Page d'histoire : Nicolas Charles Oudinot Bar-le-Duc (Meuse), 25 avril 1767 – Paris, 13 septembre 1847

Portrait du maréchal Oudinot, huile sur toile non signée, d’après Robert Lefèvre, XIXe siècle, Bar-le-Duc, Musée barrois (Inv. 962.2.1).

Apercevant le corps nu du vieux guerrier au détour d’une douche des eaux de Barèges, le capitaine Canrobert constate ses nombreuses cicatrices et le définit ainsi : « ce n’était qu’une passoire ». « Criblé de blessures », souligne de son côté Chateaubriand. Celles-ci sont autant de marques de bravoure et elles ont suscité, bien des années durant, des spéculations sur leur nombre exact.

Issu de la petite bourgeoisie barroise, Oudinot fait ses études à Toul avant de s’engager à dix-sept ans dans l’armée, ne voulant pas participer aux affaires de la brasserie paternelle. Il quitte son régiment en 1787 comme sergent, mais il reprend du service lorsque la Révolution éclate. Nommé capitaine, il montre sa fermeté lors des troubles que connaît sa ville natale avant d’être élu lieutenant-colonel du 3e bataillon de volontaires de la Meuse. Oudinot se distingue à plusieurs reprises sur la frontière nord-est, méritant de devenir général à vingt-sept ans. Bon tacticien et prodigieux meneur d’hommes, son mépris du danger lui vaut d’être plusieurs fois blessé durant sa carrière (trente-deux fois). Prisonnier en 1794, il s’illustre encore à l’armée du Rhin puis d’Helvétie et notamment à Zurich en 1799. Prenant le commandement de soldats d’élite appelés à devenir les « grenadiers d’Oudinot », il participe à toutes les grandes campagnes du Consulat et de l’Empire à l’exception de celles de la péninsule Ibérique. Si Oudinot s’oppose au pouvoir personnel de Napoléon, l’Empereur reconnaît sa bravoure en le présentant au tsar comme le « Bayard de l’armée française ». Il gagne ensuite à Wagram son bâton de maréchal et son titre de duc de Reggio après avoir concouru à la victoire. À son audace Oudinot joint un esprit chevaleresque reconnu par ses adversaires et, malgré une certaine rugosité de caractère, son habileté lui permet de remplir des missions diplomatiques. Il se distingue encore en 1812, 1813 et 1814 avant de se rallier à Louis XVIII. Son respect de la légitimité politique, son patriotisme et son sens du devoir expliquent la longévité de sa carrière depuis la Révolution jusqu’à la monarchie de Juillet. Au-delà des différents régimes, l’armée se doit d’être au service de la France. C’est pour cette raison qu’il se montre loyal à l’égard des Bourbons : respectant son serment de fidélité, il refuse de rallier Napoléon en 1815 pour ne pas « jouer un double rôle ni servir deux maîtres ». La seconde Restauration le comble d’honneurs, mais il se rallie à Louis-Philippe en 1830. Terminant une carrière bien remplie comme gouverneur des Invalides, toutes ses blessures accumulées ne l’ont pas empêché de mourir finalement dans son lit.

Gonzague Espinosa-Dassonneville
docteur en histoire

Source: Commemorations Collection 2017

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