'enlever toutes leurs marchandises par l'intervale quy se passa pour obtenir le bris et fractions de portes. Les faits cy dessus énoncés prouvent clairement que M. de Bernage s'oposoit a la liberté que les juifs prenent de séjourner et vendre leurs marchandises dans la province, puisqu'il prestoit son authoritté pour les en chasser. Les juifs ont employé toutes sortes de moyens pour s'y soustraire et ils y sont enfin parvenus par l'avidité de quelques particuliers quy trouvent leur compte a leur louer leurs maisons a la ville, et leurs chatteaux a la campagne ; ils en reçoivent de pris fort ellevés, sans préjudice de bien d'autres avantages qu'ils en retirent ; par la les juifs s'assurent un azille pour reparoitre inpunement dans la province ; on les voit pendant tout le cours de l'année vendre et débiter toutes sortes de marchandise dans toutes les foires et marchés, et dans les villes et les vilage de leur passage, et particulièrement a l'entrée de l'hiver et de l'esté, aux foires du pont Juvenal ou assistés tantost par des cavaliers de la maréchaussée ou par de soldats on les voit vendre peubliquement toutes sortes de marchandises ; ils vendent aussy peubliquement a Montpellier a la faveur de la nommée Vernette quy preste son nom et sa maison : ils trouvent dans le dernier moyen celuy de répendre leurs marchandises dans toutes les maisons de la ville, ou ils les vont vendre eux mêmes, comme ils le pratiquent dans la maison de ladite Vernette. Les juifs enlèvent tout l'argent comptant de la province ; personne n'ignore d'ailleurs que le commerce des juifs ne se soulient que par toute sorte de voix illicites, que les marchandises qu'ils vendeut sont pour la plus part défectuzes et de mauvaise fabrique, la plus grande partie acheptée de la main des ouvriers quy les ont fabriquées en fraude et aux dépens de leurs maitres, dont ils volent journellement les matières ; ils achètent encore très souvant des negotiants quy méditent des benqueroutes frauduleuses, ce qui porte un préjudice notable au commerce en général. » 1739. - Arrêt du Conseil qui défend à David et Raphaël de Lazia et compagnie, d'Avignon, et autres, de se livrer au négoce dans la ville de Gien et autres lieux de la généralité d'Orléans : « on sait quels sont leur ressorts et leur intrigue, les sujets de Sa Majesté ne seroient plus que les spectateurs des fortunes que les juifs feroient à leur préjudice, pour les transporter ensuite dans les pays étrangers a la ruine du royaume ; indépendamment de ce que, s'ils parvenoient a se rendre maîtres du commerce, ils donneroient a leurs marchandises le prix arbitraire que leur cupidité leur suggereroit, et bien loin que public profitat de l'abondance qu'ils paroitroient procurer, il seroit dans l'impossibilité d'acheter les choses les plus nécessaire par l'exorbitance du prix ou il plairoit aux juifs de les porter. » 27 décembre 1739. - Lettre : écrite au contrôleur général par les députés de la Chambre de commerce de Montpellier, confirmant les plaintes déjà portées contre les négociants juifs par les marchands de draperie et de soierie de cette ville : « Cette nation infidèle et trompeuse se répand tous les jours de plus en plus dans ces cantons ; on les y voit fréquenter les foires et les marchez ; ils y ont boutiques et magasins ou ils vendent publiquement toutes sortes de marchandises ; ils font des établissements fixes dans les villes principales. L'on voit malgré l'expérience qu'on a d'être souvent trompé par cette nation, que l'apas du bon marché leur procure toujours de nouvelles dupes, et qu'il font une consommation considérable de marchandises, tandis que nos marchands font presque rien. On n'ignore pas les moyens que les juifs mettent en pratique pour pouvoir donner leurs marchandises à bas prix, c'est d'acheter ce qu'il y a de rébus et qui se trouve fabriqué en contravention des reglemens, c'est de receler les vols qui sont faits soit par des facteurs, soit par des fils de famille ; c'est en achetant à la veille d'une faillite, en fraude des créanciers ; moyens auxquels ils ont leur esprit continuellemt tendu, et qui ne sont pas moins préjudiciables au commerce qu'au public, enfin le commerce que cette nation feroit dans le royaume de quelque espèce qu'il soit, de quel coslé qu'on voulut l'envisager, ne sauroit être d'aucune utilité à l'État. » 25 avril 1740 ; - de l'intendant, pour contredire les observations présentées dans la lettre précédente : « Je scay que les juifs débitent, aux foires qui se tiennent en différents lieux de cette province, une assez grande quantité d'étoffes de soye, et autres de toutes espèces, particulièrement pour les habillements des femmes, et ce n'est pas d'aujourd'hui que les marchands de Montpellier s'en sont plaints ; mais j'ay peine à croire qu'ils ayent aucun établissement fixe ; je n'ay jamais permis ces sortes d'établissemens et j'ay même donné aux marchants, toutes les fois qu'ils m'ont porté quelques plaintes, un commissaire pour aller faire avec leurs sindics des visites dans les maisons ou ils soubçonnoient que les marchandises des juifs étoient déposées, sans que toutes les recherches qu'ils y ont pu faire ayent jamais pu leur procurer la moindre découverte. Les marchands feroient mieux de les observer de près, pour tacher de les surprendre en contravention, que d'attendre à s'en plaindre vaguement. Quant au commerce que les juifs font dans les foires et marchés, je n'ay véritablement pas cru devoir defferer aux représentations que les marchands m'ont faites à cet égard, parce qu'il m'a paru, lorsque j'arrivai dans la province, que la fréquentation des foires leur y etoit permise. Il est vrai que la débite que font les juifs de leurs marchandises dans ces foires, est devenu depuis quelques années assez considérable, particulièrement pour les habits de femmes, qui attendent le temps des foires pour se pourvoir des étoffes de toutes les saisons qui leur sont nécessaires, mais il est vray aussy que les marchands de Montpellier sont la plus part du tems si mal assortis, et tiennent leurs etoffes a des prix si excessifs que quoy qu'ils disent sur la mauvaise qualité de celles que portent les juifs dans les foires, elles valent mieux par les prix auxquels ils les vendent, que celles qu'on trouve dans les boutiques des marchands ; ils en ont au surplus de toutes qualités et a tout prix ; je n'ay d'ailleurs pas ouy dire qu'ils en portassent qui ne fussent point marquées des plombs de fabrique, sans lesquels il seroit aisé de les faire saisir, lorsqu'ils les exposent en vente et il y a par conséquent tout lieu de croire que c'est la différence du peu de profit auquel ils se réduisent, a l'excessive cherté des prix que les marchands mettent a leurs étoffes, qui à déterminé le public a se pourvoir dans ces foires, plutost que donner des commissions a Lyon, d'où on est souvent obligé de faire venir les étoffes dont on a besoin, tant par rapport aux assortiments qu'on ne trouve point à Montpellier tels qu'on les désire, que par rapport a l'avantage considérable qu'on y trouve. Ainsy je suis persuadé que le commerce des juifs dans les foires, ou le bon marché, ou les facilités qu'ils donnent aux acquéreurs, augmentent encore leur débit, fait moins de tort aux marchands de Montpellier que leur peu d'attention pour le service du public et leurs volontés déterminées pour de trop grands profits ; je le leur ay dit moy même dans toutes les occasions ou ils m'ont fait des représentations contre le commerce des juifs ; mais je n'ay pas reussy a le leur persuader ; » 31 mai 1740 ; - du contrôleur-général Orry, demandant des explications sur un mémoire par lequel Jobart, inspecteur des manufactures, se plaint qu'aux deux foires annuelles du Pont-Juvenal, à Montpellier, des négociants juifs viennent vendre en concurrence avec les marchands de cette ville, et que le seigneur du Pont-Juvenal « loge dans son château ces négociants... lesquels se retirent ensuite, après avoir fait leurs ventes, à Nice, à Avignon ou ailleurs ; » 10 octobre 1740 ; - de l'intendant, en réponse aux questions du ministre : « Les juifs n'ont eu, depuis plus de dix ans, aucun établissement fixe ni à Montpellier, ni dans aucun lieu de cette province. Il n'est vray que les juifs ne portent à ces foires, comme les marchands le prétendent, que des étoffes défectueuses, mais pour leur donner a cet égard une satisfaction qui m'a paru ne pouvoir être qu'utile au bien même du commerce, j'ai profité de l'occasion de la dernière foire qui vient de se tenir au Pont-Juvenal pour faire visiter toutes leurs marchandises ; je chargeay le jour même de l'ouverture de cette foire le sieur Godinol, inspecteur, et les jurés gardes des marchands, d'aller faire cette visitte et de saisir tout ce qu'ils trouveroient de mauvaise qualité ; comme on ne s'y attendoit point, leur transport excita quelques mouvemens, et je fus même obligé de rendre une ordonnance très rigoureuse contre les juifs, quoy qu'ils me parussent avoir moins de part que le public à la résistance que les jurés gardes et l'inspecteur avoient trouvées ; mais cette résistance n'eut pas de longues suittes, et je renvoyai des le lendemain matin, sur la demande des juifs mêmes, l'inspecteur et les jurés gardes au Pont-Juvenal, ou ils ont fait la visite de toutes leurs marchandises. Le seul deffaut qu'ils ayent trouvé a été la marque du plomb de contrôle a une grande partie des étoffes, pour raison de quoy, ils n'ont eux mêmes pas cru qu'il y eut lieu de leur déclarer la saisie, parce que toutes les pièces munies au surplus des plombs de fabrique leur ont paru d'assez bonne qualité dans leurs espèces, en sorte qu'il n'a été trouvé que trois pièces de satin défectueuses qu'ils ont saisies. On ne peut pas disconvenir que le commerce des juifs ne prive les marchands d'une partie des profits qu'ils feroient sur la vente de leurs marchandises ; mais il est vray de dire en même tems que leur concurrence est avantageuse au public, et ne peut nuire ny au fond du commerce, ny au bien de nos fabriques, des qu'ils ne porteront que des marchandises marquées et de bonne qualité, à quoi il est facile de tenir la main, par des visites pareilles a celles que je viens de faire faire au Pont-Juvenal, et je ne suis pas fort touché de l'allégation des marchands sur le tort que peuvent faire les juifs au bien général du royaume en faisant passer leurs fonds dans les pays étrangers ; des qu'ils ne pourront vendre que des marchandises permises et marquées, il faut bien que leurs fonds retournent à nos fabriques, et ils n'emporteroient tout au plus que leurs bénéfices ; quoi qu'il en soit, je ne puis que m'en remettre sur cette question intéressante pour le bien général du commerce a ce que vous jugerez a propos d'en décider, et si vous déterminez qu'il convienne de défendre absolument aux juifs tout commerce dans les foires de cette province, j'exécuterai les ordres qu'il vous plaira de m'adresser. J'aurai même l'honneur de vous envoyer, si vous le souhaités, un projet de l'arrêt qui sera nécessaire pour leur faire ces défenses. » 11 novembre 1740. - Procès-verbal de Godinot, inspecteur des manufactures, rendant compte de sa descente à la foire du Pont-Juvenal pour inspecter les marchandises apportées par les juifs Abraham Cascassonne, Joannas Valabrégues, Salomon Dalpuget, David Roger, Lange, Joseph et Élie de Saint-Paul. Abraham et Moïse Lange et Joseph Astruc : « Étant entrés dans le château du seigneur et montés dans la chambre du premier étage avons trouvé dans la première un marchand juif qui a refusé de dire son nom ; en procédant a la dite visite avons trouvé plusieurs pièces estoffes de soye, damas, droguez, et gros de Tours, or et argent, et autres ; nous en aurions mis plusieurs pièces à part les ayant trouvées deffectueuses, tant dans leur qualité que par la marque de plomb de fabrique et de contrôle, lesquelles ayant voulu saisir, le dit marchand si est opposé et nous a enlevé les dites pièces, sur quoi le sieur Lafabrie, agent du seigneur, estant surveneu auroit fait emporter les dittes pièces, et nous a demandé de lui exhiber les ordres en vertu desquels nous prossédions à la dite visite ; sur quoi nous lui avons répondu que c'estoit en verteu de notre commission d'inspecteur et des ordres exprès de Monseigneur l'intendant, nonobstant quoi le dit Lafabrie s'est opposé a notre dite visite, qu'ayant voulu continuer il s'est presenté une garde de soldats qui estoit postée aux portes et aveneues du château, à laquelle ayant demandé main forte en vertu de notre commission, nous auraient répondu qu'il n'avoit d'ordres à recevoir que du sieur Lafabrie et nous auroient obligés de nous retirer avec menace. De tout quoi, nous aurions esté porter tout de suite nos plaintes a mon dit seigneur l'intendant ; sur quoi le dit sieur Lafabrie y estant. survenu, mon dit seigneur l'intendant auroit desaprouvé sa conduitte, lui auroit confirmé l'ordre qu'il nous avait donné pour faire la ditte visitte et lui auroit enjoint de nous donner pour ce toutes les facilités nécessaires ; ensuite de quoi estant sortis de chez Monseigneur de Bernage, pour retourner a la dite foire avec le sieur Lafabrie, a l'effet de notre commission, le dit sieur Lafabrie se seroit d'abord séparé de nous et ayant hatté le pas seroit monté à cheval devant l'Hôpital royal, et ayant pris la course vers le Pont-Jouvenal, il nous y a devancé ; et ayant continué notre route nous nous sommes randeus au Pont-Jouvenal ou nous avons trouvé les portes du château ou estoient les dites marchandises fermées, plusieurs personnes nous ayant assurés que ledit Lafabrie estoit entré depuis peu dans ledit château, et qu'il en avait fait fermer les portes ; sur quoi ayant cherché le moyen d'entrer dans le dit château, nous n'avons pas pu le faire, ayant trouvé toutes les portes fermées, auxquelles nous avons frappé long temps inutilement par différentes fois, après quoi nous nous sommes retirés. » 2 novembre 1740. - Pièces de procédure, requêtes des jurés-gardes, procès-verbaux de l'inspecteur Godinot, relatifs aux suites de la précédente affaire. Novembre 1740. - Lettre du contrôleur-général, contenant ses remarques sur les nouvelles plaintes que vient de lui adresser la Chambre de commerce de Montpellier, au sujet du commerce des juifs dans les foires de la province. Il trouve un inconvénient à interdire à ceux-ci l'accès des foires et la vente qu'ils y font des étoffes et marchandises : « Ils sont en possession de venir aux foires du Languedoc de tout temps ; et leur possession est bien établie. Les foires du Languedoc sont considérables ; si les juifs en étoient exclus, je suis persuadé que cela procurerait un vuide, dont les fabriques recevraient peut être un préjudice considérable, ainsi je crois qu'il est du bien du commerce de rien innover, de laisser les juifs dans la possession ou ils sont, sans leur donner cependant aucun titre qui les autorise, et de se borner dans le temps des foires a les faire surveiller. Je ne pense pas de même sur les foires qui se tiennent deux fois l'année au Pont-Juvenal, dans le voisinage de Montpellier. L'on m'a assuré que ce n'est que depuis quelques années que l'on y vend des étoffes, et que ces foires n'ont été établies que pour la vente des bestiaux ; c'est un fait que je vous prie de vérifier. Je comprends le préjudice que reçoivent les marchands de Montpellier, je scay qu'ils n'ont jamais les assortiments que le public devrait tr uver chez eux, et qu'ils vendent d'ailleurs a des prix excessifs, que l'on peut appeller usuraires. Il y en a parmi eux qui achètent à Paris et a Lyon des galons d'or et d'argent poids de marc, et ne se font point de scrupule de les vendre a Montpellier le même prix poids de table, en y augmentant 10 pour cent ; ainsi il n'est pas étonnant que le public évite de s'adresser à eux pour toutes les marchandises dont il peut avoir besoin. Si cette avidité de leur part continue, les juifs seront autorisés à vendre aux foires du Pont-Juvenal. Les marchands de Montpellier ne pourront espérer d'être écoutés dans leurs représentations a cet égard, qu'autant qu'ils se feront un devoir d'être bien assortis, et se contenteront d'un profit légitime. » 2 décembre 1740. - Lettres du marquis de Grave, par lesquelles il proteste contre l'opposition que les marchands de Montpellier font aux privilèges dont il jouit comme propriétaire des foires du Pont-Juvenal. Il est nouvellement marié, et n'a pu se rendre à Montpellier pour s'entendre avec l'intendant : « La maison de Montmorency est cy etandue que cela, joint avec celle des Matignons et ce que j'ay en mon particulier de parents, a esté cause que tout Paris est venu chez moi et qu'il ma falu remplir bien des devoirs dont je ne suis pas encore quitte, madame de Grave étant tombée malade ; son caractère et ses manières me font espérer que vous ne serés pas fâché de la cognoistre et que vous lui accorderés vostre amitié... Il n'y a nulle difficulté, que ma foire ne soit revêtue de toutes les prérogatives des autres foires et que les juifs allant aux autres foires l'on ne peut les empêcher d'aller a la mienne, et il y a plus c'est que mes lettres patentes expriment que ces foires sont établies pour le bien public ; il n'y a qu'a lire et l'on voit que c'est la le cents des lettres patentes de 1675 et 1718, que le roi l'a toujours entendu de même et est-til permis ensuite a des marchands, qui vollent le public toute l'année, d'en imposer au roi contre la teneur des titres ; suivant mon droit l'on fait afficher depuis plus de cinquante ans par des imprimés ma foire deux fois par an : qu'elle devienne plus ou moins considérable cela ne change et ne doit rien changer aux droits que j'ai et que je suis en état de soutenir par mes titres que j'ai, en échange des dépenses immenses qui ont été faites pour construire un ouvrage qui a fait devenir la ville de Montpellier ce qu'elle est, puisqu'il n'y a qu'a comparer la richesse de cette ville et des habitants qui l'habitent avec ce qu'elle était avant la construction de mon canal et examiner si toutes les plus grandes fortunes de Montpellier les plus solides n'ont pas pris leur source et leur origine par la facilité de commercer par mon canal depuis qu'il est fait et si Montpellier seroit une ville d'entrepôt et pour ainsi dire de magasin pour tout le Bas-Languedoc s'il n'y avait des gens riches qui par la communication de cette ville avec la mer par eau ont pu placer dans des temps commodes et choisis leur argent en denrées ou marchandises.... j'ai demandé à M. le controleur-general ci les juifs alloient aux foires en Languedoc. Il m'a esté répondu qu'ils en avoint la permission par tolérence. Lorsque l'on la leur ostera pour Beaucaire et les autres foires de la province je n'aurai rien a dire, mais citost que mes foires sont a l'instar de toutes les autres foires l'on pouroit faire aucune distinction de la mienne sans aller contre la teneur de mes lettres patentes. » 29 janvier et 4 mars 1741. - Mémoire du même contre les marchands de Montpellier : « Il est notoire que Messieurs de Basville et de Bernage, intendants de Languedoc, ont souvent honoré de leurs présence ces foires depuis 1675, et que l'ouverture s'en fait par le juge et autres officiers du marquisat de Solas avec la publication et affiches imprimées ; le marquis de Grave a un motif très pressant de suplier Sa Majesté d'imposer silence aux marchands de Montpellier sous les peines que méritent ceux qui veulent surprendre la religion de Sa Majesté pour troubler la tranquilité publique. » Mars 1741. - Lettre de l'intendant appuyant les revendications du marquis de Grave, comme justes et fondées et défendant les juifs contre toutes les attaques des marchands : « Il se pourroit, en suposant que M. de Grave voulut bien s'y prêter, que les juifs laissassent dans quelque chambre ou magasin de sa maison, comme ils peuvent le faire partout ailleurs, les marchandises qu'ils n'auroient pas osé étaler, ou n'auroient pas pu vendre pendant le temps des foires, pour les débiter ensuite aux habitants de Montpellier pendant le cours de l'année, mais on peut répondre, en premier lieu, que si ce sont des marchandises permises, marquées et de la bonne qualité, ils n'ont pas besoin de prendre cette précaution pour les débiter en fraude dans Montpellier pendant le courant de l'année, tandis qu'on sait qu'il y a quelques marchands qui prennent eux-mêmes des marchandises que les juifs leurs remettent ou leur envoyent, et qu'ils les vendent par commission, sans qu'il leur soit donné aucun empêchement par le corps des marchands qui, soit qu'ils ignorent, ou qu'ils fassent semblant d'ignorer que ces marchandises proviennent des juifs, n'inquiètent et ne pourroient peut être que dificilement inquiéter ceux qui les vendent publiquement, comme marchandises a eux appartenant, parce que leur inscription sur le registre des marchands, et la contribution aux charges et dettes du corps, dans les répartitions desquelles on les comprend, les mettent en droit d'avoir un magasin et vendre publiquement toutes les marchandises permises, en sorte qu'il est aisé aux juifs d'avoir des commissionnaires dans Montpellier, et de faire vendre par commission pour leur compte en faisant inscrire leurs commissionnaires sur le registre des marchands, et leur fournissant les sommes pour lesquelles on les comprend dans les répartitions du corps, ainsi il n'y a pas lieu de croire que les juifs s'exposent a la confiscation des marchandises qu'ils voudroient laisser cachées pour les vendre en fraude dans le courant de l'année, pendant qu'ils ont un meilleur moyen et plus sur, auquel il n'y auroit que le seul corps des marchands qui pût remédier, en n'admettant point par avarice toute sorte de gens dans leur corps lorsqu'on ne les connaît pas assés aisés pour pouvoir commencer pour leur propre compte ; et en second lieu si ce sont des marchandises défectueuses, non marquées, ou prohibées, elles sont dans tous les temps, comme pendant ceux des foires, saisissables partout ou elles peuvent être trouvées : on ne peut qu'en faire la recherche avec exactitude, et si l'on pouvait soupçonner qu'il y en eut de cachées dans la maison de monsieur de Grave, même hors le temps des foires, les jurés gardes des marchands peuvent en tous temps demander qu'il leur soit permis d'y faire, comme partout ailleurs, toutes les recherches qu'ils jugeront nécessaires ; » 6 mars 1741. - Correspondance : du contrôleur général avec l'intendant relative au projet qu'aurait le Conseil d'État de faire un règlement général pour les foires, afin d'arrêter dans tout, le royaume les plaintes que suscite la présence dans ces marchés des marchands juifs et dans d'autres temps le commerce des marchands colporteurs. L'intendant fait remarquer que le motif de l'établissement des foires a été d'attirer l'étranger et qu'il vient des marchands de toutes les parties de l'Europe aux foires de Beaucaire, Bordeaux, Guibray et autres, ce qui indique que les marchands juifs n'en peuvent être exclus. Le ministre fait connaître que le Conseil : « après avoir pris les avis de la plus part de Mrs les intendants qui les ont envoyez, et celui des députés du commerce, il a décidé, sans qu'il fut besoin d'arrêt que l'on laisserait aux juifs la liberté qu'ils ont toujours eu de fréquenter les foires, conformément aux usages qui s'observent dans chaque généralité ; » mars septembre 1741 ; - entre l'intendant et les inspecteurs des manufactures, concernant les visites que ceux-ci devront faire dorénavant aux diverses foires pour vérifier la qualité et l'origine des marchandises apportées par les juifs. Novembre 1741. - Procès-verbaux des opérations faites par Godinot, inspecteur des manufactures, pendant ses visites aux foires du Pont-Juvenal à Montpellier, d'avril 1741 à novembre 1744 ; en avril 1741 Lange frères et Puget déclarent 400 pièces ou coupons ; Saint-Paul cadet et Lange, 180 ; Joseph Saint-Paul, 150 ; Jonas et Salomon, 250 ; Abraham Roger et neveux, 600 ; Mardochée Saint-Paul, 250 ; en novembre 1744, les déclarations portent les quantités suivantes : Abraham Roger et neveu, 300 pièces ; Saint-Paul cadet, 250 ; Jonas et Salomon, 269 ; Lange, 100 ; Puget, Astruc et Lange frères, 220.

Cote :

C 2745

Inventaire d'archives :

Intendance de Languedoc

Description physique :

Liasse. - 62 pièces, papier (1 imprimée).

Archives départementales de l'Hérault

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