Page d'histoire : Bataille de Reims et offensive alliée des "Cent Jours" Juillet-septembre 1918

Le Petit Journal, couverture du 11 août  1918, BNF.

Le Petit Journal, supplément du dimanche n° 1442 du 11 août 1918,
Paris, Bibliothèque nationale de France.

La conclusion de la paix de Brest-Litovsk le 3 mars 1918 avec la Russie bolchevique permet au haut commandement allemand de transférer d’importantes troupes sur le front occidental. Elles doivent obtenir la décision avant l’intervention massive des Américains. Au printemps, trois offensives ébranlent le front allié : « Michael » vers Amiens (mars- avril) ; l’offensive des monts de Flandre (avril) et « Blücher » sur le chemin des Dames (mai). L’assaut final (Friedensturm) était prévu en Champagne, avec Reims comme objectif à envelopper et le franchissement de la Marne à Dormans.

Pour Pétain, commandant les troupes françaises, « il faut échelonner notre dispositif en profondeur [et] abandonner la première ligne pour que préparation et assaut initial tombent dans le vide ». La capture de prisonniers permet de connaître la date de l’attaque (15 juillet à 4 h 15), le lieu (de Château-Thierry à la Main de Massiges en Argonne) et l’ampleur de l’effort ennemi (47 divisions). La défense en profondeur, associée à une contre-attaque le 18 juillet de la Xe armée (Mangin) avec des unités américaines et françaises en direction de la route de Soissons à Château-Thierry et de la voie ferrée de Fère-en-Tardenois, brise l’assaut. Les chars remportent leur premier succès à Villers-Cotterêts. Mobilisant un million de soldats alliés, cette seconde bataille de la Marne leur coûte 100 000 blessés, disparus ou tués.

Chargé depuis mars de « coordonner l’action des armées alliées sur le front de l’ouest », Foch expose le 24 juillet aux généraux alliés Pershing, Haig et Pétain la liaison de toutes les manoeuvres pour vaincre : le nombre, l’initiative et la surprise sont désormais du côté allié. Commence alors une offensive ininterrompue de cent jours.

Le 1er août, la Xe armée entre dans Soissons et atteint l’Aisne : Paris est désormais à l’abri. Foch reçoit le maréchalat. Le 8, « jour de deuil de l’armée allemande » (Ludendorff), Britanniques et Français attaquent en Picardie, pour dégager la voie ferrée Paris-Amiens et rejeter l’ennemi établi entre Somme et Avre. Ce sont ensuite les batailles de l’Ailette et de Lassigny (20-22 août), de Bapaume (21 août-1er septembre), de Saint-Mihiel (12 septembre). La marche sur Mézières, Valenciennes et Gand avec les combats de Champagne-Argonne, Montfaucon, Sommepy, Cambrai et Saint-Quentin aboutit à la rupture des lignes Hindenburg et Hunding. Reims est dégagée le 6 octobre, Laon délivrée le 13, Douai, Lille et Ostende le 17.

Les troubles intérieurs, la disgrâce de Ludendorff, l’effondrement de ses alliés : tout concourt à la défaite allemande. Évoquée à Spa en août, initiée en septembre, la négociation aboutit à la signature de l’armistice à Rethondes le 11 novembre.

 

Patrick Boureille, docteur de l’université Paris-Sorbonne

 

Voir aussi : 

Allemagne 4/4 : une impensable sortie de guerre

Source: Commemorations Collection 2018

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