Document d'archives : Un médecin évoque l’accompagnement des personnes transgenres et en particulier transmasculines dans sa pratique médicale

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Interrogé en visioconférence, le témoin, médecin, revient sur son parcours professionnel. Il travaille dans un réseau de cabinets médicaux dont il a rejoint l’équipe en 2015. Il a fait ce choix parce que l’accueil des patients était au centre du projet. Après avoir noté qu’il accueillait de plus en plus de patients transgenres, il s’est auto-formé sur leur accompagnement. Pour cela, il s’est associé à un médecin spécialiste, ainsi qu’à des associations (OUTrans et Acceptess-T). Selon lui, deux problématiques majeures se posent au moment de cet accompagnement, qui doit être en capacité de faire abstraction de la transition : celles du suivi médical et de l’accueil. Il accompagne ainsi une cinquantaine de personnes transgenres, soit un quinzième de sa patientèle et échange régulièrement à ce propos au sein de son réseau professionnel. Il aborde ensuite la question des hormonothérapies pour les personnes transmasculines. Non seulement les spécialistes qui les prescrivent ne sont pas toujours sensibilisé·e·s à la prise en charge des personnes transgenres, mais de plus, la solution trop souvent proposée, de les renvoyer vers la SoFECT (renommée depuis Trans-Santé en 2020) est au cœur de controverses. Plus tard dans l’entretien, il aborde l’hormonothérapie dite « sauvage », sans suivi médical, évoquant un exemple précis issu de son expérience qui aurait pu avoir des conséquences graves. Il a connaissance des listes de praticien.ne.s « safe » qui circulent au sein de la communauté transgenre, où il est lui même répertorié. Ayant été victime de maltraitance médicale dans sa jeunesse, et se reconnaissant d'une minorité sexuelle, il a lui-même eu recours à ce type de listes. Interrogé sur son engagement militant, il évoque une ONG où il a travaillé ainsi qu'une association de soutien aux personnes transgenres. Aujourd’hui, il garde le contact avec ce centre, mais se considère plus utile comme médecin, et s’il devait redevenir militant, ce serait pour les travailleurs et travailleuses du sexe (TDS). Il est mal à l’aise à l’idée d’établir un profil de personnes transmasculines, préférant considérer ces personnes comme des patient·e·s ordinaires. Sur la santé sexuelle, son discours est le même pour tou·te·s ses patient·e·s et il est à l’écoute. Néanmoins, il précise qu’il est plus insistant à propos des dépistages d’infections sexuellement transmissibles (IST). On le questionne sur les personnes non-binaires, mais le témoin ne souhaite pas en dresser un profil ; il raconte ses difficultés à se représenter l’identité de genre des personnes non-binaires. En reprenant le sujet de la santé sexuelle des personnes transmasculines, il explique que l’enjeu principal de santé est la détection des IST. Ces personnes sont dotées d’organes sexuels féminins, mais sont souvent trop mal à l’aise pour en parler et solliciter des examens gynécologiques. Le témoin s’est renseigné à ce propos, mais n’a pas considéré que ce soit utile dans sa pratique médicale, préférant faire confiance aux patient·e·s. Enfin, il affirme que la transphobie est le principal obstacle médical pour les personnes transgenres qui ont pu être blessées par de mauvais comportements et ne font plus confiance aux professionnel·le·s de santé. Pour que cette population revienne vers les médecins, le témoin préconise à ses collègues de s’auto-former, d’écouter les associations militantes sur ces questions et d’adopter une posture de dialogue ouvert. La problématique de la santé mentale des personnes qu’il suit est centrale, d’autant plus qu’il considère ne pas avoir tous les outils pour les accompagner : le sujet est rarement abordé, il n’y a pas de formation spécifique ni de réel partage d’expériences et de pratiques. L’entretien se conclut sur ses motivations à répondre à cette enquête, où il affirme l’importance de développer des projets de recherche sur la transidentité. Enfin, il répond au questionnaire socio-démographique de l’enquête.

Cote :

MMSH-PH-7698

Description physique :

Importance matérielle :
1 fichier wav
Dimensions :
Durée : 1h 38min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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