Page d'histoire : Marie d'Orléans Palerme (Italie), 12 avril 1813 - Pise (Italie), 3 janvier 1839

Jeanne d’Arc
Marbre de la princesse Marie d'Orléans, Auguste Trouchaud (exécution), XIXe siècle
Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon
© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Droits réservés
 

Troisième enfant de Louis-Philippe d’Orléans et de Marie-Amélie de Bourbon-Sicile, Marie d’Orléans naît le 12 avril 1813 à Palerme. La restauration des Bourbons permet bientôt à la famille d’Orléans de s’installer en France, où elle se partage entre le Palais Royal et le château de Neuilly

Marie d'Orléans reçoit une éducation soignée, comme tous ses frères et soeurs. Dans le domaine artistique notamment, elle bénéficie des cours de dessin du peintre Ary Scheffer (1795-1858) à partir de 1822.

La révolution de 1830 porte Louis-Philippe sur le trône. En 1832, le mariage de sa sœur aînée Louise avec le roi des Belges entraîne une séparation dont la sensible Marie est douloureusement affectée. C’est à partir de cette date qu’elle se consacre à l’art avec passion. Elle révèle son imagination dans ses compositions sur des sujets historiques. En 1834, Scheffer l’engage à s’initier à la sculpture ; son talent s’y affirme aussitôt, bien que sa fin prématurée ne lui ait guère laissé le temps de s’épanouir.

Mis à part quelques bustes de ses proches, ses sujets, comme ceux de son maître Scheffer, sont souvent littéraires. Elle s’inspire ainsi de Goethe, de l’Ahasvérus d’Edgar Quinet, de Thomas More ou de Schiller.

Sur les conseils de Michelet, Marie lit en 1834 la Chronique dite de la Pucelle, qui lui suggère sa Jeanne d’Arc à cheval pleurant à la vue d’un blessé. En 1835, Louis-Philippe commande à sa fille une statue en pied de Jeanne d’Arc pour les Galeries historiques de Versailles. Après s’être soigneusement documentée, Marie conçoit une guerrière en armure du Moyen Âge, non pas combative mais abîmée dans le recueillement de la prière. Cette image connaît un succès et une diffusion considérables.

Scheffer sert également de guide à la jeune fille dans son goût pour la collection. Marie achète des meubles et des objets de la fin du Moyen Âge, de la Renaissance ou du XVIIe siècle. En 1835, pour servir d’écrin à cette collection, Marie demande à l’architecte Théodore Charpentier (1797- 1867) d’aménager son cabinet des Tuileries dans un style néogothique novateur. Les tentures de damas cramoisi, le plafond à caissons, les vitraux de la croisée contribuaient à créer une atmosphère théâtrale ; ce cadre original abritait des meubles en partie anciens, en partie dessinés par Théodore Charpentier, et les œuvres de Marie d’Orléans.

Marie épouse en octobre 1837 le duc Alexandre de Wurtemberg. Les jeunes époux partent aussitôt pour l’Allemagne. En janvier 1838, à Gotha, un incendie dévaste leur maison, brûlant les dessins de Marie, et l’obligeant à s’enfuir en déshabillé par un grand froid. Sa santé déjà fragile s’en ressent. De retour à Neuilly, elle donne naissance à un fils, Philippe de Wurtemberg, mais se remet mal de cette naissance. Elle s’éteint à Pise, minée par la phtisie, avant d’avoir atteint ses vingt-six ans.

Anne Dion-Tenenbaum
conservateur en chef du Patrimoine
musée du Louvre

Source: Commemorations Collection 2013

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