Document d'archives : Papiers personnels de Denise Bourgois, assistante sociale du camp de Bias,

Contenu :

Présentation du contenu
- Correspondance active (copies) de Denise Bourgois, - Tapuscrit du livre du docteur Jammes Médecin des Harkis au camp de Bias, 1970-1999. - Bulletin de l'association France-Algérie, n° 13 (s.d.) et n° 20 (décembre 1967). - Travail de recherche dactylographié de Salah ABID intitulé Bias, un camp de Harkis, une communauté de destin en Vallée du Lot, juillet 2012, 111 p. - Album photos du camp de Bias (dont certaines produites par Ray Delvert) complété par des légendes, annotations et coupures de presse, 1968-1971 et 2008-2011 pour les cérémonies de la journée nationale des Harkis. -Documentation comprenant : affichette de l'exposition Le Lot-et-Garonne à l'heure des accords d'Évian aux Archives départementales en 2012 ; dessin d'enfant non identifié ni daté ; coupures de presse sur l'association Génération Harkis, sur la parution d'un livre de Fatima Besnaci-Lancou avec organisation de rencontre-débat et correspondance critique autour de ce livre et d'autres ouvrages, sur la parution du livre de Dalila Kerchouche Mon père ce Harki, sur le conseil représentatif des Harkis ; présentation dactylographiée d'un projet de mémorial harki en Lot-et-Garonne, s.d. ; revue Les chemins de mémoire n° 238, septembre 2013 sur Les harkis, histoire d'une reconnaissance ; programme d'un voyage organisé par la revue La vie à l'occasion du cinquantenaire de fin de la guerre d'Algérie, 2012 ; programme du salon du livre de Villeneuve-sur-Lot édition 2007 au cours duquel les harkis ont été mis à l'honneur (2003-2012). - Mémoire de master de Aude Lanoizelez, La cité d'accueil de rapatriés algériens (CARA) de Bias, du camp au ghetto : socio-histoire d'un lieu d'hébergement de Harkis oubliés (1963-2000), 2008, annoté par Denise Bourgois. - Texte d'une communication faite par Katia Khemache à Perpignan en 2011 sur le thème : En finir avec la guerre d'Algérie, les sorties de guerre tragiques des harkis au cours de l'année 1962 ; brouillon de lettre de Mme Bourgois (destinataire non identifié), 8 mai 2011. - Suivi des familles issues du camp de Bias et notamment de Mohamed Bellhacene dit Jeannot : correspondance, photographies, copie d'acte de décès, rapport social, compte rendu d'examens psychologiques, certificat médical ; familles Saci, Cherif, Allali, Rafa, Bouzaboun, Bouhedi, Gacem : attestations, correspondance, notes manuscrites (1994-2014). - Dossier sur le carré des célibataires au cimetière de Bias, réhabilitation : copie d'article de la revue Ancrage, plan du carré musulman du cimetière annoté, notes manuscrites sur la genèse et l'avancée du projet, correspondance, dépliant du Souvenir français, journal de bord des démarches effectuées, tableau nominatif, photocopie du témoignage du docteur Maupomé sur la situation sanitaire des Harkis du camp de Bias et du père André Merlet (prêtre ouvrier ayant co-fondé l'atelier ergothérapique avec les médecins du centre hospitalier psychiatrique de la Candélie), photographie des enfants de l'école maternelle du camp, notes historiques de Mme Bourgois sur le camp de Bias et les Harkis (1987-2018). - Notes manuscrites portant l'intitulé « qui sont les harkis ? » (peut-être brouillon d'une communication donnée ou rapport à l'équipe médico-sociale d'hygiène mentale infantile), copie de lettres envoyées par Denise Bourgois à Boussad Azni, Dalila Kerchouche, Joël Combres, au docteur Patrick Jammes, Fatima Besnaci-Lencou, Aude Lanoizelez, Jean-Claude Guillebaud (du journal La Vie), Jacques Duquesne, Mohand Méziane, coupure de presse, programme d'une pièce de théâtre sur les harkis, notes sur la journée d'hommage aux harkis (2003-2017).
Résumé: Denise Bourgois conservait scrupuleusement tout ce qui concernait la question des harkis. Les documents contenus dans ce petit fonds en constituent une partie. On trouvera donc ici des études sur le camp de Bias (mémoires de fin d'études) ainsi que des coupures de presse et un album photos du camp (parmi lesquelles des photographies de Ray Delvert). Plusieurs petits dossiers sont constitués : l'un sur le salon du livre de Villeneuve-sur-Lot dont le thème était la question des harkis et au cours duquel les joutes verbales entre Denise Bourgois, l'auteure Dalila Kerchouche et d'anciens enfants du CARA ont fait couler de l'encre. En outre, Denise Bourgois tenait à faire entendre son point de vue sur les réalités de vie des harkis en France et notamment à Bias, l'ayant vécu de l'intérieur avec beaucoup d'empathie. Par là même, elle tenait à rétablir la vérité et à croiser les opinions. C'est pourquoi elle a souvent écrit à ceux avec qui elle était en désaccord, conservant en général un brouillon de sa correspondance active. On trouve aussi un dossier de documentation et correspondance dans le cadre des relations avec les familles ayant gardé contact avec elle après la fermeture du camp. Enfin, elle avait constitué un petit dossier sur la réhabilitation des tombes des célibataires du camp à laquelle elle a grandement œuvré et qui constituait pour elle un enjeu important de reconnaissance des personnes ; on y trouve des notes et propositions dans le cadre du suivi de ce projet qui a pris forme en 2018.

Cote :

1 J 1513

Informations sur le producteur :

Origine:
Denise Bourgois
Biographie ou histoire
Denise Bourgois est née en 1926 à Alger, elle est décédée le 23 janvier 2020 à Pont-du-Casse (Lot-et-Garonne). Elle est connue comme l'ancienne assistante sociale du camp de Bias.
Sa famille, originaire des Baléares du côté de son père et de sa mère, s'est installée en Algérie au XIXe siècle. Ses parents sont de condition modeste et souhaitent que leurs enfants (Christiane née en 1923 et Denise née en 1926) soient instruites. Dès le collège, elles apprennent l'arabe. Avec un enseignant, Denise participe à la création d'une bibliothèque dans la casbah d'Alger. Cette expérience l'aide à comprendre les réalités algériennes, l'écart entre autochtones et Européens, et sera déterminante pour sa future carrière. Sa sœur devient institutrice à Alger, elle devient assistante sociale et part en 1948 exercer au Maroc alors sous protectorat français.
C'est d'abord dans une équipe médicale en charge de l'hygiène scolaire et du service social de l'hôpital de Meknès qu'elle s'investit puis dans un centre de protection maternelle et infantile. Elle se marie avec Henri Bourgois, ingénieur agronome affecté au service de modernisation du paysannat, en charge des programmes d'irrigation, des semences et de la vulgarisation des outils agricoles au Maroc.
Les premiers enfants du couple naissent, la famille quitte le Maroc pour rejoindre la France en 1958. Son mari trouve un poste d'ingénieur agricole à Agen. Denise trouve un poste au CAFI (centre d'accueil des Français d'Indochine) : jusqu'en 1961, elle assure le suivi médical des femmes enceintes et des nouveaux nés, cherche des solutions aux problèmes de santé, de travail et d'éducation des enfants.
D'autres enfants naissent (Henri et Denise ont eu sept enfants), elle va se consacrer à eux quelques temps jusqu'à ce que la direction de la Santé publique la rappelle pour prendre un nouveau poste au CARA (centre d'accueil des rapatriés d'Algérie) de Bias. Elle y exerce de 1963 à 1975. Entre temps, Henri était devenu exploitant agricole à Saint-Sylvestre-sur-Lot. Et sa famille rapatriée d'Algérie à l'heure des accords d'Évian. Le camp de Bias est comme un retour sur ses origines mais elle est confrontée aux traumatismes des familles Harki, à leurs difficultés d'intégration. Sa position géographique dans le camp (son bureau était dans le bâtiment de l'administration) pouvait faire naître l'ambigüité auprès de ceux qui ont vilipendé l'administration et la gestion du camp. Elle a en effet été contestée, insultée, par des enfants de Harkis qui l'ont assimilée à l'administration qu'ils condamnaient. Pourtant, Denise Bourgois, surnommée par Joël Combres qui a retracé son parcours de vie dans la revue Ancrage « la Samaritaine de la casbah », a toujours eu à cœur d'aider et soutenir. Elle était aussi infirmière et aurait pu se contenter de soigner les malades au dispensaire du camp mais elle a préféré s'exposer encore plus et être plus utile comme assistante sociale.
En 1975, la révolte gronde, le camp est fermé, Denise Bourgois doit trouver un autre poste. Elle rejoint l'équipe d'hygiène mentale infantile du centre de jour de l'Araucania à Villeneuve-sur-Lot. En 1986, c'est l'heure de la retraite mais on vient encore la chercher pour replonger, bénévolement cette fois, dans la culture arabe en donnant des cours de français aux familles immigrées du Maroc dans le Villeneuvois.
En 2008, elle vient s'installer à Pont-du-Casse auprès d'une de ses filles. On peut dire qu'elle a fait de sa vie un véritable sacerdoce au service des populations en difficultés mais surtout de la cause harki. En 2018, notamment, elle a œuvré pour que les tombes des harkis célibataires non identifiées soient réhabilitées dans le carré musulman du cimetière de Bias. Jusqu'à la fin de sa vie, elle recevait d'anciennes familles de Bias et n'a eu de cesse de les soutenir, de faire connaître leur histoire et de rétablir des vérités sur les harkis.

Informations sur l'acquisition :

Informations sur les modalités d'entrée
Don (avril 2021).
Historique de conservation :
Historique de la conservation
Ce fonds a été donné aux Archives départementales par les enfants de Denise Bourgois quelques mois après son décès, L'ensemble comprenait des ouvrages sur les Harkis dédicacés par leur auteur qui ont été donnés à l'association Ancrage en partage qui édite la revue Ancrage que Denise Bourgois soutenait grandement. Ils sont conservés aux Archives municipales de Villeneuve-sur-Lot où se trouve le fonds patrimonial d'Ancrage. Un ouvrage, Bias ancien / Les amis du moulin de Bias, 2011, est conservé à la bibliothèque historique des Archives départementales de Lot-et-Garonne.
Une petite liasse d'archives du camp proprement dites a été intégrée au reliquat d'archives du camp de Harkis de Bias issu des archives du camp d'Eurasiens de Sainte-Livrade-sur-Lot dont la direction était commune.

Description physique :

Description physique:
Support
Support: Papier
Métrage linéaire
Métrage linéaire: 0,10

Ressources complémentaires :

Sources complémentaires
Sources internes
• 2369 W : reliquat d'archives du camp de Harkis de Bias issu des archives du camp d'Eurasiens de Sainte-Livrade-sur-Lot dont la direction était commune, non classé.
• Direction départementale des renseignements généraux de Lot-et-Garonne : 2312 W 988 : Centre d'accueil des rapatriés d'Algérie de Bias, 1961-1987
o Archives de la préfecture d'Agen
W VRAC CABINET DU PREFET 2117 : - Centres d'hébergement de Bias et Sainte-Livrade-sur-Lot, 1955-1963
W VRAC CABINET DU PREFET 3141 : Centre d'accueil des Français d'Indochine (CAFI) de Sainte-Livrade-sur-Lot, et Centre d'accueil des rapatriés d'Algérie (CARA) à Bias, 1962-1973
W VRAC CABINET DU PREFET 3142 : Centre d'accueil des Français d'Indochine (CAFI) de Sainte-Livrade-sur-Lot et centre d'accueil des rapatriés d'Algérie (CARA), 1967-1971
W VRAC CABINET DU PREFET 3143 : Cités d'accueil de Bias et de Sainte-Livrade, 1962-1972
o Service des rapatriés
2106 W 8-12 : Administration du CARA de Bias, 1969-1999
• Direction des relations avec les collectivités locales et des affaires juridiques
1820 W 121 : Centre d'accueil pour Harkis de Bias, 1966
• Sous-préfecture de Villeneuve-sur-Lot
1525 W 211 : Résorption du centre d'hébergement de Bias (ou « Actions entreprises pour l'éclatement de la cité »), 1976-1980
1525 W 212 : Administration des centres de Bias et de Sainte-Livrade-sur-Lot, 1964-1980
Sources externes
- « La Samaritaine de la casbah » par Joël COMBRES, Ancrage n° 35, octobre 2011
- « AlgérieS », hors-série de la revue Ancrage, avril 2020

Où consulter le document :

Archives départementales du Lot-et-Garonne

Archives départementales du Lot-et-Garonne

Liens