Document d'archives : Commerce avec les colonies : sucres. - Mémoire de l'inspecteur provincial sur les opérations de la foire de Beaucaire en 1731 :...

Titre :

Commerce avec les colonies : sucres. - Mémoire de l'inspecteur provincial sur les opérations de la foire de Beaucaire en 1731 : il a remarqué particulièrement la mauvaise qualité des sucres apportés par les raffineurs de Bordeaux : « Il seroit difficile d'en voir d'une qualité inférieure... ils ont été obligés de les donner à la fin de la foire pour 45 livres le quintal et même au dessous ; je ne crois pas nonobstant cela qu'ils ayent perdu, car la mauvaise qualité les dédommage seurement bien du prix ; mais ils ont fait grand tort aux entrepreneurs de la rafinerie de Cette, dont les sucres très bien travaillés, et aussy parfaits dans leur qualité qu'ils puissent l'être, n'ont pû être vendus ce qu'ils valent ; on les a vendus dans le commencement de la foire 58 livres et on a été obligé de réduire dans la suitte les prix jusqu'à 53 livres, sans quoy ils seroient tous restés ; ors il est constant qu'indépendamment de la perte réelle que cette mévente leurs a causée la qualité des sucres de Bordeaux que le bon marché seul a fait enlever a decrediter nos rafineries au point qu'il ne s'en vendra peut être plus du tout à l'avenir si on n'y remédie ». - Correspondance entre l'intendant et le contrôleur général relativement à la concurrence deloyale que les raffineurs de Bordeaux font en foire de Beaucaire à ceux de Cette. 1732. - Réflexions des directeurs de la chambre de commerce de Guyenne sur la lettre de monsieur l'intendant de Languedoc au sujet du raffinage des sucres. - Lettre du contrôleur général Orry par laquelle il invite l'intendant à faire procéder en foire de Beaucaire à des essais entre les sucres de Cette et de Bordeaux : « Si par la confrontation qui en sera faite avec exactitude, on reconnoit que les sucres de Bordeaux des cinq espèces qui s'y raffinent sont inférieurs en qualité à ceux des mêmes espèces provenant des raffineries de Cette on verra les mesures qu'il conviendra de prendre pour y mettre ordre sans gesner trop ce commerce qui intéresse infiniment celuy de nos colonies ». 3 mai 1732. - Procès-verbal de la visite des sucres destinés à servir d'échantillons aux experts commis par l'intendant pour vérifier cette marchandise en foire de Beaucaire. 1732. - Mémoire des directeurs de la chambre de commerce de Guyenne : relatif aux plaintes qui ont donné lieu à la vérification faite à la foire de Beaucaire en 1732 ; - en réponse aux procès-verbaux dressés pendant ladite foire contre les fabricants raffineurs de Bordeaux : « Quant aux observations que les papiers qui envelopent les pains des sucres de Bordeaux pèsent dé quatre à six onces, au lieu que ceux de Cette et de Beaucaire n'en pèsent que deux, au moyen de quoy les acheteurs de sucre de Bordeaux trouvent une perte réelle sur le poids de six à huit %, les experts auroient dû, du moins, déclarer à ceux qui achètent des sucres aux foires de Beaucaire et qui en font venir de Bordeaux, que les rafineurs de Bordeaux donnent sur chaque cent pesant de sucre en pain, deux pour cent gratis, cela est d'usage depuis que les rafineurs de Bordeaux sont établis, au lieu que les rafineurs de Cette et de Beaucaire vendent le papier et la fisselle au prix du sucre et ne déduisent rien à l'acheteur, en cela ils n'ont pas tout le tort, parce que les rafineurs ne sont pas tenus ni obligés à plier le sucre à leurs dépens, et cette marchandise ne peut pas être transportée sans être pliée dans du papier, ainsy le public n'est pas trompé, parce que si les rafineurs ne trouvoient pas le prix du papier et de la fisselle dans la vente des sucres, ils seroient forcés de les vendre un plus haut prix, ce qui seroit égal, et si les rafineurs de Bordeaux se servent d'un papier plus fort que ceux de Cette, ils sont dans la nécessité de le faire à cause du transport. » - Réponse de l'intendant de Languedoc aux mémoires de la Chambre de Commerce de Guyenne, pour démontrer que les raffineurs de Bordeaux vendent leurs sucres huit pour cent plus cher que ne font les fabricants de Cette, quoique les produits de ces derniers soient d'une qualité supérieure aux sucres de Guyenne. - Instructions remises par l'intendant à de Lagenière, inspecteur des manufactures, relativement à l'examen qu'il doit faire des sucres en foire de Beaucaire. 1733. - Procès-verbaux de la vérification des sucres apportés à ladite foire par les raffineurs de Bordeaux. - Lettres de Jean-Louis Labat, négociant à Beaucaire, à l'intendant, dans laquelle il lui indique les moyens propres à remédiera la mauvaise fabrication des sucres. 29 juillet 1733 ; - du contrôleur-général Orry, à l'intendant, l'invitant à faire revenir les raffineurs de Cette de l'intention où ils sont d'abandonner leur manufacture, ce qu'ils ont résolu de faire à la suite du vote par lequel les États de Languedoc ont refusé de leur conserver une subvention. 26 juin 1732 ; - de l'intendant, en réponse à la lettre précédente, contenant l'historique de la raffinerie de Cette : « La raffinerie n'est établie à Cette que depuis 1717 que les sieurs Gilly frères et compagnie firent avec les États un traitté par lequel ils s'obligèrent de porter pendant 15 ans dans les isles 8 000 quintaux de marchandises du cru de Languedoc, et d'en tirer une pareille quantité de sucre brut qu'ils consommeroient à Cette, à la charge que la province leur payeroit 25 sols par quintal de sucre brut, et 4 000 livres par an pour le loyer des maisons qu'ils seroient obligés d'avoir à Cette et dans les iles. Les conditions de ce traitté ont été exactement remplies jusqu'à la fin de l'année 1731 que le terme en expira ; les entrepreneurs qui pretendoient avoir fait de grosses pertes et qui esperoient de s'en indemniser dans la suite, proposèrent à la dernière assemblée des États, de continuer encore pour 15 ans le traitté de 1717. L'opinion de ne point proroger le traitté l'emporta de quelques voix. Lorsque j'en ay parlé au sieur Gilly, principal intéressé, il m'a positivement assuré qu'après avoir encore refléchy sur leur situation, ils egadoient comme un grand bonheur pour eux que les États eussent rejetté leur proposition ; qu'ils se seroient ruinés si elle avoit été acceptée et qu'ils ne veulent plus absolument reprendre des engagemens aussy onéreux que ceux qu'ils avoient contractés. Je leur ay demandé leurs raisons. Elles roulent sur les pertes considérables qu'ils ont faites, mais principalement sur celles que leur a occasionné l'obligation où ils ont été d'envoyer tous les ans 8 000 quintaux de denrées ou de marchandise du cru de Languedoc dans les isles, où ils n'ont pu faire que des mauvaises affaires depuis 1720. » 20 novembre 1732. - Mémoire des propriétaires de la raffinerie royale de Cette : contenant l'historique de cet établissement : l'auteur du premier projet qui n'eut pas de suites est Colomès, de Toulouse, 1703 ; la première mise de fonds des intéressés dans la manufacture créée en 1717 fut de 560 000 livres ; ils estiment avoir payé en 15 ans pour 300 000 livres de droits de douane et autres : « Cette affaire leur cause réellement plus de 700 000 livres de perte ils ont perdu considé rablement par le naufrage de deux de leurs vaisseaux qui etoient richement chargés, par le pillage d'un autre vais seau qui fut arrêté par des Algériens sous prétexte que son passeport etoit faux, pris sur ceux cy par le vice-amiral holandois a qui ils furent obligés de payer une partie de la valeur et faire de gros frais pour le retirer, et pour plus de cent quarante mille livres de billets de banque et comptes en banque qu'ils se trouvèrent avoir lors de leur discrédit et dont ils n'ont presque rien tiré ; » - exposant les conditions auxquelles ces négociants consentiraient à reprendre l'exploitation de leur manufacture. - Lettre du contrôleur-général à l'intendant l'invitant à examiner les moyens que l'on pourrait mettre en usage pour rétablir la raffinerie de Cette. 5 décembre 1732. - Correspondance et projet de l'intendant sur la reconstitution de cette manufacture d'accord avec les États. 1733. - Lettre : par laquelle les propriétaires de la raffinerie de Cette expriment la crainte de ne pouvoir envoyer de marchandises à la foire de Beaucaire. 12 Avril 1733 ; - du contrôleur-général à l'intendant, pour demander des renseignements sur le remboursement convenu de droits perçus mal à propos sur des marcs achetés par Martin fils, négociant à Béziers. 16 septembre 1743. - Correspondance entre l'intendant, de Joubert, syndic-général, et Bouret, relative à une demande de Sabatier, raffineur à Montpellier, en restitution des droits sur les sucres que celui-ci envoie à l'étranger. 1747. - Mémoire dudit Sabatier contenant ses raisons à l'appui de la demande faisant l'objet de la correspondance précédente : il raconte les origines de sa manufac ture fondée en 1742, en concurrence avec une entreprise du même genre dirigée à Cette depuis 1741, par Tinel, Bascou et Galabert, concessionnaires de l'ancienne manufacture de Gilly et Compagnie : « Dans le même tems (1744) le sieur Sabatier se mit en devoir de suivre l'établissement qu'il avoit déjà commencé, mais comme cette seconde compagnie, eut le même sort que la première et qu'elle cessa de travailler par l'entière perte de son capital, le sieur Sabatier avant que de renoncer à son entreprise voulut tacher de découvrir ce qui pouvoit avoir occasionné la chute de ces deux compagnies et après avoir pris tous les éclaircissements possibles, il reconnut que ces pertes, provenoient en grande partie de la qualité des eaux de Sette, absolument contraires au raffinage, et qui engraissent le sucre brut à un point qu'il se réduit en grande partie en sirop dit mêlasse, qui ne se vend que 8 livres le cent pesant, au lieu de produire la quantité suffisante de sucre blanc, ce qui occasionne une perte considérable. Le sieur Sabatier se voyant donc dans l'impossibilité de continuer son établissement à Cette, sans s'exposer au même sort des autres, voulut, avant de renoncer à son projet, faire l'expérience des eaux de Montpellier, et y ayant fait un petit raffinage du sucre, cet essay lui réussit si parfaitement qu'il se détermina tout de suite a y faire bâtir une raffinerie, qu'il fait travailler depuis dix-huit mois, avec tout le succès possible, la qualité de son sucre est si parfaite qu'il lui en est fait des demandes considérables tant pour l'intérieur du royaume que pour l'étranger. » - Mémoire juridique sur les prétentions de Sabatier et sur les raffineries de Cette et de Montpellier.

Cote :

C 2698

Inventaire d'archives :

Intendance de Languedoc

Description physique :

Liasse. - 52 pièces, papier.

Archives départementales de l'Hérault

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