Document d'archives : Explications détaillées de l’ élevage ovin dans les années 1940 par une ancienne bergère de Six-Fours-les-Plages

Contenu :

Annie-Hélène Dufour s'entretient avec une femme, dont les parents eurent un troupeau dans sa jeunesse, et qui fait le récit de leur installation. Ceux-ci étaient d’origine italienne (réfugiés politiques, pour un temps au maquis pendant la seconde guerre mondiale) et vinrent sur le village du Brusc en 1942. L'informatrice raconte le parcours de son père depuis son métier de chauffeur de transports en commun jusqu'à son activité de berger sur le territoire du Brusc, leurs relations avec les autres bergers, leur maison, la difficulté d'apprentissage du métier sur le tas. Quelques détails sur la profession sont donnés : comme la location des terrains agricoles après la luzerne, les espaces de pacages autorisés. Elle explique l’appellation « pré-salé » (pacage sur terres salines), la gestion des « petits troupeaux » (200-300 têtes) en complément d’une activité agricole (jardin, utilisation du fumier). Elle évoque les périodes de sécheresse pendant la guerre et les moyens de subsistance possibles, donne des explications sur la fabrication et la vente des fromages de brebis (à la demande des autorités locales pour nourrir la population pendant la guerre en échange des pacages municipaux), donne des détails sur les aménagements dans la ferme pour entreposer les réserves, les mobiliers de la ferme. Cette rencontre est l'occasion d'évoquer tous les détails sur la profession d'éleveur et les relations établies avec la population : l’emploi de vieux bergers sardes (réfugiés politiques fuyant le fascisme italien), les anciennes estives (de troupeaux et de ruches), les nombreux prés de pâturages sur Six-Fours autrefois, le pacage en échange du fumier pour les champs ou en échange d’un agneau, la litière faite de ramilles de pin, les échanges de béliers d’un troupeau à l’autre pour « changer le sang ». L'informatrice cite des anecdotes pour expliquer la mentalité rurale (le berger qui ne dit pas son nombre de bêtes, les éventuelles oppositions entre berger et travailleur agricole) et donne sa perception de l'image lyrique du berger. L'informatrice se souvient très bien de cette expérience dans sa vie et se livre facilement. Visiblement, malgré les difficultés du métier et de leur initiation vécue dans une période de l'histoire difficile, elle apporte de nombreux détails et commentaires sur ses compétences, la vie d'éleveur (la mise à bas, la vente de la viande et du lait, la tonte). A la demande de l’enquêtrice, l’informatrice essaie de recomposer les grandes périodes annuelles de l’élevage : agnelage d’automne et d’hiver, travaux dans les bergeries, tri des mères et des petits, le fourrage, la période de saillie au printemps, naissances de Pâques, les pacages d’été. Puis, viennent des explications sur la consommation de toutes les parties du mouton (tête, tripes), la gestion de la viande une fois abattue, des avis sur les croyances et les superstitions (animaux qui parlent le soir de Noël, arrêt de travail des femmes pendant leurs menstrues ou leur grossesse, pain et sel dans une maison), les histoires qu’on racontait autrefois aux enfants, les souvenirs de sa mère morte en 1971. En fin d'entretien, l'informatrice donne des explications sur les constructions des maisons autrefois collées les unes aux autres et communiquantes (veillées, bandes de brigands). Le mari de l'informatrice intervient en toute fin de rencontre pour commenter les endroits de lessive des femmes, notamment près des sources.

Cote :

F2511 et F2512

Inventaire d'archives :

Fonds Annie-Hélène Dufour

Conditions d'utilisation :

Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée

Description physique :

Information matérielles :
2 cass
Importance matérielle :
2h 27min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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