Inventaire d'archives : Etablissement national des invalides de la marine (ENIM). Gestion des pensions de la Caisse de retraite et de la Caisse de...

Titre :

Etablissement national des invalides de la marine (ENIM). Gestion des pensions de la Caisse de retraite et de la Caisse de prévoyance des marins français (1899-1962)

Contenu :

Ce versement d'archives concerne la gestion des prestations sociales délivrées aux marins et autres personnels naviguants ainsi qu'à leurs familles, pour la retraite, la maladie et les accidents professionnels au XXe siècle. Ces documents font état de la mise en oeuvre du régime spécifique de protection sociale des gens de mer, mis en place il y a plusieurs siècles.
Historique de la protection sociale des marins en France
La création du premier régime de sécurité sociale des marins remonte à Colbert, ministre de la Marine de Louis XIV, qui met en place le système des "classes" pour réglementer le statut des marins et permettre leur recrutement par la Marine Royale. En effet, par ce système institué par Edit royal du 16 avril 1670, les marins sont divisés en classes. Chaque année, une classe est appelée à servir sur la flotte du Roi et fournit ainsi la main d'oeuvre nécessaire aux guerres navales. Le reste du temps, les marins peuvent s'adonner à leur métier dans la pêche ou la flotte de commerce.
En contrepartie de leurs services pour le Roi, un régime qu'on appellera plus tard de protection sociale est mis en place : l'édit de 1670 crée « un secours viager de deux écus par mois aux anciens militaires, y compris les marins ».
C'est l'édit de Nancy du 23 septembre 1673 qui créé véritablement un fonds des invalides de la Marine, en créant la retenue sur solde, base du système d'assurance des marins. Cela permet de verser une allocation aux marins blessés lors des campagnes militaires. Une ordonnance du 15 avril 1689 institue la « caisse des invalides » destinée à servir des pensions aux marins devenus invalides ; cette caisse est l'ancêtre de l'ENIM. Aux cours des XVIIIe et XIXe siècles le législateur développe le régime de protection sociale des marins.
La mise en place de la législation française relative à la prise en charge des accidents du travail pour les ouvriers (loi du 9 avril 1898) entraine l'adoption d'une loi similaire pour les inscrits maritimes : la loi du 21 avril 1898, qui prévoit la mise en place de la caisse de prévoyance pour les marins. La loi prévoit que lorsqu'un marin français est victime d'un accident ou d'une maladie en cours de navigation, l'armateur assure les quatre premiers mois de salaire et les soins dispensés durant cette période. La caisse assure ensuite le relais. Elle est alimentée par un fonds d'Etat, auquel s'ajoutent des taxes d'armateurs et les cotisations obligatoires des inscrits maritimes.
La loi de 1898 est rapidement abrogée par la loi du 29 décembre 1905 qui apporte d'autres dispositions à la caisse de prévoyance des marins français. Cette nouvelle loi revalorise les pensions et élargit la protection aux agents civils non inscrits maritimes : commissaires, médecins, économes, cuisiniers, domestiques des deux sexes, femmes de chambre, subrécargues (représentant à bord de l'armateur, du propriétaire du navire, de l'affréteur ou encore du chargeur), et autres agents embarqués sur les navires de commerce et ne concourant pas à la manœuvre du navire. Une analyse contemporaine de la loi du 29 décembre 1905 par le juriste D. Deléarde précise que même si ces agents du service général « ne participent pas comme le marin au service actif de la navigation à bord et à ses fatigues, il n'en est pas moins vrai qu'ils font partie du personnel embarqué et sont exposés aux mêmes dangers ».
Il faut souligner que les marins étrangers qui travaillent à bord des navires français sont exclus de ce régime de protection sociale, et sont soumis au droit commun en matière de risque professionnel, sans que celui-ci soit très précis.
Le système est de nouveau réformé par le décret-loi du 17 juin 1938 relatif à la réorganisation et à l'unification du régime d'assurance des marins, qui a pour but de faire correspondre la réglementation sur les accidents de travail en mer à celle sur le travail à terre.
Le statut particulier des marins se met peu à peu en place, et il est conservé lors de la généralisation du système de sécurité sociale français en 1945.
Contenu du versement
Il s'agit exclusivement de registres, reliés par année et par type de prestation, faisant état des secours versés aux marins ou à leurs familles en cas de blessure, infirmité ou maladie imputable à leur métier, ainsi que des pensions de retraite après la fin de leur activité.
Les registres sont de plusieurs types :
- registres d'états de décisions de pensions sur le fonds de la Caisse de retraite des marins, présentés par grandes directions maritimes, chaque direction maritime couvrant plusieurs quartiers maritimes, circonscriptions spécifiques à l'administration maritime (1929-1955) ;
- registres d'états de propositions de pensions sur le fonds de la Caisse de prévoyance, présentés en différentes catégories : indemnités renouvelables couvrant la maladie ou l'accident professionnel, indemnités pour évènement de guerre (1914-1918 ; 1939-1945), pension pour infirmité définitive, ainsi que pensions pour les veuves, les orphelins ou ascendants des marins décédés. Ces registres couvrent la période 1899-1962.
Pour certaines périodes, le traitement des demandes de pensions "prévoyance" voit coexister plusieurs régimes juridiques : de 1930 à 1938, le régime de la loi de 1905 et celui de la loi de 1930 perdurent en parallèle, et font l'objet de registres distincts pour les mêmes années. Les registres relatifs aux traitement des demandes selon la loi de 1905 sont précisés dans la description documentaire. Par défaut, les autres registres concernent le traitement des demandes de pensions selon le régime de la loi du 1er janvier 1930.
A partir de 1940, les pensions pour maladie ou accident professionnel prennent pour appui le régime issu du décret-loi du 17 juin 1938, mais le régime des pensions issu de la loi du 1er janvier 1930 perdure également jusqu'en 1950, ce qui créé des registres distincts.
Deux autres catégories de documents figurent dans cet ensemble :
- un registre de procès-verbaux du conseil d'administration de la Caisse de de prévoyance (1907-1924) ;
- des registres des avis et arrêts du Conseil d'Etat, qui se prononçait lorsque les cas soumis demandaient une interprétation juridique ou en cas de contentieux (1899-1937).
Ces documents sériels, malgré quelques lacunes et leur état matériel parfois endommagé, sont d'un grand intérêt pour étudier les conditions de travail et de vie des professionnels de la mer sur l'ensemble du territoire français dans la première moitié du XXe siècle. En particulier, les registres de la Caisse de prévoyance contiennent des informations précises sur les risques professionnels, maladies contractées ou accidents et blessures survenus durant l'exercice des métiers en mer. Dans une perspective sociologique, les registres permettent également d'étudier la composition des familles de marins, et de tracer les lieux d'activité des marins au regard de leur lieu de résidence.
Les avis et arrêts du Conseil d'Etat, statuant sur des cas litigieux ou n'ayant pu être résolus à l'aide de la réglementation existence, témoignent d'une jurisprudence en matière de droit social maritime.

Cote :

20120231/1-20120231/620

Publication :

Archives nationales (France)
2022
Pierrefitte-sur-Seine

Informations sur le producteur :

Établissement national des invalides de la marine
Une direction chargée de la gestion du régime social des marins existe dès le XIXe siècle au sein du ministère de la Marine (militaire), puis au sein du secrétariat d'Etat ou ministère de la Marine marchande lors de la mise en place de cette administration indépendante de la Marine de guerre dans les premières années du XXe siècle.
L'ENIM, en tant qu'établissement public sous la tutelle du ministère de la Marine marchande, est créé par la loi du 1er janvier 1930. Un décret du 30 septembre 1953 définit l’organisation administrative et financière de l’établissement.
Jusqu’en 1993, la liquidation des pensions était réalisée dans les quartiers des Affaires maritimes (circonscriptions spécifiques à l'administration maritime, dans les ports), en lien avec les services de l’ENIM basés à Paris. A partir de cette date, la gestion des dossiers de pensions est délocalisée à Paimpol avec la création du Centre des Pensions.
Le décret du 30 août 2010 redéfinit l’organisation administrative et financière de l’ENIM qui devient Etablissement public administratif de l’Etat sous la tutelle des ministères chargés de la Mer, de la Sécurité sociale, et du Budget. A la suite de cette réorganisation, l'établissement organise son activité sur quatre sites : en 2012 le siège s'installe à Périgny - La Rochelle, le traitement des pensions de retraite et d'invalidité s'effectue à Paimpol, celui des prestations maladie sur les sites de Lorient et de Saint-Malo.

Informations sur l'acquisition :

Versement
Historique de conservation :
Les états de proposition de pensions proviennent à l'origine des quartiers des affaires maritimes (ils portent la signature du « directeur de l’inscription maritime »). Ils ont été ensuite transmis au Centre des pensions de l’ENIM, pour signature du directeur de l’ENIM, et reliure.
Les registres ont été conservés au siège de l'ENIM dans les locaux de la Marine marchande 3 place Fontenoy à Paris, avant d'être transférés au Centre national des archives (intermédiaires) de l'établissement situé à Paimpol, puis versés aux Archives nationales.
Une partie des registres de la Caisse générale de Prévoyance ont été endommagés par un contact avec l'eau, notamment ceux des années 1900 à 1915. Les registres de la Caisse de retraite de la région maritime Paris - colonies et des agents du service général sont également pour partie abîmés.
L'ensemble des registres a fait l'objet d'un reconditionnement par chemisage en papier neutre, effectué par les Archives nationales.

Description :

Mise en forme :
Chronologique.

Conditions d'accès :

Communicable selon les articles L.213-1 à L.213-7 du Code du patrimoine.
En raison du mauvais état d'une partie des documents, la communication des documents doit faire l'objet d'une demande d'autorisation spécifique pour un document en mauvais état.

Conditions d'utilisation :

Reproduction selon le règlement de la salle de lecture.

Description physique :

Importance matérielle :
620 registres, 40 mètres linéaires.
Dimensions :

Ressources complémentaires :

Fonds du Ministère de la Marine marchande
. Statut social des gens de mer : textes officiels sur la protection sociale et la retraite, l’Etablissement National des Invalides de la Marine ; procès-verbaux de séances du conseil d’administration et de l’assemblées générale de l’Association pour la Gestion des Institutions Sociales Maritimes (AGISM), documents d’autres institutions (1954-1975).19790332/184-191
Fonds de la Sécurité sociale
. Archives du Bureau des régimes spéciaux, dossiers relatifs à l'ENIM (1943-1992).19960197/8 à 19960197/11
(archives privées conservées aux Archives nationales)Fonds de la Fédération française des syndicats professionnels de marins
. Assurance sociale des marins (1930-1958).Sous-série 50 AS. 19860462/65
Aux Archives nationales (Pierrefitte-sur-Seine)
: registres du contrôle des dépenses engagées de l’Etablissement national des invalides de la marine (1920-1935).F/46/752 à F/46/757 
: registres de correspondance de l'administration des invalides de la Marine (1916-1945)F/46/764 à F/46/971 
: registres de correspondance de l'ENIM (1946-1959), registres de décisions ministérielles et circulaires (1917-1959), registres de correspondance parlementaires (1932-1937).20120208/1 à 20120208/285
Aux Archives nationales (Paris)
: service des invalides de la Marine (1693-an VII). Décisions du conseil de Maine (1719-1722), dépêches ministérielles (1728-1788), comptabilité (1772-1789), appointements et pensions, états, décisions, instructions, correspondance (1693-an VII).MAR/F/1/1 à MAR/F/1/66 
Au Service Historique de la Défense
Archives de la direction des invalides de la Marine, concernant la période à laquelle la compétence était rattachée au ministère de la Marine. : correspondance, copies de dépêches ministérielles, propositions et décisions, comptabilité, soldes, retraites et successions (1790-1915). SHD Vincennes.Série MV 1 FF 1 à MV 1 FF 1639Voir l'inventaire sur le site internet du SHD 
Archives du trésorier des invalides de la Marine à Bayonne et documents concernant les pensions (1798-1933). SHD Rochefort. MR 13 P 11 1-112Voir l'inventaire sur le site internet du SHD 

Références bibliographiques :

CORDON Florian, Les Invalides de la marine : une institution sociale de Louis XIV, son histoire, de Colbert à nos jours, Société d’Editions géographiques, maritimes et coloniales, Paris, 1950, 255 p.
ALLIER P., Cinquantenaire du Conseil supérieur de l'ENIM : 1953-2003, ENIM, Paris, 2003, 87 p.
CARRE Adrien, Origines et historique de l'Établissement national des Invalides de la Marine, Académie de marine, Paris, 1975, 39 p.
GOEBBELS Marie-Laure, Les origines et les fondements du droit social français dans la Marine de guerre (1669-1860), thèse de doctorat sous la direction de Jacques Poumarède, université de Toulouse 1 Capitole, 2011, 389 p.

Localisation physique :

Pierrefitte-sur-Seine

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives nationales de France

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_060236

Archives nationales
  • Etablissement national des invalides de la marine (ENIM). Gestion des pensions de la Caisse de retraite et de la Caisse de prévoyance des marins français (1899-1962)

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