Page d'histoire : Henri Labrouste Paris, 11 mai 1801 - Fontainebleau, 24 juin 1875

Bibliothèque Sainte-Geneviève, détail du plafond de la salle de lecture
© Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève

Né en 1801 dans une famille bordelaise, Henri Labrouste manifesta très jeune son goût pour le dessin. Après de sérieuses études au collège Sainte-Barbe, il entra en 1819 à l'École des Beaux-arts où il remporta de nombreuses médailles. Il fut reçu grand prix de Rome en 1824 pour un projet de Cour de cassation. À la Villa Médicis il se lia d'amitié avec ceux qui furent les architectes marquants de son époque : Duban, Duc et Vaudoyer. Les relevés qu'il effectua et son projet de restauration du temple de Paestum choquèrent les membres de l'Académie et lui valurent une position marginale, qui le priva de commandes. Heureusement il fut soutenu par Horace Vernet, nouveau directeur de la Villa Médicis. À son retour à Paris, Labrouste fut désigné pour faire partie de la commission chargée d'élaborer les réformes réclamées par les élèves de l'École des Beaux-arts. Les projets de Labrouste ne furent pas retenus, mais il ouvrit un atelier libre qui compta de nombreux élèves jusqu'en 1857. Dix ans plus tard, juste revanche, il fut élu à l'Académie des Beaux-arts.

Bien qu'il ait peu construit, - et ses hôtels particuliers ont quasiment tous disparu -, Henri Labrouste est aujourd'hui célèbre grâce à deux réalisations remarquables, la Bibliothèque Sainte-Geneviève et la Bibliothèque nationale de la rue Richelieu. Il faisait partie des architectes fonctionnalistes, pour lesquels le bâtiment devait être avant tout adapté à sa fonction et se voulait constructeur autant qu'architecte.

Nommé architecte de l'ancienne Bibliothèque Sainte-Geneviève en 1838, alors à l'étroit dans les locaux occupés par le lycée Henri IV, Labrouste renonça à consolider une bibliothèque vétuste, dont les planchers menaçaient de s'écrouler sous l'afflux des lecteurs. Il fut donc décidé de construire un nouvel édifice sur le terrain occupé autrefois par le collège de Montaigu.

Après de nombreuses études, le projet définitif fut accepté en septembre 1842. Labrouste avait prévu à l'étage noble une grande salle de lecture, divisée en deux travées par des colonnes de fonte et, au rez-de-chaussée, quelques bureaux et des magasins, dont la capacité était augmentée par des travées perpendiculaires à la façade. Les travaux se poursuivirent d'août 1843 à 1850. L'ouverture au public se fit en 1851. Ce fut un succès immédiat. La sobriété du bâtiment, qui s'harmonisait avec le Panthéon, l'emploi novateur de la fonte pour le système de charpente, le soin apporté aux détails de l'aménagement, la réussite esthétique, ne lui valurent que des éloges. Ajoutons que, dans sa compacité, la fonctionnalité de cette bibliothèque ne s'est pas démentie.

À la suite de ce succès Labrouste fut nommé en 1854 architecte de la Bibliothèque nationale. Il fut chargé de son agrandissement et de la rénovation des bâtiments anciens. C'est lui qui conçut la remarquable salle de lecture à colonnes de fonte soutenant des coupoles de céramique blanche, qui porte son nom, et les magasins métalliques à caillebotis qui devaient abriter les collections nationales d'imprimés jusqu'à une date très récente.

Geneviève Boisard
conservateur général honoraire des bibliothèques
vice-présidente de la Société des amis de la Bibliothèque Sainte-Geneviève

Source: Commemorations Collection 2001

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