Page d'histoire : Marcel Landowski Pont-l'Abbé (Finistère), 18 février 1915 - Paris, 23 décembre 1999

Fils du sculpteur Paul Landowski, Marcel Landowski débute la musique avec sa grand-mère, Louise Cruppi, musicienne amie de Maurice Ravel et de Romain Rolland. Il apprend le piano avec Marguerite Long et s’oriente très tôt vers la composition. Jeune bachelier, il entre au Conservatoire de Paris et rejoint la classe d’Henri Büsser en 1935. Dès 1937, il dirige ses premières oeuvres, Les Sorcières et Les Sept Loups, encouragé par le chef d’orchestre Pierre Monteux. En 1941, il termine le Conservatoire et obtient le prix Halfen pour son oratorio Rythmes du monde. En 1949, sa première symphonie, Jean de la peur, est créée par l’orchestre Pasdeloup, puis en 1951 Le Rire de Nils Halerius, légende lyrique et chorégraphique, marque ses débuts à la scène. Après le Concerto pour ondes Martenot, son opéra Le Fou connaît, en 1956, un grand succès public et la même année, Le Ventriloque, opéra de poche composé pour les Jeunesses musicales de France, est donné plus de 500 fois.

Proche du groupe des Six, admirateur de Honegger et attentif à l’école russe, il voit cependant son langage moderniste brutalement mis en cause par une nouvelle génération de compositeurs, avant-garde sérialiste, à laquelle il opposera sans relâche une conception de la musique comme art du sensible, accessible au public, respectant les principes de la tonalité.

Directeur du conservatoire de Boulogne-Billancourt en 1960, directeur de la musique de la Comédie-Française en 1961, il est nommé inspecteur général de l’enseignement musical au ministère des Affaires culturelles en 1964. André Malraux lui confie en 1966 la direction d’un service de la musique autonome afin de lancer une ambitieuse politique de démocratisation musicale, bientôt formalisée par un « plan de dix ans » qui organisera, dans chaque région, la rénovation des conservatoires, des orchestres et théâtres lyriques, et la création de structures chargées de l’animation musicale. La création de l’Orchestre de Paris, de l’Opéra-Studio, du Festival d’automne de Paris, la réforme de l’aide à la création contemporaine et la relance de la lutherie française sont autant de réalisations à son actif.

En 1975, il est nommé inspecteur de la musique au ministère de l’Éducation nationale, puis, en 1977, directeur des Affaires culturelles de la ville de Paris, enfin président du théâtre du Châtelet de 1979 à 1991. Il fonde, en 1991, l’association Musique nouvelle en liberté pour promouvoir la diffusion de la musique contemporaine dans toute sa diversité.

En 1975, Marcel Landowski succède à son professeur Henri Büsser à l’Académie des beaux-arts. Il en devient le secrétaire perpétuel en 1986, puis est élu chancelier de l’Institut en 1994.

Après un long silence dû à ses responsabilités administratives, Marcel Landowski reprend la composition avec la Messe de l’aurore, commande de l’Orchestre de Paris, en 1977. Parmi les nombreuses oeuvres qui suivront, Un enfant appelle, écrit pour le violoncelliste Mstislav Rostropovitch et sa femme, la soprano Galina Vichnevskaïa en 1979, Montségur, créé en 1985, et Galina, en 1996, marquent la constance de sa dénonciation du totalitarisme.

Le Mystère de la Création, ultime oeuvre du compositeur, sera donnée en 2000, à Reutlingen, quelques mois après sa disparition, le 23 décembre 1999.

Premier directeur de la musique, inlassable bâtisseur, Marcel Landowski a profondément modifié le paysage musical de la France.

Noémi Lefebvre
écrivain
docteur en science politique
responsable du centre d’études sur l’enseignement
et les pratiques musicales du Cefedem Rhône-Alpes

Source: Commemorations Collection 2015

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