Page d'histoire : Lancement de l’offensive du Printemps 21 mars 1918

Guetteur sur le mont Renaud (Oise), avril 1918, dessin (aquarelle et graphite sur vélin) de François Flameng, 1918, Paris, musée de l’Armée.

En mars 1918, Ludendorff, un des meilleurs stratèges de l’armée allemande au sein du grand état-major que dirige Hindenburg, profite de l’avantage numérique que lui offre la paix à l’Est, ainsi que d’une situation favorable sur le front italien après la victoire de Caporetto, pour lancer une ultime offensive à l’Ouest afin de contraindre les Alliés à négocier une paix favorable à l’Allemagne.

Exsangue économiquement, subissant les affres d’un blocus terriblement contraignant, connaissant une situation intérieure trouble et instable, l’Allemagne doit vaincre avant l’arrivée massive sur le front des contingents américains. Le plan allemand, voulant relancer la guerre de mouvement, s’articule en deux phases : frapper la Somme et parachever la rupture du front allié en Flandre française. Pour ce faire, Ludendorff porte son choix sur la région de Saint-Quentin, point de jonction des armées française et anglaise.

Cette « offensive du Printemps » ou « bataille de l’Empereur » fait référence en fait à quatre attaques. La principale, dénommée « Michael », a pour objectif de déborder les forces britanniques, les dissociant ainsi des Français qui solliciteraient alors un armistice. Les autres, « Georgette », « Gneisenau » et « Blücher-Yorck », sont subordonnées à « Michael » et répondent en réalité aux nécessités tactiques du moment.

Le 21 mars est déclenchée l’attaque. Après un barrage d’artillerie en profondeur, bref mais d’une inouïe violence, les troupes d’assaut particulièrement bien entraînées et équipées pénètrent en profondeur dans certains points du dispositif britannique. Dès lors, la peur d’un effondrement complet pousse les Alliés à se placer sous commandement unique de Foch, afin d’assurer la coordination de l’ensemble des forces et de la riposte.

Si les différentes offensives connaissent de grands succès tactiques, comme la bataille de la Lys, elles sont un échec stratégique. En effet, malgré les coups de boutoir allemands en divers points du front, les Alliés parviennent, certes avec difficulté, mais systématiquement, à contrer l’avance des troupes du Kaiser. En juillet, les Allemands sont épuisés et définitivement stoppés. Incapables de s’approvisionner rapidement en fournitures et matériel, subissant de lourdes pertes, ils n’ont plus les réserves suffisantes pour appuyer leurs offensives. Ces dernières tournent court, d’autant plus que les Alliés bénéficient progressivement de l’arrivée de troupes fraîches provenant des contingents américains et utilisent massivement les chars.

Dès lors, les troupes du Kaiser subissent les offensives alliées, notamment sous la direction du général Mangin, qui enfoncent les lignes allemandes. Ludendorff comprend qu’il ne gagnera pas la guerre. La percée de la ligne Hindenburg en septembre force l’Empire allemand à négocier un armistice le 11 novembre 1918.

Stéphane Barry, docteur en histoire

Source: Commemorations Collection 2018

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