Document d'archives : Témoignage d’un appelé parachutiste né en 1935 à Boulogne-sur-Mer, effectuant son service au Maghreb entre 1955 et 1957

Contenu :

L'appelé interrogé est originaire de Boulogne-sur-mer. Il a été appelé en octobre 1955, le jour de ses 20 ans. L'homme parle avec beaucoup d'aisance et sur un ton humoristique en racontant de nombreuses anecdotes. Il se rend d'abord au Maroc où il fait partie d'une réserve ministérielle : il peut alors choisir le régiment qu'il intégrera. Il choisit d'intégrer les parachutistes et tout le reste de la réserve ministérielle fait de même (soixante quinze hommes en tout). Lui et sa troupe ont vécu l'indépendance marocaine et ont dû rester trois mois dans le camp Mangin à Marrakech à effectuer des travaux pour l'armée royale du Maroc. Il est en tout resté six mois dans les montagnes du Rif pour sa formation accélérée avant de s'engager en Algérie. Nommé caporal, il franchit la frontière algérienne à Oujda en juillet 1956 et va en renfort à Blida où il y a des explosions. Il s'occupe des opérations de pacification durant l'année 1957 et aide aux regroupements des populations autochtones rurales dans des camps. Il est en tout resté 32 mois en Afrique du Nord (Maroc et Algérie) et il a été démobilisé en décembre 1957. Il a été témoin d'un attentat à la grenade dans un café dans lequel un de ses ami est mort. Il a des propos quelques fois ambigus vis-à-vis de la population maghrébine ou de la torture (il évoque un certain lieutenant Le Pen qui se serait resté très correct durant un interrogatoire, ce qui semble assez étonnant). Il fait par ailleurs quelques confusions lorsqu'il dit s'être battu contre le fils d'Abd-el Kader au Rif mais il doit sans doute parler du fils d'Abdelkrim Al-Khattabi, rebelle rifain durant la guerre du Rif (1921-1926). Il n'aime absolument pas les pieds-noirs qu'il perçoit comme des personnes pingres et raconte beaucoup d'anecdotes à leur sujet. Il défend fermement les parachutistes qui étaient, durant cette période, comparés à des SS et raconte un épisode durant lequel sa troupe a été accusée d'avoir massacré tout un village du Rif. Au sujet des Maghrébins et des militants du FLN, il nous dit que les camps de prisonniers étaient très convenables et que la nourriture y était abondante. Il décrit les populations maghrébines comme pauvres et sales et que les soldats ont dû laver et dont les maisons ont été brûlées afin d'être regroupées dans des camps où elles étaient, selon lui, très heureuses. Il qualifie le colonel Massu d'homme providentiel apportant la paix et aimé de tous les Algériens. Il évoque aussi la corvée de bois : son colonel lui demande de tuer un garçon de 14 ans affilié au FLN mais il refuse et demeure choqué par cet épisode.

Cote :

F1026

Inventaire d'archives :

Fonds Roche-Taranger

Conditions d'utilisation :

Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée

Description physique :

Importance matérielle :
52 min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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