L'album d'une cinquantaine de pages est composé suivant trois grands thèmes :

• 1. Une quarantaine de vues de l'Uniprix compose la majeure partie de l'ensemble. Les rayons sont photographiés en mars 1936 pour la plupart, mettant en évidence la profusion et la diversité des marchandises proposées. Quincaillerie, verrerie, épicerie fine, articles de ménage sont empilés et étiquetés. Les photos sont prises alors que le magasin est vide, on aperçoit très épisodiquement vendeurs et vendeuses. Certaines périodes, propices aux décors spectaculaires (Noël, Pâques, la période du blanc), sont fixés sur le papier. Quelques clichés des bureaux avec les employés et directeurs, des photos d'entrepôts et d'ateliers et des vues extérieures viennent compléter une sorte de vision totale du magasin. Treize de ces tirages font l'objet d'agrandissements.
• 2. Six photographies ont été prises lors de la grève de 1936 : elles représentent des hommes et des femmes, souvent identifiés, allongés en chaises longues ou en hamac dans une cour, probablement celle de l'Uniprix.
• 3. Sept clichés sont pris durant l'été 1937, dans un parc de Saint-Leu, et l'hiver 1938 : on y voit des personnages, hommes et femmes, mangeant, buvant, jouant aux cartes ou au ping-pong. Les légendes deviennent moins précises.

L'ensemble de l'album donne clairement l'impression d'avoir été composé dans un premier temps pour fixer l'image du magasin en tant que lieu de travail, dans les bureaux et dans les rayons. On peut imaginer un objectif promotionnel. Les rayons regorgent de marchandises, les vendeurs posent, les bureaux sont sobres et empreints de sérieux, les hangars bien rangés.
Les clichés pris durant la grève forment une rupture : soudain les personnages, hors du contexte de leur lieu de travail, prennent une dimension différente. Le décor n'importe plus au photographe, qui fixe alors une ambiance décontractée, centrée sur les personnages.
La série de clichés suivants insiste sur un environnement festif, présenté comme un prolongement des liens créés par la grève et effaçant totalement toute image de l'Uniprix de Saint-Denis.
(Analyse effectuée par Sylvie Zaidman -Août 2000)