Page d'histoire : Accession de saint Germain au trône épiscopal d’Auxerre 418

La Rencontre de sainte Geneviève et de saint Germain d’Auxerre, épisode du cycle consacré à la vie de sainte Geneviève, peinture murale (toile marouflée) de Pierre Puvis de Chavannes, 1877, Paris, Panthéon.

Apostolorum tu Germane compar (« Germain, tu es l’égal des Apôtres »), porte le socle d’une statue du XVIe siècle conservée dans une église de l’Yonne. Germain compte en effet parmi les grandes figures d’évangélisateurs de la Gaule, au point d’avoir été inséré par Jacques de Voragine dans La Légende dorée.

Mort en 448, Germain est connu grâce à une Vie rédigée dès 475-480 par un clerc de Lyon, Constance, qui s’inspira de celle de saint Martin. Membre de l’aristocratie gallo-romaine, il se forma au droit en Gaule, puis à Rome, pour devenir avocat et exerça de hautes fonctions dans sa province, ce qui le fit remarquer. C’est ainsi que son prédécesseur Amâtre et les habitants de la cité d’Auxerre le choisirent pour évêque en 418. Germain distribua alors ses biens aux pauvres et se convertit à une vie d’ascèse, après avoir reçu les ordres nécessaires à l’exercice de sa charge. Comme ses homologues, Germain joua le rôle de defensor civitatis . Il se rendit ainsi à Arles, siège de la préfecture des Gaules, pour négocier une réduction des impôts pesant sur sa cité. Sa renommée était telle qu’il devint aussi l’avocat de tout l’ouest de la Gaule, secoué par la révolte des Bagaudes, que les Romains matèrent par l’envoi de troupes d’auxiliaires germaniques, les Alains. Germain n’hésita pas à affronter leur chef Goar, qu’il convainquit de cesser les opérations, épargnant ainsi l’Armorique, et alla à Ravenne faire confirmer cette décision par l’impératrice Galla Placidia. Autre volet de son action d’évêque modèle, Germain s’affirma comme le défen­seur de la foi juste. Sa place au sein de l’épiscopat de Gaule le fit désigner avec Loup de Troyes pour aller combattre, en Bretagne romaine, l’hérésie pélagienne qui minimisait le poids de la grâce dans l’accès au salut, valorisant celui du libre arbitre. À l’occasion de ce voyage, il bénit la jeune Geneviève (de Paris) dont il avait pressenti la sainteté. De même, une tradition veut qu’il ait formé saint Patrick, avant de l’envoyer évangéliser l’Irlande. Germain trouva la mort à Ravenne le 30 juillet, date de sa fête. Avant de rendre l’âme, il avait fait promettre à l’impératrice de laisser rapatrier son corps à Auxerre. Le convoi se transforma, dit Constance, en un long cortège honorifique. L’évêque fut inhumé dans son oratoire privé, sur lequel fut ensuite fondée une abbaye qui prit son nom et devint à l’époque carolingienne un célèbre centre intellectuel et religieux. Signe de sa popularité, Germain arrive en quatrième position des saints retenus par les toponymes français. Parmi les églises qui portent son nom, la plus connue est celle de Paris, située près du Louvre, qui fut la paroisse des rois de France.

Catherine Vincent
professeur d’histoire du Moyen Âge université Paris Nanterre

Source: Commemorations Collection 2018

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