Page d'histoire : Charles Nicolle Rouen (Seine-Maritime), 21 septembre 1866 - Tunis (Tunisie), 28 février 1936

Charles Nicolle, photographie non attribuée,
s. d., Paris, Académie nationale de médecine.
© Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine

Fils et frère de médecins, Charles Nicolle s’orienta naturellement vers des études médicales puis choisit la dermatologie et les sciences de laboratoire, compatibles avec sa surdité évolutive. Ainsi, durant son internat à Paris, se passionna-t-il pour la microbiologie, travaillant en particulier sous la direction d’Émile Roux dont il suivit les cours à l’Institut Pasteur, et consacrant sa thèse de doctorat à une maladie sexuellement transmissible : le chancre mou. Après une première carrière rouennaise comme directeur du nouveau laboratoire de bactériologie de l’école de médecine, puis comme chef de service à l’hospice général, il démissionna en 1902 pour prendre la direction de l’Institut Pasteur de Tunis.

À la tête de cet établissement, Charles Nicolle entreprit une vaste étude microbiologique des maladies qui sévissaient au nord du continent africain. Outre sa découverte en 1908 (avec Louis Hubert Manceaux) d’un nouveau parasite agent de la toxoplasmose humaine, ce sont surtout ses travaux sur le typhus qui lui valurent une renommée internationale. En 1909, avec Charles Comte et Ernest Conseil, il apporta la preuve expérimentale que cette maladie était transmise par les poux du corps. Cette découverte permit de mettre en oeuvre des mesures de prophylaxie effi caces et de sauver bien des vies grâce à l’épouillage systématique des sujets en provenance des régions contaminées. L’étude de cette maladie le conduisit par ailleurs à découvrir la notion d’infections inapparentes, « formes insoupçonnables de maladies contagieuses » : selon lui la plus importante des constatations qu’il lui fut donné de faire.

Deux distinctions majeures récompensèrent ses recherches sur le typhus : le prix Osiris décerné par l’Institut de France et le prix Nobel de physiologie et de médecine (1928). Titulaire depuis 1932 de la chaire de médecine du Collège de France, il déclarait : « Il y aura donc des maladies nouvelles. C’est un fait fatal. Un autre fait, aussi fatal, est que nous ne saurons jamais les dépister dès leur origine. Lorsque nous aurons notion de ces maladies, elles seront déjà toutes formées, adultes pourrait-on dire ( 1). »

La découverte du sida au début des années 1980 prouva que Charles Nicolle avait, hélas, pensé juste.

Sur la dalle de marbre de son tombeau à l’Institut Pasteur de Tunis, se trouvent gravés deux rameaux entrelacés, alliance du pommier et de l’olivier, de la Normandie et de la Tunisie.

Dr Karl Feltgen
Groupe Histoire CHU – Hôpitaux de Rouen

1. Charles Nicolle, Destin des maladies infectieuses, Paris, Félix Alcan, 3e éd., 1937, p. 226.

Source: Commemorations Collection 2016

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