Document d'archives : Abbaye Notre-Dame de Chaumousey (ordre de saint Augustin)

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Séhère, qui fut le premier abbé de Chaumousey, a écrit lui-même la fondation de cet établissement. Il était né, dit-on, vers 1050, à Epinal. D’abord prêtre séculier, il alla trouver, avec quelques compagnons, le solitaire Anténor qui vivait retiré en un ermitage appelé le Châtelet, près de Remiremont, et obtint de vivre sous sa discipline. A la mort d’Anténor, Séhère le remplaça à la tête de la colonie à laquelle il fit embrasser la règle de Saint-Augustin. Appelé à la direction du monastère de Saint-Léon de Toul, il conserva néanmoins celle du Châtelet. Mais ce dernier ermitage étant devenu insuffisant par suite de l’accroissement du nombre des religieux, Séhère dut chercher un autre emplacement. Le seigneur de Chaumousey, Thierri, lui offrit asile sur ses terres, et Séhère, ayant choisi un lieu désert dans les bois, y vint en 1090 avec quelques disciples et y bâtit un oratoire qu’il dédia au Sauveur et à la Sainte Vierge, Thierri donna peu après au nouveau monastère le fief de Chaumousey, avec des dépendances et ses revenus. Séhère était toujours abbé de Saint-Léon, dont Chaumousey n’était qu’une dépendance. Après l’adoption solennelle de la règle de Saint-Augustin, Séhère fut élu abbé de Chaumousey, que l’évêque de Toul Pibon érigea en abbaye et dont il confirma le premier domaine en 1094. Il y eut un grave conflit entre Chaumousey et l’abbesse de Remiremont au sujet de la possession de la paroisse de Chaumousey, conflit qui ne fut réglé qu’à la suite de nombreux arbitrages. D’importantes donations vinrent augmenter le domaine de l’abbaye qui était déjà considérable lorsque Séhère mourut le 8 mai 1128. Le XIIe et le XIIIe siècle marquent une période de prospérité ; les donations continuent d’affluer et les confirmations successives des souverains pontifes et des ducs de Lorraine affermissent la puissance spirituelle et temporelle de l’abbaye. Mais nous n’avons pas à faire ici l’histoire de Chaumousey, qui a été l’objet, depuis le XVIIe siècle, de plusieurs études, et nous renvoyons le lecteur à la bibliographie que donne Arsène Thévenot à la fin de sa Notice. Nous devons toutefois signaler quelques événements importants de cette histoire. En 1595, sous l’abbatiat de François Pasticier I, eut lieu la séparation des menses et en 1653, l’abbaye fut unie à la congrégation de Notre-Sauveur, fondée par saint Pierre Fourier. On sait en effet que Pierre ou Poirson Fourier fit profession à Chaumousey, devint curé de Mattaincourt et fut le réformateur des chanoines réguliers de Lorraine. Cette réforme ramena l’ordre et la prospérité dans l’abbaye, dont elle fut également la restauration spirituelle. François Huguin, mort le 16 janvier 1738, fut le dernier abbé régulier ; la commende s’introduisit après une vacance de trois ans, avec Jean, comte de Krakinski, chanoine de Varsovie, aumônier de la reine de Pologne, duchesse de Lorraine, qui fut doté de l’abbaye le 13 avril 1741. L’abbaye de Chaumousey, bâtiments et dépendances, fut vendue comme bien national, le 27 prairial an IV (15 juin 1796), au citoyen Jean Hoener, imprimeur du département, pour la somme de 52 008 livres. Les archives de l’abbaye sont parvenues assez appauvries. Quelques originaux des XIIIe et XIVe siècles, dont le plus important est une charte du duc Mathieu II de 1249 (XII H 2), sont les seuls vestiges de l’ancien chartrier. Par bonheur, nous possédons le cartulaire établi sur l’ordre de l’abbé Jean de Buffignécourt en 1427, précieux registre où ont été transcrits 624 documents, bulles, diplômes et chartes, datés du début du XIIe siècle à 1545 (XII H 1).

Cote :

12 H 1 à 32

Inventaire d'archives :

Clergé régulier

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