Document d'archives : Vidéo-News « 22 Ça craint ! » - Spécial police/justice

Contenu :

Magazine de reportages.
Fiche technique :
- Réalisation : Mogniss et Samir Abdallah.
- Images et son : Samir Abdallah – Saïd Bakhtaoui – Cheikh Djemaï – Malika Boutahra – Jérôme Leclerc – Malek Sahraoui.
- Assistants et régie : Nordine Iznasni et Tarek Kawtari.
- Images d'archives : Association Gutenberg – Agence IM'média.
- Commentaire : Farida Hamas et Farid Taalba.
- Montage : Christine Huteau.
- Musiques : Kader Blues / Lounis Lounès - Police on my back /The Clash - Nanterre Ville bidon / Les Amis d'Abdennbi.
- Dessins : Last Siou.
- Production : Agence IM'média – Automne 1985 avec la participation du CREAR et des ateliers Varan.
Vidéo News est un magazine de reportages courts réalisé dans le cadre de programmes expérimentaux conçus pour les nouvelles télévisions dites de proximité. Suite à ce premier n° spécial Police/justice, Vidéo News a été sélectionné pour le programme « 52 min. pour une télévision locale » par le Carrefour international de la communication (Cicom) et la DATAR.
3 numéros de Vidéo-News ont été réalisés par l'agence IM'média entre 1985 et 1989.
Au sommaire de Vidéo-News « 22 Ça craint ! » - Spécial police/justice :
- Kader Blues, une chanson de Lounis Lounès en hommage à Kader, tué le 16 février 1980 par un gardien de cité à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), événement à l'origine des concerts Rock against Police.
- Cité Gutenberg (Nanterre) : mission accomplie (8 min. 21) - Le 23 octobre 1982, Abdennbi Guemiah, 19 ans, est mortellement blessé par balle alors qu'il rentrait chez lui, cité de transit Gutenberg à Nanterre. Il décèdera le 6 novembre. Sa famille et ses amis se mobilisent aussitôt avec une grande dignité pour honorer sa mémoire, restituer toute sa personnalité et pour que justice soit rendue. Le 1er février 1985, son meurtrier, un habitant des pavillons voisins, est condamné à 12 ans de réclusion criminelle. Simultanément, l'ensemble des habitants se mobilisent pour leur relogement dans des conditions décentes : une grève définitive des loyers est déclenchée, les pouvoirs publics sont poussés à négocier, la Scop Transit services créée par des jeunes. Toutes les familles seront relogées. Le mouvement s'étendra à l'ensemble des cités de transit de la banlieue Nord-Ouest de Paris, tandis que les familles des victimes des crimes racistes ou sécuritaires se regroupent au niveau national.
- "Désarmez les beaufs" ou le délire sécuritaire : visite chez un armurier en région parisienne pour parler de la limitation des ventes d'armes annoncée par le gouvernement, suivie par un coup d'oeil au Salon de la sécurité tenu à Paris en 1984.
- L'impunité des policiers : les affaires Barded Barka et Zouaoui Benelmabrouk : Barded Barka, 15 ans, a été tué en mars 1985 à Vaulx-en-Velin, après avoir reçu un talkie-walkie en pleine tête alors qu'il circulait en mobylette sans casque. Deux îlotiers sont mis en accusation par de nombreux manifestants qui défileront jusqu'au centre de Lyon pour réclamer justice. Zouaoui Benelmabrouk, 23 ans, a lui été tué dans la nuit du 6 au 7 mai 1984 d'une balle tirée par un policier alors qu'il circulait en voiture sur le boulevard des maréchaux à Paris. Sa famille et ses amis se recueillent avec une émotion poignante sur les lieux du drame, et manifestent de leur ville de Montrouge - où ils ont créé l'association 102 afin d'assurer le suivi de l'affaire, en direction de Paris. La police, impassible, leur interdit de passer le périphérique. Prévaut d'ores et déjà le sentiment de l'impunité pour les policiers impliqués dans ces morts.
- Les Folles de la place Vendôme (10 min. 49) : le 28 octobre 1982, Wahid Hachichi, lycéen de Vaulx-en-Velin, 18 ans, est tué à coups de fusil à Lyon. Le 6 novembre, Abdennbi Guemiah, lycéen habitant la cité de transit Gutenberg à Nanterre, décède suite à un tir de 22 long riffle par un pavillonnaire voisin. Les familles et amis de Wahid et Abdennbi se mobilisent à la mémoire des disparus, pour exiger justice. Elles se rencontrent et décident de faire cause commune. Naguib Allam, l'oncle de Wahid, mène une contre-enquête. Il s'intéresse aussi aux mobilisations ailleurs en France, et lance l'Association nationale des familles victimes de crimes racistes et organise des Forums justice dans plusieurs villes (Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Nanterre, Marseille...). Il réclame notamment le respect de la mémoire des victimes, un soutien moral et financier des familles, la reconnaissance officielle de leurs associations autonomes comme des structures d'aide aux victimes, l'instauration d'une commission d'enquête indépendante sur la police et la justice, le plein accès aux dossiers judiciaires pour les familles constituées partie civile. L'association formule aussi sa volonté d'une extension de la loi du 1er juillet 1972 aux violences à caractère raciste, la possibilité de se constituer partie civile. Le 21 mars 1984, les « Folles de la place Vendôme » entament leur première ronde à Paris. Une quarantaine de familles rejoignent l'association. S'y côtoient désormais Arabes, Noirs antillais ou africains, Espagnols ou Portugais, Turcs, Gitans et Français blancs. Parmi ces « folles »  (en référence aux mères de la place de Mai qui ont attiré l'attention de l'opinion publique internationale sur le sort des disparus victimes de la dictature en Argentine), on rencontre Mme Melyon, la mère de Lucien originaire de Guadeloupe, tué par des « videurs » lors d'un concert le 30 octobre 1977 à l'hippodrome de Pantin, ou encore Colette Aubourg, la mère de François-Michel, 21 ans, mort suite à des violences au bal des pompiers à Vitry-sur-Seine le 14 juillet 1983. La dimension sécuritaire de nombreux cas est mise en évidence : en associant dimensions racistes et sécuritaires, sans les confondre, elle entend se prémunir contre le risque de hiérarchisation des crimes. Il n'y a pas de tri entre « bonnes » et « mauvaises » victimes. Il ne s'agit pas de noyer la singularité de chaque affaire dans un discours générique global et abstrait, mais de faire ressortir ce qui fait sens commun.

Cote :

NUMAUD/0013/002

Conditions d'accès :

Consultable sur les postes informatiques en salle de lecture de La contemporaine.
Prendre contact avec le département des archives (collections@lacontemporaine.fr).

Description physique :

Importance matérielle :
Durée : (00:39:41)

Liens