Document d'archives : L’élevage des pigeons à la Ferme de Font d’Antige, près de Revest-du-Bion

Contenu :

L'enregistrement d'Yvette Ponzo se déroule dans sa ferme de Font d'Antige, près de Revest-du-Bion. Elle décrit à l'enquêtrice la façon dont on y élevait les pigeons. Il y avait autrefois un pigeonnier dans presque chaque ferme, servant selon elle au "rapport familial". Sa famille élevait depuis longtemps ces oiseaux, ils étaient vendus à un épicier qui se déplaçait exprès pour les acheter. Son beau-père vendait en moyenne 5 à 10 paires par mois de pigeonneaux (les "innocents" de type "biset" (pigeon de village). Cette vente était un véritable complément pour la ferme, expliquant pourquoi ils en possédaient au moins 25 couples. On lui a donné plus tard quelques paires de pigeons "pattus", plus productifs et plus domestiqués. Bien que le "biset" aurait meilleur de goût, le "pattu" rapporte plus d'argent car il est plus gros. Les pigeons étaient élevés avec les poules et étaient nourris d'un mélange de blé et de vesces (légumineuse). Ils faisaient pour cela un peu de culture de vesces à côté des céréales. Ils vivaient en liberté (on ne leur coupait pas les ailes) et buvaient l'eau avec les poules. L'informatrice tuait elle-même les pigeons en les étouffant sous son bras. Ils étaient cuisinés lors des repas de familles. Elle donne alors sa recette : les pigeons sont flambés, vidés (on ne laisse que le foie et les gésiers lardés, puis rôtis dans un fait-tout avec le jus de lentilles. Les vieux pigeons sont cuisinés en civet pour que la viande s'attendrisse : coupés en quatre, avec des oignons, du sel et du poivre, du thym, de la farine, et du vin pour la sauce. Pour les vendre il était nécessaire de bien surveiller leur naissance et de les attraper avant qu'ils ne soient en capacité de voler. Il fallait faire attention à ne toucher ni les œufs, ni les petits. Les pigeons pondaient presque tous les mois, de mars à novembre, assurant un revenu régulier. En effet, le couple de pigeons s'occupe de deux nids à la fois, le premier avec les œufs déjà éclos, et le deuxième où la femelle couve les œufs nouvellement pondus. Les pigeonniers étaient fabriqués par les fermiers et les niches étaient faites de plâtre et étaient nettoyées une fois par an afin de retirer l'amoncellement de fiente. Plus tard elle éleva des pigeons "pattu" et leur avait installé des cagettes suspendus. La colombine (fiente de pigeons) était mélangée avec la fiente des poules et répandue là où poussaient les courges vertes. Les courges vertes ressemblent aux courgettes et sont cuisinées en gratin, en soupe ou en farcis. Il n'existait pas de médicaments pour oiseaux à cette époque, les seuls soins prodigués consistaient à déposer des queues d'oignons dans l'eau de boisson. Cette pratique ancienne était censée soigner tout. A la fin de l'entretien, Yvette Ponzo donne plusieurs mots et expressions relatifs aux pigeons en provençal.
Yvette Ponzo est enregistrée par Laurence Miceli-Nicolas pour l'association Alpes de Lumière au Revest-du-Bion (04)

Cote :

MMSH-PH-4480

Langues :

Quelques mots en langueprovençale

Description physique :

Importance matérielle :
49min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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