Page d'histoire : Une nouvelle tenue pour le soldat français : casque Adrian et uniforme bleu horizon 1915

soldat assis au pied d'un réverbère, auprès d'une bicyclette

Déjeuner de poilu : soldat casqué, en uniforme bleu horizon, place Royale à Reims, autochrome

Le soldat français est entré en guerre en 1914 avec un uniforme hérité de longues traditions militaires, dont la conception correspondait à la doctrine de l’offensive à outrance. Cependant une réflexion sur la modernisation avait été lancée depuis plusieurs années....

Des essais avaient déjà été pratiqués en 1906 et en 1911 pour l’adoption de nouvelles tenues. À la déclaration de guerre, ce projet est toujours d’actualité et une teinte bleu gris « qualifiée horizon pour [en] justifier l’adoption (1) » est choisie à la hâte en septembre 1914, après la victoire de la Marne, pour les tenues des soldats. Le bleu horizon est un mélange de laine blanche, bleu foncé et bleu clair destiné notamment à pallier la pénurie de l’approvisionnement en teintures chimiques allemandes. La coupe des uniformes est également revue avec l’aide des grands noms de la mode parisienne comme Paul Poiret. Ainsi, 1915 est caractérisée par un mélange entre tenue d’avant-guerre et bleu horizon, panaché d’effets issus du marché civil, l’ensemble étant encore produit artisanalement.

Un élément va venir parachever la silhouette du « poilu ». Un aspect de la guerre des tranchées est le nombre considérable des blessures à la tête. Il est décidé, toujours à la hâte, d’équiper les combattants d’une cervelière, sorte de calotte métallique à placer directement entre le crâne et le képi. Sa protection est toute relative et son usage en est d’autant limité.

Le projet de casque est lancé par le ministère de la Guerre le 21 février 1915. De nombreuses entreprises répondent au cahier des charges. Finalement, le modèle proposé par l’établissement Japy est adopté le 21 mai 1915. Il a été élaboré en collaboration avec un colonel de l’intendance, Louis-Auguste Adrian. Simple à fabriquer, peu coûteux, léger, suffisamment enveloppant, sa forme rappelle la bourguignotte de la guerre de Cent Ans et donc l’identité française. Les premiers exemplaires apparaissent sur le front dès juillet pour une campagne d’essai. La distribution massive commence en août pour équiper les troupes qui vont participer aux offensives de Champagne à partir du 25 septembre. En décembre, plus de trois millions d’exemplaires ont déjà été livrés. Son succès est aussi international car il est adopté par de nombreuses nations alliées. Au total, près de vingt millions de casques seront fabriqués pendant la guerre et les modèles suivants reprendront la forme du casque Adrian jusqu’après la Seconde Guerre mondiale, forgeant dans l’imaginaire collectif la silhouette si caractéristique du « poilu ».

 

Benjamin Doizelet, chef de la division des archives iconographiques
Service historique de la Défense/Centre historique des archives/
Département des entrées par voie extraordinaire

 

 1. Conférence sur le camouflage faite par le chef d’escadron de Fossa, SHD, bibliothèque Terre, CO 709. Il semble que le terme « bleu horizon » apparaisse pour la première fois dans un article de L’Illustration.

Pour aller plus loin : 

Recherche "uniforme" "Première guerre mondiale" sur FranceArchives (documents et inventaires)

Recherche "casque Adrian" sur FranceArchives (documents et inventaires)

 

Source: Commemorations Collection 2015

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