Article : Les sources relatives aux rapatriés d'Algérie : introduction générale

Oran : rapatriés attendant le départ pour la France, 21 avril 1962 © Creuse/ECPAD/Défense

Ce guide numérique concerne les sources relatives aux rapatriés d’Algérie. Il s’adresse à tout public, connaisseur ou débutant, universitaire ou amateur, qui souhaite entamer une recherche sur le sujet. Il se compose, outre cette page de présentation, de deux autres parties :

Le guide présente les sources qui sont conservées en France dans les services publics d’archives. Il s'agit d'une sélection et non d'un recensement visant à l'exhaustivité, notamment pour ce qui concerne les sources territoriales. La partie "Pour aller plus loin" donne quelques pistes de recherche dans des institutions extérieures, qui seraient à compléter, sans aucun doute, par des fonds d'archives privées. La presse nationale et locale, parue de part et d’autre de la Méditerranée, constitue également une source importante à consulter.

Les informations, très dispersées dans les fonds et dans les institutions, entraînent une recherche qui peut s’avérer complexe. S’y ajoutent les problèmes liés aux noms de famille d’origine nord-africaine (homonymes, mention « snp » (sans nom patronymique), graphie défectueuse dans les documents de l’époque que l'on retrouve dans les inventaires décrivant les archives).

Les documents sont en grande majorité librement consultables. Certains sont cependant soumis à des restrictions de communication inscrites dans la loi quand ils comportent des informations relatives à la vie privée, au secret médical ou à des affaires portées devant les juridictions ; certains fonds sont placés sous le régime du protocole aux Archives nationales.

Sauf exception, les documents ne sont pas disponibles en ligne car ils ne sont pas numérisés.

Les liens dans le texte renvoient, sauf exception, à la description des archives sur le portail FranceArchives, qui renvoie lui-même sur le site des institutions conservant les documents.

Ce guide est le fruit d'une étroite collaboration interministérielle : piloté par le Service interministériel des Archives de France, il a été co-rédigé avec les Archives nationales, les Archives nationales d'outre-mer et la Préfecture de Police de Paris, ainsi qu'avec le ministère des Armées, qui a été très engagé dans le projet à travers la Direction de la mémoire, de la culture et des archives (DMCA), le Service historique de la Défense (SHD), l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) et l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD). Le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères y a apporté son précieux concours.

Algérie du Nord. Limites administratives, décret du 20 mai 1957 © ANOM (CP 700PL 45)

Voir aussi :  Les sources relatives à la guerre d'Algérie ; Les sources relatives aux Harkis ; Les sources relatives aux disparus de la guerre d'Algérie 

Contexte et définitions

À l’issue des accords d’Évian signés le 18 mars 1962, près de 650 000 personnes quittent l’Algérie pour se replier en France. Entre 1956 et 1961, près de 150 000 Français sont déjà partis d’Algérie pour la métropole qui accueille, dans le même temps, d’autres rapatriés venant des anciennes possessions françaises (colonies, protectorats) ayant accédé à l’indépendance comme l’Indochine ou le Maroc : c’est la première expérience de ce type de migration politique. Cependant, l’exode des rapatriés d’Algérie est différent par son aspect massif. Ainsi en 1962, en quatre mois, on compte plus de rapatriés/réfugiés qu’en cinq ans pour les précédentes migrations liées à la décolonisation.

Le terme « rapatrié » revêt une certaine complexité ; on peut distinguer le sens juridique et, en quelque sorte, le sens "commun" que lui donne le langage courant.

Le statut juridique du rapatrié

Les rapatriés sont, selon la loi du 26 décembre 1961, « les Français, ayant dû ou estimé devoir quitter, par suite d’évènements politiques, un territoire où ils étaient établis et qui était antérieurement placé sous la souveraineté, le protectorat ou la tutelle de la France ».

La loi de 1947 avait instauré un partage entre « citoyens français de droit commun » (Français de souche, Juifs naturalisés en 1870 par le décret Crémieux, « musulmans » ayant opté pour le droit français) et les « citoyens français de droit local » (« musulmans » demeurant sous le statut civil de droit local musulman ou coutumier berbère). Bien qu’en 1958, ne subsiste qu’une seule catégorie de Français en Algérie – à savoir les « Français à part entière » pour reprendre l’expression du général De Gaulle –, les textes administratifs continuent de distinguer les « Français de souche européenne » des « Français de souche nord-africaine ». Après l’indépendance, ces derniers, de statut de droit local, doivent effectuer en France une déclaration recognitive de nationalité française pour rester français. Ceux restés en Algérie deviennent de facto de nationalité algérienne.

Pieds-Noirs et Harkis

Si l’on se situe du côté du langage communément utilisé, deux « catégories » principales de rapatriés d’Algérie se dégagent :

Ils désignent la population la plus importante qui est constituée des Européens, nés à 70% sur le territoire. Ce terme serait originaire du Maroc. Employé de manière péjorative en 1962, il est ensuite revendiqué comme élément identitaire en France. Outre les Français, nombreux sont les étrangers d’Europe centrale (Allemands, Suisses) et surtout méridionale (Espagnols, Italiens, Maltais). En 1960, 1 021 047 Français « de statut civil de droit commun » résident en Algérie. La conscience commune d’appartenir à une même « communauté » ne se dessine véritablement qu’avec la rupture de 1962, l’exil constituant le groupe social pied-noir.

Les Juifs d’Algérie, naturalisés depuis 1870, sont étroitement associés aux Européens d’Algérie. Estimés à 120 000 personnes en 1962, environ 110 000 s’installent en France, tandis que quelques milliers se dirigent vers Israël.

  • Les Harkis

Ce terme générique désigne les Français musulmans ayant servi dans les formations supplétives civiles (voir les cinq catégories de supplétifs dans le guide Harkis). Après l’indépendance, il est parfois utilisé de manière extensive pour désigner des individus qui se sont placés du côté de l’armée ou du gouvernement français. Sur les 180 000 à 250 000 anciens supplétifs, environ 25 000 sont « transférés » en France et près de 90 000 en comptabilisant les membres de leur famille.

S’y ajoutent environ 50 000 "musulmans" rapatriés en France, issus des catégories non-supplétives (fonctionnaires, militaires de carrière, civils, craignant les représailles).

Au groupe des rapatriés proprement-dit, s’incorpore un groupe, tout aussi hétérogène et difficile à appréhender : celui des réfugiés/rapatriés. Ils désignent à la fois :

  • des « musulmans » qui ont quitté l’Algérie après l’indépendance (pour des motifs politiques et sécuritaires) mais qui sont restés de nationalité algérienne en France (qui n’ont pas opté pour la nationalité française) ;
  • des « Européens d’Algérie » (surtout Italiens et Espagnols) étrangers en Algérie et qui ont quitté l’Algérie pour la France (le bénéfice du statut de rapatriés n’est possible que sous certaines conditions).

Il est à noter que plusieurs milliers de Français d’Algérie sont restés en Algérie et ont pour certains acquis la nationalité algérienne (les « pieds-verts ») ; d’autres Français ont rejoint ce territoire pour des raisons idéologiques afin de participer à la fondation d’un véritable État socialiste (les « pieds-rouges »). D’autres encore se sont réinstallés dans des pays étrangers : Espagne, Argentine, Canada.

Vous pouvez aussi effectuer des recherches à partir des termes suivants :

Période chronologique

La période chronologique prise en compte dans ce guide commence en 1962 (même si certains fonds peuvent contenir des documents un peu antérieurs) et court jusqu'à aujourd'hui.

Cartes

La carte de gauche montre, par département, le pourcentage des rapatriés d'Algérie en métropole par rapport à la population totale après 1962. Celle de droite fait apparaître leur implantation plus durable grâce à la catégorie "rapatrié" créée pour le recensement de 1968.

Carte de répartition des rapatriés en France après 1962 © J. J. Jordi, C. Harrir et A. Perroy

Bibliographie

Pour une première orientation sur le sujet, voici quelques ouvrages qui peuvent être consultés :

  • ESCLANGON-MORIN (Valérie), Les rapatriés d'Afrique du Nord de 1956 à nos jours, Paris, L'harmattan, 2007.
  • JORDI (Jean-Jacques), Les pieds-noirs, Paris, Le Cavalier Bleu, 2008.
  • MOUMEN (Abderahmen), JORDI (Jean-Jacques Jordi, Préface), Entre histoire et mémoire. Les rapatriés d'Algérie : Dictionnaire bibliographique, Nice, Jacques Gandini, 2003.
  • SCIOLDO-ZURCHER (Yann), Devenir Métropolitain. Politique d’intégration et parcours de rapatriés d’Algérie en métropole (1954-2005), Paris, EHESS, 2010.
  • ZYTNICKI (Colette), 1962, fin de guerre et arrivée des pieds-noirs, Portet-sur-Garonne, Éditions midi-pyrénéennes, 2019.

Historique de l’administration chargée des rapatriés

Connaître l'historique de l'administration chargée des rapatriés - avec ses différentes institutions et leurs changements de nom - est un préalable pour qui veut commencer une recherche sur le sujet.

Archives nationales

La politique générale mise en œuvre par l’État est conçue et pilotée par une administration dédiée à la question des rapatriés dès août 1961. Il faut donc chercher prioritairement dans les dossiers de cette administration, et dans ceux des différents conseillers auprès de la Présidence comme auprès du Premier ministre, pour tout ce qui concerne la mise en place des politiques, leur suivi, leur déclinaison législative.

Accueil et réinstallation des Français d'outre-mer,
Journal officiel de la République française,
n°1215, 1962 (1998031/11) © AN 

 

C’est en effet le 24 août 1961 qu’est créé un secrétariat d'État aux rapatriés, avec à sa tête Robert Boulin. Lui succède en 1962 un ministère délégué auprès du Premier ministre, chargé des rapatriés (Alain Peyrefitte), puis entre 1963 et 1964, un ministère des rapatriés (François Misoffe). À partir de 1964 et jusqu’en 1981, les services et les attributions de ce ministère sont transférés au ministère de l'Intérieur. C’est en mai 1981 qu’est de nouveau institué un secrétariat d'État chargé des rapatriés, confié à Raymond Courrière (qui resta à ce poste jusqu’en 1986). D'abord placé auprès du Premier ministre, il est rattaché à partir du 24 mars 1983 au ministère des Affaires sociales et de la solidarité nationale. Du 20 mars 1986 au 28 septembre 1987, un secrétariat d'État aux rapatriés est confié à André Santini. Puis, ses dossiers sont transmis à Camille Cabana, ministre délégué auprès du Premier ministre.
Après le 10 mai 1988, la question des rapatriés est d’abord confiée au ministre des Affaires sociales et de l'emploi (du 10 mai au 23 juin 1988), secondé par un ministre délégué chargé de la Famille, des droits de la femme, de la solidarité et des rapatriés (Georgina Dufoix), puis à partir de 1991 au ministère des Affaires sociales et de l’intégration secondé d’un secrétariat d’État à la famille, aux personnes âgées et aux rapatriés (Laurent Cathala). À partir de 1993, ces questions sont confiées à Roger Romani, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des relations avec le Sénat et des rapatriés (versement 20180203). À compter de 1995 et depuis cette date, aucun membre du gouvernement n’a eu dans sa titulature officielle la charge des affaires relatives aux rapatriés. 
C’est dans les archives de ces services ministériels dédiés que l’on trouvera les séries les plus cohérentes. Tous les sujets y sont abordés : préparation des lois, statistiques, formations et emplois, retraites, logement, indemnisation, relations avec les associations, aspects mémoriels. 

Secrétaire d'État auprès du ministère des Affaires sociales
et de la Solidarité nationale chargé des rapatriés :
bulletin de liaison des Éducateurs n°6, s.d. (198770444/8) © AN

 


À cela s’ajoutent les dossiers des conseillers techniques auprès des présidents de la République qui permettent également d’aborder les questions de l'indemnisation, du logement, de l'aide sociale, des associations et de la mémoire (Présidence : Charles de Gaulle AG/5(1), Georges Pompidou AG/5(2), Valéry Giscard d’Estaing AG/5(3), François Mitterrand AG/5(4), (AG/5(5), AG/5(6), AG/5(7)). 
Les dossiers de conseillers de cabinet des Premiers ministres portent sur des sujets sensiblement équivalents. Pour les Cabinets de Pierre Mauroy et Laurent Fabius, Premiers ministres (1981-1986), on s’orientera vers les dossiers de Jean-Dominique Comolli, chargé de mission puis conseiller technique. Dans ceux de Gilles Johannet, Christian Rollet et Philippe Calavia, conseillers techniques, on trouve notamment le projet de création d'un centre destiné à la préservation et au développement du patrimoine culturel des Français rapatriés (1984-1985).
Pour le Cabinet de Michel Rocard, Premier ministre (1988-1991), dans les dossiers de Rémy Pautrat, conseiller technique au cabinet du Premier ministre pour la sécurité, on trouve des éléments sur la création et les activités d’une Mission de réflexion sur la communauté rapatriée d'origine nord-africaine (1990-1991).
Pour le Cabinet d’Édouard Balladur, Premier ministre (1993-1995), on cherchera dans les dossiers de Francis Lamy, conseiller technique pour les affaires juridiques. On y trouve notamment tout ce qui concerne la préparation de la loi du 11 juin 1994 relative aux rapatriés anciens membres des formations supplétives et assimilés ou victimes de la captivité en Algérie.
Dans le Cabinet d’Alain Juppé, Premier ministre (1995-1997), les dossiers d’Henri Savoie, conseiller technique, abordent notamment la question du changement d'immatriculation au répertoire national d'identification des personnes physiques (RNIPP), des revendications et manifestations et du centre de Bias (Lot-et-Garonne). 

Office national à l'action sociale, éducative et
culturelle pour les Rapatriés :
Lettre aux associations, juin 1985 (19870444/10) © AN

Dans le Cabinet de Lionel Jospin, Premier ministre (1997-2002), c’est la conseillère technique pour la santé publique, les droits des femmes et l’intégration, Danièle Jourdain-Menninger, qui traite de ces questions. Y apparaissent notamment en 2001 la création de la Commission consultative des rapatriés et la première journée nationale d'hommage en septembre 2001. Le suivi des mesures spécifiques aux Harkis relève d’Olivier Coste, conseiller technique pour l’industrie, et d’Isabelle Kocher, conseillère technique pour la Défense, puis conseillère pour les affaires industrielles (versement 20110021). Il convient également d’explorer les dossiers de Jacques Rigaudiat, conseiller social (versement 20080331).
Pour le Cabinet de Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre (2002-2005), dans les dossiers d’Aude Gouble, conseillère technique, chef du secrétariat particulier du Premier ministre (versement 20100246), dans les dossiers d’André Viau et de Pierre-Étienne Bisch, conseillers pour les affaires intérieures et l'outre-mer (versement 20110026), et dans les dossiers d’Emmanuel Charron, conseiller technique pour les cultes et les libertés publiques (versement 20110029), on trouve notamment l’installation de la Mission interministérielle aux rapatriés et le suivi de son activité, la mission confiée à Michel Diefenbacher, député de Lot-et-Garonne, ayant donné lieu à la remise du rapport intitulé « Parachever l'effort de solidarité nationale envers les rapatriés » en septembre 2003 et la préparation de la loi du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés.
Pour le Cabinet de François Fillon, Premier ministre (2007-2012), c’est le conseiller technique en charge de la politique de la ville, de l’intégration et de la lutte contre l’exclusion, Éric Étienne (versement 20140242) qui assure le suivi de la politique mémorielle et la mise en œuvre du "Plan emploi Harkis".

Enfin, cet ensemble est complété par les dossiers de la Délégation aux rapatriés (DAR) instituée par le décret du 29 septembre 1988 et placée auprès du ministère en charge des Affaires sociales, avec pour mission la mise en œuvre des mesures de solidarité nationale décidées par les pouvoirs publics, puis de la Mission interministérielle aux rapatriés (MIR), créée par décret du 27 mai 2002 et placée auprès du Premier ministre (versements 20160008, 20160073, 20160209, 20170071, 20180315, 20180487). Les attributions de la MIR, à la suite de sa suppression par décret du 28 décembre 2014, sont transférées à l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG). Ces dossiers permettent de suivre les activités et le fonctionnement de la DAR et de la MIR, concernent le Haut Conseil aux rapatriés et la Commission consultative des rapatriés, donnent des informations sur les difficultés rencontrées par les Harkis, la politique sociale et les dispositifs d’aide, la politique mémorielle et les relations avec les associations.

Mission interministérielle aux rapatriés :
Réponses Rapatriés n°5, juillet 2001 © AD 37

 

Pour aller plus loin
Aux Archives nationales, on pourra compléter ces informations en consultant les dossiers documentaires du Secrétariat général du gouvernement sur le thème des rapatriés (versements 19840559, 19840560, 19840563, 19870451, 19870454, 19870488, 19870507, 19880001, 19910858, 19950312, 20000042, 20000437, 20030277), les dossiers des chargés de mission au Secrétariat général du Gouvernement (versements 19870453, 19880003, 20100017) et les archives de Nafissa Sid Cara, ancienne secrétaire d'État chargée des questions sociales en Algérie et de l'évolution du statut personnel de droit musulman qui, après son départ du Gouvernement Debré, poursuivit son action en faveur des musulmans de France, des Harkis et des rapatriés (103 AJ).

Les papiers Christian Fouchet comprennent des dossiers datant de mars à juillet 1962 lorsqu’il était Haut-commissaire de la République en Algérie. On pourra également penser aux dossiers de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE) (versements 20130190, 20130326).

Des compléments peuvent être cherchés dans les collections de circulaires, notamment sur le rapatriement, l’hébergement, l’emploi des Harkis en 1962 (Ministère de l’intérieur, versement 19920230) et dans les études réalisées à la demande de l’administration (Ministère de l’Intérieur, versement 19900595 ; Ministère chargé des Affaires sociales, versement 20140104).

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

Aux Archives diplomatiques de La Courneuve, se trouvent dans le fonds du Secrétariat d’État aux affaires algériennes des éléments relatifs à la mise en place de la règlementation sur les rapatriés dans les comptes rendus des réunions du comité des affaires algériennes, et dans les dossiers portant sur les négociations des accords d’Évian.

Organisation des services français et création des centres départementaux d’orientation et de reclassement des rapatriés, janvier 1963 © MEAE (21PO/1) 
© MEAE

Au Centre des archives diplomatiques de Nantes, c’est le fonds des archives rapatriées de l’ambassade de France à Alger (21PO/1) qui conserve le plus de sources sur les rapatriés d’Algérie. De façon générale, on trouvera également des éléments dans le fonds des consulats français en Algérie, notamment ceux d'Alger (23PO), d'Oran (492PO) et d'El Asnam (ex-Orléansville) (216PO).

L’ambassade œuvre avec le réseau des consulats et consulats généraux auprès desquels sont instaurés, dès 1963, 15 centres départementaux d’orientation et de reclassement chargés d’assurer une liaison permanente avec les préfets algériens. Elle travaille en liaison directe avec la délégation de l’Agence des biens et intérêts des rapatriés et également avec l’Association de sauvegarde (créée en 1962 et dissoute en 1966) ; celle-ci joue un rôle important auprès des rapatriés algériens  et est également installée dans les locaux de l’ambassade : une partie de ses archives se trouve classée en 21PO/1. Des comités de bienfaisance se mettent en place ; ils sont aux premières loges pour répondre aux enquêtes sur les besoins en rapatriement, la prise en charge sanitaire et les crédits nécessaires aux consulats sur ces questions. 

Les archives de l’ambassade permettent de saisir le climat dans lequel s’organise le départ immédiatement après l’indépendance mais aussi de constater l’évolution dans le temps des conditions d’accueil en France, des formalités préalables exigées par l’Algérie, ou encore de l’état physique et mental des Français qui quittent définitivement l’Algérie des années après l’indépendance.

Ainsi, on trouvera dans les archives de l’ambassade des éléments sur les opérations d’« évacuation » et de « transfèrement », des bilans sur le nombre de rapatriements, sur les montants alloués, mais aussi sur le travail d’inventaire et de recensement des biens des rapatriés le plus souvent laissés sans consignation ou mesures de sauvegarde, ou bien frappés de confiscations ou d’exactions. Citons le recensement de ces biens dès 1962 (en 1969, 100 000 dossiers sont centralisés par la délégation en Algérie de l’Agence des biens et intérêts des rapatriés). D’autres tableaux dressent l’état des Français restés en Algérie (par exemple leur répartition par profession, 21PO/1/242) et l’évolution de la présence française en Algérie dans les premières décennies après l’indépendance.

Le rapatriement des personnes et des biens

Service historique de la Défense (SHD)

Pour aborder le sujet de façon globale, il faut se reporter au fonds majeur concernant l’Algérie, à savoir celui de l’administration militaire en Algérie (GR 1 H) : une cinquantaine de dossiers s’échelonnant entre 1953 et 1964 portent largement sur les rapatriés. Un dossier dans le fonds de la sous-direction des bureaux (GR 3 R 79) donne un éclairage sur les aspects juridiques et réglementaires de leur situation. Les aspects concernant les politiques publiques à l’égard des rapatriés sont très épars et ne constituent que de minces dossiers dans le fonds du Secrétariat général pour l’administration (GR 19 R 181) et dans celui du Service central de l’action sociale des armées (GR 23 R 16).

Des Européens chargent leurs meubles sur un camion dans un quartier d'Alger en juin-juillet 1962
Alger, Diar es Saada, juin-juillet 1962. La valise ou le cercueil. [légende d'origine] © ECPAD/Fonds Dominique Mestrallet/Dominique Mestrallet (D191-4-221)

En revanche, les politiques sociales mises en œuvre pour assurer les rapatriements sont mieux documentées, notamment dans les fonds du cabinet (GR 1 R ; GR 21 R) et de l’État-Major des armées. Parmi ces derniers, ceux de la division organisation-logistique (GR 8 S) et ceux de la division emploi (GR 11 S) pour une période concentrée sur les suites des accords d’Évian (1962-1968) couvrent plus précisément l’aspect logistique et matériel des conditions des rapatriements.

Les ressources issues des fonds de la Marine apportent également un éclairage sur les conditions de retour. Elles sont concentrées dans les fonds de la correspondance au départ (MV 3 BB2), du Service administratif (MV 3 BB8), de l’inspection générale (MV 3 BB3) et des attachés de mer en poste à Alger (MV 3 BB7). Des éléments sont également disponibles dans les entités portuaires, à Brest et à Toulon notamment.

Note de service du Commandement supérieur des Forces armées françaises en Algérie organisant la protection et le transfert des personnes civiles menacées, 29 juin 1963 © SHD (GR-1-H-2799)

On trouvera des informations moins immédiatement identifiables dans les fonds de la gendarmerie nationale, en particulier dans les archives de la direction générale de la gendarmerie nationale et celles des unités de gendarmerie implantées en Algérie (2010 ZM 4).

Le SHD conserve également des témoignages oraux de personnes ayant participé à la guerre d'Algérie ; il s'agit majoritairement de Harkis mais l'on trouve aussi des personnalités du monde politique, des médias ou de la culture, des militaires et civils français (voir guide Harkis).

Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD)

L'ECPAD conserve six reportages photographiques sur les rapatriés d’Algérie, réalisés par le Service cinématographique des armées (SCA).

Trois reportages sont particulièrement représentatifs du départ des populations civiles vers la métropole : les deux premiers (ALG 62-69 et ALG 62-85), datés d’avril 1962, abordent respectivement le départ de familles européennes d’Algérie sur l’aérodrome de Maison-Blanche en grève, puis la protection des populations européennes sur le port d’Oran par les militaires avant leur embarquement. Le troisième reportage (ALG 62-162), réalisé à Bône en novembre 1962, illustre le départ de harkis et de leurs familles.

Des familles déchargent leurs valises sur un quai du port d'Oran en avil 1962n attendant leur embarquement
Familles partant du port d'Oran pour la France, aidées par des soldats, 21 avril 1962 © Creuse/ECPAD/Défense (ALG 62-85 R19)

Trois autres reportages offrent des points de vue complémentaires sur ce sujet : ALG 58-18 propose une représentation théâtrale sur le thème de la vie quotidienne des Pieds-Noirs dans les années 1950 ; ALG 62-135 témoigne du rapatriement de statues de généraux et de notables datant de la conquête algérienne de 1830 ; F 64-21 montre une cérémonie officielle de remise d’une médaille d’honneur à une femme rapatriée d’Algérie.

File d'attente à l'aéroport d'Alger en avril 1962
Aérogare de l’aéroport de Maison-Blanche à Alger pendant la grève des transporteurs aériens : l'attente dans le terminal, 3 avril 1962 © Nicaise/ECPAD/Défense (ALG 62-69 R37)

Il existe aussi un reportage réalisé par un appelé du contingent qui présentent des vues réalisées au cours d’une patrouille à Alger et dans ses faubourgs, dont le déménagement d’une famille européenne (D191-4-215 et D191-4-221).

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

Aux Archives diplomatiques de La Courneuve, plusieurs fonds d’archives permettent d’appréhender l’organisation et la mise en œuvre des rapatriements, y compris financières. Ainsi, dans le fonds des Services de liaison avec l’Algérie, on trouvera des dossiers d’assistance aux rapatriés, des dossiers relatifs à l’agence de défense des biens et intérêts des rapatriés et aux biens agricoles spoliés et nationalisés. En complément, le fonds des Affaires consulaires présente plusieurs dossiers généraux sur les rapatriements, ainsi que quelques cas particuliers de rapatriés. Enfin, le fonds de l’Office des biens et intérêts privés comprend une série (56BIP) relative à l’indemnisation des biens de ressortissants français sur le territoire algérien à la suite de l’indépendance, au sein de laquelle sont conservés de nombreux cartons de textes réglementaires, et décisions administratives relatives aux revendications, aides et indemnisations.

 Rapport économique du centre d’orientation et de reclassement de Tizi-Ouzou, février 1963 © MEAE (21PO/1/241)
© MEAE

Archives nationales

On peut noter quelques articles sur l’organisation du rapatriement et sur la passation de pouvoir entre administration française et algérienne, pour les Travaux publics (19800534/3) ou Air France (20150415/293 ; 20150415/798) et les PTT (19830045/1-3 ; 19840249/16). L’administration des PTT a fait établir des états du personnel touché par les événements d’Algérie et une liste des victimes (1960-1962) (19840480/1).

La statue équestre du duc d'Orléans enchaînée sur une remorque en attendant son rapatriement vers la France en jullet 1962
Statue équestre du Duc d'Orléans enchaînée sur une remorque pour être rapatriée en France, 14 juillet 1962 © Gérard Py/ECPAD/Défense (ALG 62-135 R3)

Archives nationales d'outre-mer

Les archives rapatriées (1961-1962)

La question du rapatriement, en métropole, des archives de l’administration coloniale française en Algérie précéda celle des populations. En effet, les transferts d’archives, envisagés dès décembre 1960 par le ministre d’État chargé des Affaires algériennes et évoqués dans les fonds du Service des archives et de la bibliothèque du gouvernement général de l’Algérie, furent mis en œuvre entre avril 1961 et juin 1962, soit avant les rapatriements massifs de population du deuxième trimestre de l’année 1962. Pour la Direction des Archives de France (DAF), elle ne consistait pas en une opération exceptionnelle, notamment parce qu’elle avait géré les précédents de l’Indochine, de Madagascar et de l’Afrique équatoriale française (AEF). Pourtant, elle devait se heurter aux conditions matérielles et humaines parfois précaires du fait de la guerre d’indépendance algérienne et de ses conséquences pour l’administration en place.

Entassement de sacs postaix contenant des archives rapatriées en 1966
Sacs postaux contenant les archives rapatriées, 1966 © ANOM

Afin d’assurer la continuité administrative avec le nouvel État indépendant et de préserver les intérêts des populations locales, les archives dites de gestion (archives municipales, archives hospitalières, cadastre, archives notariales, recensements de population, minutes des tribunaux, archives des chambres de commerce, etc.) sont laissées sur place tandis que les archives de souveraineté (relatives aux frontières, aux cabinets, aux polices, à l'armée, à la diplomatie, à la justice) sont conditionnées dans des sacs postaux par les archivistes pour être confiées aux forces armées de terre et de mer chargées du transport des documents à partir des bases navales de la marine en Afrique du Nord (AFN).  L’opération doit s’effectuer dans une quasi-clandestinité afin de ne pas apparaître, dans l’opinion européenne, comme le prélude à une évacuation définitive.

Organisation du transfert des archives pour microfilmage, 31 mars 1961 © ANOM (GGA59S9)

De 1961 à 1966, les archives rapatriées sont entreposées dans différents sites avant de former, par création, le dépôt d’Aix-en-Provence dit Centre des archives d’outre-mer (CAOM) qui ouvrira ses portes au public en 1966 et deviendra les Archives nationales d’outre-mer (ANOM) en 2007. Il accueille les fonds territoriaux rapatriés ainsi que, depuis 1987, les fonds des ministères et secrétariats d’État chargés de l’Algérie ainsi que les fonds entrés par voie extraordinaire ou fonds privés.

Le bâtiment des Archives nationales d'outre-mer en 1966
Les Archives nationales d'outre-mer en 1966 © ANOM

Les personnes rapatriées

Les archives du cabinet civil du dernier délégué général du gouvernement en Algérie, Jean Morin, en fonction de novembre 1960 à mars 1962, ne renferment sur la question des rapatriés que des bulletins quotidiens de départs de la police de l’air et des frontières. Les rapatriements d’archives ayant précédé ceux des populations, les archives des préfectures ne mentionnent pas de service dédié. Elles évoquent uniquement la constitution du mouvement des Français d’Algérie sous l’angle de la surveillance, effectuée par les services des renseignements généraux notamment, ou des garanties à accorder aux Français d’Algérie.

Flash Méditerranée, n°11, été 1962 © Archives de Toulon (47PER11)

Dans le fonds du ministère d’État chargé des Affaires algériennes, bon nombre de documents consistent en des études préparatoires aux textes réglementaires concernant les rapatriés, le secrétariat d’État aux rapatriés consultant le ministère des affaires algériennes. On définit juridiquement les rapatriés, on en dresse les différentes catégories (militaires, supplétifs, fonctionnaires, professions libérales, agriculteurs, etc.), chacune réclamant un traitement particulier ; on échafaude des hypothèses sur les « éventuels rapatriés d’Algérie ».

Flash Méditerranée, n°11, été 1962 © Archives de Toulon (47PER11)

Enfin, il est important de mentionner les archives privées, notamment le fonds d’archives d’entreprise de Gabriel Duhamel qui évoque l’histoire de sa Compagnie agricole oranaise et ses problèmes de fonctionnement du fait des départs d’Européens en 1962, ainsi que celui de Georges Dahmar, premier prêtre kabyle à être ordonné en 1947 et qui quittera l’Algérie en 1961 pour rejoindre la métropole. Ses papiers personnels évoquent diverses associations de rapatriés, notamment celle des prêtres (correspondance et presse). Le fonds des Églises protestantes d’Algérie relate la situation créée par l’indépendance en Algérie, en particulier sous l'angle des indemnisations.

Façade du centre d'accueil des réfugiés d'Algérie à Neussargues-Moissac
Centre d'accueil des réfugiés d'Algérie de Neussargues-Moissac, juillet 1962 © Archives du Cantal (31NUM 7856-7866)

Préfecture de police de Paris

Dans le fonds du Cabinet du préfet se trouve une liste des rapatriés arrivés par les airs dans le Département de la Seine pour la première semaine de juillet 1962 (190 W 27-28).

Groupe de rapatriés dans le réfectoire d'un centre d'accueil du Cantal
Groupe de rapatriés dans le centre d'accueil de Neussargues-Moissac, juillet 1962 © Archives du Cantal (31NUM7856-7866)

Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP)

Des photographies permettent de documenter le centre d'accueil destiné aux rapatriés arrivés en France par l'aéroport du Bourget, où l'AP-HP intervient pour assurer leur surveillance médicale, notée dans des carnets de suivi (754W/1-754W/5 ; 51FI/77-51FI/86).

Correspondance de l'AP-HP relative à la création du centre d'accueil du Bourget, 5 juin 1962 © AP-HP (754 W)
© AP-HP (754 W)

Archives territoriales

Les rapatriés arrivent en France par bateau (Hérault) ou par avion (Gironde, 1347AW10-12), principalement à Marseille et à Paris, mais également sur tout le littoral méditerranéen, à Port-Vendres, Port-Saint-Louis-du-Rhône, Sète ou Toulon (1AV2-5), sur des bâtiments de la Marine nationale, des paquebots affrétés par des compagnies maritimes, des chalutiers, des minéraliers, des bananiers ou de simples barques de pêcheurs, avant d'être accueillis dans des centres de transit (Moselle) par des comités locaux d’accueil (Côte-d'Or ; Essonne ; Lot-et-Garonne) et des associations comme la Croix-Rouge (Marne), puis dirigés vers des centres d'hébergement ouverts dans tout l’hexagone et aménagés par les préfets dans des locaux déjà disponibles ou provisoires : des chalets démontables dans une cité HLM en construction à Marseille (1170W290), une caserne dans la Meuse (1905W218) et un ancien camp militaire à Toulon (Var, 436W1223, 524W1543), une auberge de jeunesse à Strasbourg, des hôtels en Saône-et-Loire, un château dans le Cantal, une cité universitaire dans la Vienne et les malades en Charente-Maritime, à l'hôpital de Rochefort-sur-Mer. Devant l'urgence de la situation, l'armée et la SNCF attribuent du matériel et de la literie (Loiret ; Meuse 1905W220 ; Saône-et-Loire ; Vienne). Des familles sont séparées (Meuse 251W2818 ; Vienne), d'autres ont dû laisser à Marseille ce qu'ils ont pu ramener d'Algérie (Meuse 251W2818 ; Vienne) et les mineurs isolés sont pris en charge par la DDASS (Saône-et-Loire).

Flash Méditerranée, n°11, été 1962 © Archives de Toulon (47PER11)

Des listes nominatives des personnes accueillies sont conservées dans les fonds des préfectures, sous-préfectures et communes (Cantal, Côte-d'Or Gard ; Hérault ; Indre-et-Loire ; Isère ; Loiret ; Maine-et-Loire ; Morbihan ; Pas-de-Calais ; Vaucluse ; Cholet ; Strasbourg) notamment dans les dossiers émanant des services départementaux des rapatriés (Rhône), des Affaires sanitaires et sociales (Hérault) ou de la Direction départementale des Renseignements généraux (Finistère ; Loire-Atlantique).

Groupe de rapatriés dans le parc du château de Saint-Angheau (Cantal) en août 1962
Groupe de rapatriés au château de Saint-Angeau, 15 août 1962 © AD du Cantal (31NUM 7963)

Les ressources culturelles et pédagogiques

Les Archives des Alpes-Maritimes ont organisé en 2012-2013 une exposition, "Les Alpes-Maritimes et les guerres du XXe siècle", qui présente notamment l'arrivée des rapatriés et leur rôle dans le renouveau et le développement des Alpes-Maritimes à la fin du XXe siècle ; l'exposition itinérante " Là-bas-Dordogne-Algérie (1830-1962)" des Archives de la Dordogne, associée à une publication, se décline autour de parcours individuels à travers des témoignages oraux, des photographies, des documents d’archives et des textes.

Des personnalités déposent une gerbe devant le Mémorial des rapatriés du square Alsace-Lorraine à Nice lors des journées "25 ans après" en 1987
Dépôt de gerbe devant le Mémorial des rapatriés du square Alsace-Lorraine à Nice lors des journées "25 ans après, juin 1987 © Archives de Nice (860W1987/4470)

Les Archives des Hautes-Pyrénées ont réalisé un dossier pédagogique, "Sur les routes. Les migrations dans les Hautes-Pyrénées (XIXe-XXe siècles)", qui aborde les thèmes des migrations des Pyrénéens vers l'Algérie et l'arrivée des rapatriés ; "Puy-de-Dôme-Algérie (1954-1962). Histoire commune, destins croisés", (Archives du Puy-de-Dôme) leur consacre une partie. Les Archives de Cannes en proposent également, "Rapatriement et exode 1962" et "Intégration et réintégration : les efforts de l’État français, la situation des rapatriés", comme celles de Nice, "1962-2022 : Nice et les Rapatriés, soixante ans d’existence partagée", qui organisent également une exposition itinérante  sur les 60 ans d’histoire de l’intégration des rapatriés à Nice.

Pèlerinage à Notre-Dame de Santa Cruz (Gard) : bus de pèlerins [1965] © Archives du Gard (18Fi337)
Vue de la deuxième Maison des rapatriés de Montpellier lors de sa construction en 1987
Construction de la deuxième Maison des Rapatriés de Montpellier [1987] © Archives de Montpellier (DIA370/1)

Pour aller plus loin

Presse

La presse locale et nationale fournit de précieuses informations sur l'arrivée des rapatriés et leur installation : FranceArchives propose un panorama de la presse, des journaux et des imprimés numérisés par les services d'archives. De grands titres comme L'Aurore, Le Monde, L'Express et Paris-Match sont conservés par la Bibliothèque nationale de France ; Combat est disponible sur Gallica, comme le Bulletin municipal officiel de Paris et celui de Toulouse. à partir desquels les situations locales pourront être étudiées ; on trouvera également dans Vie et Bonté - France Croix-Rouge, l'organe officiel de la Croix-Rouge, des articles et des illustrations relatifs à l'arrivée et à l'accueil des rapatriés, notamment à l'aéroport d'Orly, et dans France-Aviation, une publication d’Air France, les mêmes documents sur les voyages par avion vers l'hexagone.

French Lines et Cies, patrimoine maritime et portuaire, propose dans son bulletin n°56 de janvier 2008 un dossier sur la mémoire maritime du rapatriement, qui évoque le départ précipité d'Algérie des rapatriés et les conditions de leur voyage vers la France à bord des paquebots des compagnies maritimes.

Affiche pour les Journées du patrimoine, 2012 © Archives de Toulon (8Fi25)

Témoignages oraux, reportages et films documentaires

Sont présentées ici des exemples de sources orales et audio-visuelles sur les rapatriés conservées dans d’autres institutions ainsi qu’un certain nombre de films documentaires réalisés sur le sujet.

Témoignages oraux et reportages

L'Institut national de l'audiovisuel (INA) conserve des reportages sur des familles de Pieds-Noirs installées en Argentine (1964) et d'autres en Espagne (1969) ainsi que sur une fête des Pieds-Noirs à Marignane en 1968  ; SUDORAMA, un de ses sites dédiés aux mémoires du sud de 1940 à nos jours, en propose un sur le départ d'Algérie et l'arrivée à Marseille, sur la visite du secrétaire d'État aux Rapatriés le 12 juin 1962 à Marseille, sur les Juifs rapatriés d'Algérie partis de Marseille en 1962 pour Israël et sur l'installation de Pieds-Noirs à Carnoux dans les Bouches-du-Rhône ; un autre de ses sites, Regard sur le Gers, les témoignages de rapatriés gersois.

Gaumont Pathé Archives conserve un reportage, "Les Pieds-Noirs rapatriés d'Algérie", réalisé le 16 juin 1962 sur l'embarquement des rapatriés à Alger et leur arrivée en France.

Le Centre de documentation national des Français d’Algérie à Perpignan, créé en 1974 par le Cercle algérianiste, première association nationale de Français d'Afrique du Nord, conserve des documents (correspondance, carnets, manuscrits, presse, tracts, objets, photographies, cartes postales, témoignages oraux, films, etc.) relatifs à l'Algérie d'avant 1962, à l'exode et à l'installation des rapatriés. À Aix-en-Provence, le Centre de documentation historique sur l'Algérie (CDHA) a entrepris en 2011 de recueillir des témoignages oraux de rapatriés et a lancé un podcast, "Et de nous qui se souviendra ?", dans lequel sont interviewés les derniers Pieds-Noirs, notamment l'un d'eux ayant fait le choix de partir en Australie.

Pèlerinage à Notre-Dame de Santa Cruz : la procession [1965] © Archives du Gard (18Fi364)

Films documentaires

Archives municipales d'Antibes Juan-les-Pins-27Fi312.jpg
Stand de l'association "Amicale des rapatriés d'Afrique du Nord" lors de la Fête des traditions d'Antibes, 1997 © Archives d'Antibes (27Fi312)

Thèmes :

Rapatrié

Lieux :

Algérie

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