Document d'archives : Commerce des grains. - Correspondance de l'intendant relative à la situation des villes du Languedoc. - La Grasse. Lettre de...

Titre :

Commerce des grains. - Correspondance de l'intendant relative à la situation des villes du Languedoc. - La Grasse. Lettre de Ciceron, lieutenant de juge, viguier de l'abbaye de La Grasse, contenant des renseignements sur le commerce de la boulangerie, que chacun veut exercer lorsque les grains sont abondants et que tout le monde abandonne dès qu'il y a pénurie. Il indique les moyens qu'il a pris pour remédier à cet état de choses qui menaçait de produire des désordres. 28 septembre 1789. - Largentière. Lettre du chevalier de Vinézac signalant le passage d'un grand nombre de prisonniers. Le 8 septembre on a amené deux frères « du fameux De Goût, qui venoient de commettre un assassinat ; l'on donne actuellement une fameuse chasse à ce frère, chef des bandits du pays ; il sera bien adroit, s'il échappe. » 10 septembre 1789. - Lavaur. Lettres de Pontier-Laprade relatives à un Te Deum chanté le 26 juillet et à des désordres occasionnés par le haut prix des grains. 30 juillet-10 août 1739 - Le Puy. Lettres du subdélégué à l'intendant et de celui-ci à Necker, relatives à la situation du Velay et à de récentes émeutes. 16-21 avril 1789. - Limoux. Lettres de Ribes, subdélégué, par lesquelles : il demande la suspension momentanée du droit de coupe appartenant au roi et qui consiste dans la perception en nature de la 32me partie de tous les grains qu'on porte au marché ; 7 janvier 1789 ; - il fournit des renseignements sur l'état des réserves de blé à Caudiès et environs. 11 février 1789 ; - il critique un mémoire anonyme adressé à l'intendant : « il est faux que la disète de nos marchés provienne de la prétendue vengeance des nobles contre le tiers-état ou menu public, et plus faux encore que cette prétendue vengeance prenne sa source dans l'égalité de contribution que le Roi a déclaré devoir être le principe de toute administration juste et paternelle, puisqu'il n'existe dans le diocèse de Limoux qu'un seul gentilhomme, le sieur de Casteras de Villemartin, que cette égalité puisse grever et que ce gentilhomme, toujours pressé par ses créanciers, a vendu tous ses grains depuis longtemps. S'il existe quelques aprovisionnemens dans le diocèse de Limoux, c'est moins chez les seigneurs que chez les gros cultivateurs roturiers et chez les fermiers ; » 2 mars 1789 ; - il s'oppose à l'ouverture d'ateliers de charité : « Il suffit de 75 livres par jour pour apaiser environ 1200 pauvres, tandis que 600 livres suffiraient à peine pour faire travailler le même nombre. » 22 avril 1789 ; - il envoie le récit d'une émeute au cours de laquelle les séditieux ont pénétré dans les maisons des particuliers pour faire l'inventaire des grains ; 4 mai 1789 ; - il donne des détails sur de nouveaux troubles survenus le 4 mai : « La plus vile populace aiant à sa tête un nommé Pé de Dogue, portefaix, courut au bureau de la Subvention, s'empara des registres, abatit la cheminée et l'escalier, enleva les placards, les portes, les comptoirs, les romaines, et jeta le tout dans la rivière ; de là elle se rendit au bureau de l'équivalent, niais le commis qui en fut instruit à teins sauva les registres ; elle se transporta ensuite au bureau du contrôle, mais elle fut empêchée par la brigade de brûler les papiers ; elle se jeta alors sur le sieur Lespiau, commis, se saisit de lui et le traîna jusques dans la maison du commis préposé à la perception du droit de coupe appartenant au Roi, le força à lui livrer les registres de ce droit et les jeta dans la rivière. A huit heures la patrouille étant assemblée dans l'hôtel de ville, Pé de Dogue entre seul et demande insolemment les clés de la ville, prétendant que c'est à lui à gouverner ; il est arrêté, mis en prison ; la patrouille sort et le calme est rétabli. La patrouille a eu lieu la nuit dernière, elle a arrêté et conduit à la conciergerie deux frères nommés Planques ; les autres chefs et les plus séditieux ont pris la fuite ; » 6 mai 1789 ; - il dénonce le procureur du roi coupable, suivant lui, d'avoir mis en liberté les sieurs Planque précédemment arrêtés pour sévices : « Nous avons formé un régiment bourgeois de 300 hommes d'élite pour patrouiller tant au dedans qu'au dehors ; » 6 mai 1789 ; - il rassure l'intendant contre le prétendu danger des accaparements : « le peuple est ici dans les mêmes principes que dans le reste du royaume et il est déterminé à faire une prompte justice des spéculateurs. » 3 août 1789. - Lodève. Lettre du subdélégué, par laquelle il signale le prix élevé des grains qui d'ailleurs ne manquent pas. 31 mars 1789. - Lunel. Procès-verbal d'une délibération du conseil politique de Lunel contenant : « Que le citoyen honnête qui se dévouait à procurer des grains se voit dans la cruelle alternative ou d'être accusé d'égoisme, s'il prend le parti de l'inaction, ou d'être flétri de la qualification d'accapareur, s'il se livre seulement à des spéculations ordinaires, et dans l'un et l'autre cas est exposé non seulement à être provoqué, insulté, maltraité, mais encore en perdant le fruit de ses travaux à manquer à des engagements sacrés, ceux de l'honneur, mille fois plus précieux que la vie ; que les seules opérations dignes du gouvernement seroient l'encouragement de l'agriculture et la liberté du commerce. En place de vastes et nombreux greniers de ressource et de prévoyance, a dit un auteur anglais, nous avons de vastes plaines ensemencées. Une constante expérience a prouvé que les époques de cherté de grains ont été liées à celles de défaut de liberté de commerce ; cette liberté sera toujours fortement contrebalancée, tant par la concurrence intérieure que par celle des blés étrangers. L'Assemblée a unanimement délibéré : de supplier très respectueusement l'Assemblée nationale de prendre en considération tous les moyens que lui inspirera sa haute sagesse de ranimer l'agriculture par l'activité du commerce, de supprimer toutes les prohibitions et empêchements préjudiciables au commerce intérieur et au commerce réciproque extérieur, et de prendre sous sa puissante protection et sauvegarde le citoyen qui se dévoue à nous procurer la première subsistance ; de supplier encore l'Assemblée nationale de peser si elle doit applaudir aux grandes villes et aux puissantes associations qui se mêlent des approvisionnements de grains ou s'il n'importeroit pas davantage au bien général en protégeant et encourageant le commerce, de lui laisser exclusivement ce soin. » 3 septembre 1789. - Lettre par laquelle Farel, négociant à Lunel, supplie l'intendant d'assurer l'embarquement et la circulation des grains sur le canal. Privé de cette protection le Bas-Languedoc ne pourra s'approvisionner. » 29 septembre 1789. - Mende. Lettres de Blanquet, subdélégué à Mende et de Delhermet, contenant des détails sur la situation du Gévaudan. On y manquera de grains, si la circulation n'est pas rétablie. 11 et 25 octobre 1789. - Meyrueis. Extrait du procès-verbal des délibérations du conseil politique, contenant demande d'un détachement d'infanterie de 50 hommes avec l'autorisation de former une garde bourgeoise : « Par M. Des Vignolles, premier consul maire de la ville de Meyrueis, et M. Martin, premier consul de la paroisse, a été dit que la ville de Meyrueis se trouve exposée toutes les années à des troubles pendant le temps de la moisson plus de quatre mille étrangers s'y rendent de vingt lieues à la ronde pour couper les bleds et dans le nombre se réunissent presque tous les malfaiteurs de la province ; on y a fait arrêter en différentes fois les plus grands scélérats qui ont été exécutés, il y eut l'année dernière un trouble considérable qui engagea les communautés de suplier monsieur le vicomte de Cambis de vouloir bien leur donner une main forte pour arrêter ce désordre ; il eut la bonté d'envoyer trois brigades de maréchaussée qui remirent le calme, mais si pendant la plus grande tranquillité du royaume Meyrueis a été exposé, que n'a-t-il pas à craindre cette année où les têtes des peuples sont échauffées et ne respirent que sédition ? » 24 mai 1789. - Mirepoix. Lettres par lesquelles Charly, subdélégué, constate l'abondance de grains qui existe dans ce diocèse. Mars-août 1789. - Montech. Lettre du maire pour demander l'autorisation de contraindre les particuliers qui ont du grain en réserve à le livrer aux boulangers au prix courant. 17 juin 1789. - Montréal. Lettre de De Bonnaffos, premier consul maire, donnant les motifs pour lesquels il a augmenté de 3 deniers le prix de la livre de pain. 26 avril 1789. - Narbonne. Lettres par lesquelles le subdélégué donne des renseignements satisfaisants sur les approvisionnements du diocèse. Janvier-juin 1789. - Lettre par laquelle le vicaire-général défend Roger, curé de Soulage, de l'accusation d'avoir cherché à accaparer des blés. 19 juin 1789. - Nîmes. Correspondance entre l'intendant et le baron de Marguerites, maire de Nîmes, relatives aux mesures à prendre pour assurer les approvisionnements et l'organisation de la caisse patriotique. Mars-avril 1789. - Lettres par lesquelles le subdélégué renseigne l'intendant sur l'état des esprits : « M. de Marguerite s'est donné dans cette occasion tous les mouvements qu'on devoit attendre de son zèle et il n'est personne qui n'en parle avec éloge, on le voit même partir avec regret pour les états généraux dans cette circonstance critique, car s'il arrivoit quelque chose personne ne seroit plus propre à apaiser les esprits et à mettre toute l'activité que peuvent exiger certains événements. » 6 avril 1789. - Privas. Lettres de l'intendant, du comte de Périgord et du maire de Privas concernant l'impossibilité où se trouve celte ville de recouvrer des grains, quoique le lieu du Gua où le peuple s'oppose à leur transport soit suffisamment pourvu. Juin-septembre 1789. - Quillan. Lettres des consuls renfermant des nouvelles rassurantes sur l'état de cette communauté. Le pain est abondant. Le marché est nul : on n'y vend pas deux setiers par année. Mai-juin 1789. - Revel. Correspondance entre le maire et l'intendant contenant des détails sur les mesures prises pour assurer la tranquillité publique ; quêtes et établissement de greniers : « Les pauvres étoient réduits à la plus affreuse misère et succomboient. Ils ne pouvoient plus résister à la faim ni au froid. » Avril-juin 1789. - Rieux. Lettres du subdélégué à l'intendant l'informant que les séditieux sont à peu près les maîtres du pays et que la vie de Laboulbène, principal négociant en grains, court les plus grands risques. Juillet-septembre 1789. - Roquemaure. Lettre par laquelle Ysanove, procureur du roi, critique les approvisionnements de grains faits pour le compte des communautés. 17 août 1789. - Saint-Ambroix. Lettres par lesquelles Champetier, maire, demande à l'intendant des grains et farines destinés à être vendus au rabais aux habitants que menace une profonde misère. Avril-octobre 1789. - Lettre du vicomte d'Alet-Montalet portant plainte contre l'administration municipale de Saint-Ambroix qui distribue le blé à des personnes riches et repousse les pauvres : « Je vous prie de vouloir bien faire attention à la requête que vous présentera la paroisse de Meiranes et Montalet et si on accorde quelques indemnités à cette paroisse elle ne tombe que sur les malheureux qui ont été grêlés et non sur la totalité des habitants ; car cette répartition ne tombe ordinairement que sur les riches et le pauvre n'a jamais rien quoiqu'il ait souvent plus perdu que les riches. » 17 mai 1789. - Saint-Esprit. Lettre par laquelle les consuls annoncent que pour assurer l'approvisionnement de la ville ils ont réquisitionné un bateau de blé qui descendait le Rhône. Avril 1789. - Saint-Gaudens. Lettre par laquelle Pégot-Ogier, consul, et ses collègues s'excusent d'avoir taxé arbitrairement les blés exposés en vente au marché de cette ville. Grâce à leur initiative les suites d'une émeute commencée ont pu être prévenues. 1er août 1789. - Saint-Hippolyte. Lettres de Ferrier, directeur des postes, à l'intendant, relatives aux accaparements qui se font à Sommières et à Sauve. Il signale une émeute arrivée le matin même dans cette dernière localité, où un boulanger et Genoulhac, négociant, ont couru de grands dangers. Août 1789. - Saint-Laurent-des-Arbres. Lettres de Bonhomme, maire, rendant compte de l'emploi qu'il a fait d'une somme de 4 000 livres que lui avait prêtée l'intendant pour acheter des grains destinés à l'approvisionnement de la communauté. Février-mars 1789. - Saugues. Procès-verbal de deux délibérations de « l'assemblée des communes de la ville de Saugues » établie pour sauvegarder la sûreté publique et « aviser aux moyens les plus convenables d'assurer à chaque citoyen la protection de tous pour sa personne et ses biens ». 26-31 juillet 1789. - Lettre du subdélégué de Mende relative à la constitution par les habitants de Saugues de l'assemblée ci-dessus mentionnée. Il l'approuve et blâme les magistrats de la ville d'avoir suscité des complots pour faire échouer cette institution : « J'apprends dans ce moment que le sieur De Vergese est accusé d'avoir soulevé le 16 de ce mois un assez grand nombre de gens de la lie du peuple qui se disposait à mettre le feu aux maisons des membres du comité, que ceux-cy et leurs parens et consorts au nombre d'environ soixante s'armèrent et prêtèrent serment entre eux de massacrer tout ce qui pourroit se prêter à cette abominable exécution, que cette résolution arrêta les mutins ; qu'il a été fait des perquisitions qu'on a insérées dans un verbal qui a été dressé et qui a été envoyé à l'assemblée nationnalle ». 26 août 1789. - Toulouse. Lettre des capitouls contenant des renseignements sur les troubles occasionnés par la cherté du blé au marché de cette ville et notamment le meurtre tenté contre Pouget, marchand en grains, qu'on accusait de monopole : « Voilà pourtant le résultat de cet enthousiasme qui est passé de la capitale dans les provinces et qui partout produit de si grands maux. D'abord on ne fit qu'arborer des cocardes, signal de la révolte et de l'indépendance, ensuite nous vîmes tout à coup une foule de jeunes gens sous les armes, qui cependant n'avaient pas de mauvais desseins et dont toutes les entreprises se sont bornées à délivrer les prisonniers des gabelles ; mais cet exemple de licence et d'insubordination étant devenu contagieux, la canaille en a profité pour braver l'autorité et pour secouer toute espèce d'obéissance. Les nouvelles de Paris sur la défection des troupes nous avait fait regarder tout au moins comme suspect l'usage que nous pourrions faire des cent dragons qui nous ont été envoyés ; mais sur les assurances que vient de nous donner leur commandant nous les employerons à soutenir notre garde et peut être tout cet appareil dissipera-t-il le trouble. » 29 juillet 1789. - Correspondance entre les mêmes, l'intendant, le subdélégué de Toulouse et Pin, directeur du canal royal, relative à la situation du commerce des grains entravé par des révoltes continuelles et des craintes de pillage. 29 juillet-19 septembre 1789. - Vabre, diocèse de Castres. Lettre par laquelle les consuls informent l'intendant que la tranquillité troublée partout est complète dans la ville, que les divers impôts ont été payés sans réclamation et le seront dans l'avenir : « Tous nos habitants sont pleinement convaincus que l'État ne peut se soutenir que par un paiement exact des impôts et que nous avons tous le plus grand intérêt à concourir par ce moyen au maintien de l'ordre et de la prospérité publique ». Ils exposent en outre que les approvisionnements sont impossibles par suite de l'empêchement qu'opposent les villes voisines à céder de leurs grains et sollicitent des secours. 4 octobre 1789. - Villeneuve-les-Avignon. Lettre : des consuls pour demander l'autorisation de contracter un emprunt destiné à constituer une caisse de secours. Ils font connaître que la situation est troublée et parlent d'une émeute survenue le 29 précédent ; 31 mars 1789 ; - du viguier de la même ville, relative à des actes d'insubordination des habitants d'Avignon que ceux de Villeneuve ont voulu imiter. 27 mai 1789. - Jugement de la congrégation criminelle de la légation d'Avignon qui condamne certains habitants de celte ville à demander pardon aux consuls « des actes de mépris et dérision par eux faits au consulat ». 15 mai 1789.

Cote :

C 2927

Inventaire d'archives :

Intendance de Languedoc

Description physique :

Liasse. - 198 pièces, papier (2 imprimées).

Archives départementales de l'Hérault

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