« Mémoire concernant le droit de subvention de la ville de Lunel en Languedoc » (non signé et s. d.) : - Henry IV ayant accordé, par lettres patentes, à la ville de Lunel « la permission de faire un canal depuis les étangs jusques à la ville, imposa, pour le remboursement des sommes que cette communauté employeroit à cet ouvrage, deux sols six deniers pour chaque minot de sel qui passerait par ce canal, et pareille somme pour charge sur toutes les autres marchandises y passant » ; - « cette communauté fit creuser le canal et le conduisit jusques aux pieds des murs de la ville, suivant le devis qui en avoit été fait ; cet ouvrage, beaucoup plus long qu'on ne l'avoit pensé, obligea cette communauté à des empruns considérables ;... elle s'endetta, pour le finir, de plus de 90 000 livres, dont elle n'a pu s'acquiter qu'en désemparant les biens de ses habitants à ses créanciers, par le département qui fut fait en 1660 » ; - « le creusement de ce canal avoit été bien fait, mais ne luy ayant pas donné assés de largeur et ayant manqué de transporter loin les terres, on fit des francs-bords de quatre à cinq toises de hauteur, sans leur donner même une pente suffisante ; ce qui fut cause que ces terres se détachant, ou par les pluyes ou par leur propre poids, comblèrent certains endroits de ce canal et en rendirent la navigation impossible jusques au port dit de la Pérille, qui est à demi-lieue de Lunel et où les chaussées sont à fleur d'eau du canal » ; - « la communauté, épuisée par ces grandes dépenses et dégoutée d'en faire des nouvelles par ce contre-temps, renvoya à un tems plus favorable pour elle à relever les terres qui étoient tombées dans le canal » ; - « le canal a demeuré dans cet état » ; - « cette communauté a fait cette dépense de 90 000 livres sans en avoir jamais été indemnisée par la levée des droits » ; - en 1693, Louis XIV, « pour en indemniser en partie cette communauté, qui luy offrit en même tems d'abonner à perpétuité pour 18 000 livres les lods et cens que Sa Majesté avoit dans cette ville, accorda à cette communauté, pour 13 années, une subvention, non seulement sur les denrées qui se consommoient dans la ville, mais encore sur une partie des marchandises passant par ce canal, subvention dont l'espèce et les droits sont différens de toutes celles du royaume » ; - prorogations de cette subvention (1699, etc.) ; - en 1727 et 1728, opposition de la Chambre du Commerce à la continuation de cette subvention ; - « droit de subvention sur les marchandises passant sur le canal par transit » ; - « cette communauté n'a jamais été si misérable ; elle n'a jamais été si endétée » ; -en 1714, « résolution de faire recreuser le canal jusques à la ville » ; - « il se trouva des entrepreneurs auxquels, par arrêt du Conseil de l'année 1718, le bail fut passé » ; - modération des droits de canal fixés par Henry IV ; - « ce canal, qui rend la ville de Lunel, où il aboutit, le magazin de la plus grande partie du bas Languedoc, Sévènes, Rouergue, Velay et Gévaudan, a donné occasion aux habitans de cette ville de s'adonner au commerce, qui y étoit presque inconnu auparavant, et a par conséquent diminué celuy de plusieurs de ces Messieurs les opposans, qui veulent à leur tour le faire tomber » ; - « le commerce de cette ville consiste particulièrement en grains, venant du haut Languedoc ou du Levant, quand cette province a le malheur d'en manquer » ; - « la grande raison de Mrs de la Chambre [du Commerce], et après eux, de monsieur le sindic de la Province, est que ce droit sur les marchandises passant simplement par transit par le canal, est plutôt un péage qu'une subvention »