Article : Les sources écrites relatives aux Harkis

Note de service du Commandement supérieur interarmées relative aux harkas, 20...

Cette page présente les sources écrites relatives aux Harkis, qui sont conservées en France dans les services publics d’archives (pour la définition qui est donnée aux Harkis, on se reportera à l’introduction générale du guide).

Deux périodes sont distinguées :

  • Avant 1962 et la fin de la guerre d'Algérie : les sources sont conservées principalement aux Archives nationales d’outre-mer, au Service historique de la Défense ainsi qu’au Centre des Archives diplomatiques de Nantes.
  • Après 1962 et le début des rapatriements en France : les sources sont plus abondantes et davantage dispersées, à la fois sur le territoire (Archives nationales et archives territoriales) et dans les fonds, étant donné la répartition géographique des rapatriés en France et leur insertion peu à peu dans tous les domaines de la société. Cette situation explique que l’on peut trouver des renseignements les concernant dans des fonds très divers. Pour ce qui regarde les archives territoriales, sont présentés ici des fonds et des documents à titre d'exemples de ce qui peut être conservé dans ce type de services. Pour rendre la présentation plus claire, plusieurs thématiques ont été dégagées, qui peuvent se recouper dans certains cas : 
    • Historique de l’administration chargée des rapatriés
    • Dossiers et renseignements individuels
    • Les politiques publiques
    • Les politiques sociales
    • Camps, cités, hameaux de forestage
    • Répressions et revendications

La dernière partie intitulée "Pour aller plus loin" donne quelques pistes de recherche dans des institutions extérieures.

Ces pistes ne sont pas limitatives ; sans doute faudrait-il aussi explorer des fonds d'archives privées. En tout état de cause, on ne peut oublier de citer l’importante source que représente la presse nationale et locale, parue de part et d’autre de la Méditerranée.

Vu la masse et la dispersion des informations, la recherche peut donc s’avérer complexe dans les fonds. S’y ajoutent des problèmes liés aux noms de famille des anciens supplétifs : nombreux homonymes, mention « snp » (sans nom patronymique), ou graphie défectueuse dans les documents de l’époque et que l’on retrouve dans les inventaires qui décrivent les archives.

Les documents sont en grande majorité librement consultables. Certains sont cependant soumis à des restrictions de communication inscrites dans la loi quand ils comportent des informations relatives à la vie privée, au secret médical ou à des affaires portées devant les juridictions ; certains fonds sont placés sous le régime du protocole aux Archives nationales.

Sauf exception, les documents ne sont pas disponibles en ligne car ils ne sont pas numérisés.

Les liens dans le texte renvoient à la description des archives sur le portail FranceArchives, qui renvoie lui-même sur le site des institutions conservant les documents.

Voir aussi :

SAS de Berrouaghia : moghazni décoré de la Valeur militaire,
11 novembre 1959 (3 SAS 119) ©ANOM 

Avant 1962

Archives nationales d’outre-mer (ANOM)

Les Archives nationales d'outre-mer à Aix-en-Provence conservent les archives des administrations civiles d’Algérie qui furent transférées en 1961-1962, ainsi que le fonds du ministère des affaires algériennes (81 F).
Seul ce dernier comporte des dossiers relatifs au transfert en métropole de supplétifs de la guerre d’Algérie.

Le fonds des sections administratives spécialisées (SAS) est le seul qui soit exclusivement consacré à cette institution et à ses agents, qui, lorsqu’ils étaient armés, portaient l’appellation de moghaznis. Ce fonds contient les archives produites aux différents échelons hiérarchiques, du service central du personnel aux sections, en passant par les échelons départementaux et d’arrondissement. De nombreuses sections comportent des listes nominatives et des dossiers individuels d’agents et de moghaznis. Toutes les activités des SAS sont concernées, qu’il s’agisse de renseignements, maintien de l’ordre, activités administratives, sociales et économiques ; il faut cependant noter l’absence presque totale des sections de la région d’Oran.

Le processus de création des SAS et des harkas, de 1955 à 1956, les expériences préalables (les opérations Pilote, Orléansville, nord-algérois, Bosquet, Saint-Charles), la mise en place d’une nouvelle organisation font l’objet de dossiers au cabinet militaire et au cabinet civil du Gouverneur général, puis Délégué général, ainsi qu’au ministère des affaires algériennes.
Il en est de même des équipes médico-sociales itinérantes et de leur personnel féminin, ainsi que des Groupes mobiles de police rurale (GMPR), devenus Groupes mobiles de sécurité (GMS), unités de supplétifs des services de police.

SAS de l’arrondissement de Médéa : enfants avec un militaire, s.d. (3 SAS 119)
©ANOM 

Le soutien, l’encadrement administratif et la gestion de ces unités (recrutement, effectifs, armement, crédits, soldes, frais d’hospitalisation, statut, votes) se retrouvent dans les dossiers des services du Gouvernement général, des préfectures (Alger, Constantine, Oran et autres préfectures), sous-préfectures et communes mixtes.
Il est important de noter que ces différents fonds, élaborés et tenus naturellement, à l’origine, de façon diverse, ont connu en outre des conditions de déménagement et de transfert qui n’ont pas été identiques, et peuvent donc présenter désormais un caractère d’hétérogénéité.

L’activité des unités de supplétifs est mentionnée dans les rapports périodiques des différentes forces de l’ordre, présents dans les fonds administratifs, notamment dans ceux des cabinets du Gouverneur général et des préfets, des directions de la police générale (départements d'Alger et d'Oran), des centres de liaison et d’exploitation (CLE), et des Bureaux spécialisés de la Défense nationale (BSDN) des différents départements algériens.

Les attaques et attentats subis par ces unités se retrouvent également dans les messages et bulletins périodiques reçus par les administrations, ainsi que dans les fonds des services de police. Le fonds du Service régional de police judiciaire d'Alger (SRPJ), le seul dont les répertoires alphabétiques et les fichiers soient parvenus (avec des lacunes) aux ANOM, permet de repérer des unités GMS, Groupes d'autodéfense (GAD) et SAS victimes d’attentats et de harcèlements. La recherche d’attentats demeure cependant globalement difficile et très aléatoire, dans des séries souvent incomplètes et classées chronologiquement. L’indexation des dossiers des SRPJ d’Oran et Constantine n’est pour l’heure pas encore réalisée.

SAS de l’arrondissement de Médéa :
deux cavaliers d’un maghzen, s.d. (3 SAS 119) ©ANOM 

 

Unités spécifiques, les makhzens sahariens et leurs moghaznis font l’objet de dossiers  et registres de la direction des Territoires du Sud du Gouvernement général (GGA 21H et GGA 22HH) et des départements des Oasis et de la Saoura.

Les représailles visant les supplétifs après l’indépendance de l’Algérie sont évoquées dans le fonds des Églises protestantes d’Algérie (208 APOM) et dans les bulletins de renseignement militaire présents dans le fonds du ministère des affaires algériennes.

Service historique de la Défense (Centre historique des Archives)

Il est riche de nombreux fonds portant sur la question des Harkis principalement durant la guerre d’Algérie (1954-1962). Ceux-ci sont plus épars pour la période postérieure aux accords d’Évian mais ne sont pas à négliger pour qui s’intéresse à l’histoire des Harkis et des supplétifs au sens large.

Le fonds incontournable en la matière est celui de l’administration militaire en Algérie (sous-série GR 1 H). Une centaine d’articles s’échelonnant entre 1955 et 1963 portent plus précisément sur la question des Harkis. Si leur importance quantitative est bien moindre, il faudra, pour la même période, ne pas omettre les fonds issus du Cabinet du ministre et des organismes rattachés (série GR R) qui donne de précieuses informations notamment sur les Harkis mais également sur l’organisation des forces terrestres et l’organisation territoriale, les grandes unités, les Français musulmans d’Algérie, les Français de souche nord-africaine (FSNA), l’évacuation de l’Algérie, les relations franco-algériennes et comporte des dossiers de documents divers relatifs à l’Afrique française du Nord (AFN).

Sont également précieux, les fonds de l’État-major de l’armée de Terre (série T 1945-1972) et les archives des unités (série U), à savoir essentiellement les journaux de marches et d’opérations (JMO) qui retracent la vie quotidienne et les actions des unités lors des opérations. Le contenu des JMO est souvent riche d'informations sur l'activité des GMPR, les SAS, Maghzens, etc., mais les inventaires ne renseignent pas sur les unités dans lesquelles on peut trouver ces Harkis et plus généralement les formations supplétives. La recherche pourra donc être poursuivie au sein des collections de JMO dans les cas où l’on connaît déjà le régiment concerné.

Si le terme Harkis n’apparait pas dans les inventaires de l’Armée de l’Air, on trouvera dans les archives de différents bureaux de l’État-major de l'Armée de l'Air (EMAA) des questions relatives à l’AFN, les Français musulmans d’Algérie, le Front de libération nationale (FLN) et l’Organisation de l'armée secrète (OAS), notamment dans les archives de la Ve Région Aérienne et du Commandement de l'Air en Algérie (sous-série AI I).

Commandement supérieur interarmées :
note de service relative
à l'organisation des harkas,
20 mai 1957 (GR1 H 2028)
©SHD
Commandement supérieur interarmées :
fiche relative aux activités des harkas
durant le 4ème trimestre 1957,
21 février 1958 (GR 1 H 2028) ©SHD

Les ressources concernant la Marine sont beaucoup plus éparses. On retrouve des éléments relatifs à la gestion des personnels d’origine algérienne présents dans la marine et au commando « Yatagan » — la seule unité de la marine réellement assimilable à une harka — dans deux fonds principaux : celui du personnel et plus particulièrement la direction du personnel de la Marine (sous-série MV 3CC) et celui de la guerre d’Algérie et notamment le commandement en chef des forces armées, unités Marine à terre, Marine aux armées (1948-1963) (sous-série MV VVF5).
On trouvera également des informations moins immédiatement identifiables dans les fonds de la gendarmerie nationale et notamment le fonds de la gendarmerie implantée en Algérie de 1919 à 1971 (2010 ZM 4).

Pour des recherches davantage centrées sur les individus, il faudra, en sus des fonds précédemment évoqués, se pencher sur les fonds de la justice militaire de l’Armée de l’Air (sous-série AI J). Il s'agit de dossiers de suivi de procédures judiciaires pour l'essentiel du Commandement de l'Air en AFN, mais également quelques dossiers de bases aériennes. Ont été listés tous ceux qui ont été mis en cause dans une même affaire, qu'ils soient militaires ou civils, ainsi que les victimes ayant subi un préjudice "physique" (accidents, coups et blessures…), soit près de 2700 individus. Pour la grande majorité des militaires, il s'agit d'hommes du rang et de sous-officiers. Les dossiers sont constitués de notes, rapports, avis de désertion, avis et compte rendu de punition, jugement, procès-verbaux..., et quelques photos dans certains dossiers. Par ailleurs, la sous-série AI 2 P réunit les dossiers du personnel algérien. Ces dossiers sont librement communicables 100 ans après leur clôture.

Les archives privées sont riches d’une quinzaine de fonds qui apportent des éléments complémentaires.

Pour aller plus loin
Pour des informations sur les troupes indigènes durant les années antérieures, on pourra consulter : la sous-série GR 7 NN 9 (Section d’Afrique et d’Orient, 1881-1941) qui renseigne sur l’historique des troupes indigènes de l’AFN (1861-1939), les obligations militaires et engagements des indigènes, la réglementation générale en AFN (1903-1940) et en Algérie (1904-1940), les goums et maghzens algériens (1922-1939).

Sur le rapatriement des Harkis et de leurs familles, on pourra se pencher sur les journaux de bord des bâtiments et les archives des commandements de la marine des régions maritimes.

On signalera enfin que dans les fonds iconographiques détenus à Vincennes, les Harkis apparaissent dans une dizaine d’articles.

Les goumiers de la SAS de Tizi Rached en patrouille, 1957 (5 SAS 172) ©ANOM

Préfecture de police de Paris

Le Service de coordination des affaires algériennes conserve un rapport du 12 mars 1961 sur la lutte contre le terrorisme concernant Ali Mendas et Mohand Kerkour impliqués dans l’affaire des « Harkis » : série de plaintes fomentées par le FLN pour neutraliser l’action de la Force de police auxiliaire (FPA) par le discrédit auprès de l’opinion publique (HB1).

Après 1962

Historique de l’administration chargée des rapatriés

Voir les sources relatives aux rapatriés d'Algérie

Dossiers et renseignements individuels

Ministère des Armées

Service historique de la Défense 

La Division des archives des victimes des conflits contemporains (Caen) détient les dossiers individuels de décès des supplétifs sous les cotes AC 34 R 1 à AC 34 R 6282. Il s’agit des dossiers individuels d'examen des droits à l'attribution de la mention "Mort pour la France" des membres des forces non armées, de la garde mobile, des compagnies républicaines de sécurité, du service d'ordre ou des éléments engagés ou requis, tombés en service commandé à l'occasion des mesures de maintien de l'ordre sur les territoires de l'Union Française situés hors de la métropole et dans les États protégés par la France et des forces supplétives. La liste est citée sur le mémorial du Quai Branly à Paris.

Médaille commémorative des opérations de sécurité et
de maintien de l'ordre avec agrafe « Algérie »,
1962 (246 J 48) © AD 76

   

Diplôme associé à la médaille
(246 J 48) © AD 76 

 

On signalera à Pau, au Centre des archives du personnel militaire (CAPM), un fichier « Harkis » non exhaustif constitué, vers 1975, par le bureau central d’archives administratives militaires (BCAAM) à partir d’éléments des archives collectives. Ce fichier est un classement nominatif alphabétique, comportant approximativement 42 900 dossiers individuels. Ces archives individuelles sont composées de divers documents très hétérogènes d’un dossier à un autre (fiche de position, attestation, état signalétique et des services, acte d’engagement, attestation de service harki, fiche de démobilisation, correspondance).
Outre ce fichier, a également été constitué, à partir des enquêtes effectuées dans les archives collectives, un fonds d’archives interne au CAPM, complémentaire du fichier « Harkis ». Ce dernier est composé de 58 928 enquêtes relatives à des Harkis (identifiés ou non identifiés), dont 49 860 en version papier, représentant 66,50 mètres linéaires, classées par ordre chronologique, et 9 068 en version électronique, enregistrées sur le réseau interne du CAPM. Ces enquêtes peuvent comporter divers renseignements.

Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG)

Les dossiers des rapatriés, sous la responsabilité actuelle de l’ONACVG et qui sont issus de la réunion de plusieurs structures (dont le Bureau central des rapatriés et l’Agence nationale pour l'indemnisation des Français d'outre-mer, ANIFOM), constituent une source essentielle d’informations : on y trouve fiches d’identification, fiches de projets professionnels, documents sur le reclassement et les indemnisations, ainsi que documents personnels (lettres qui témoignent des conditions de départ et d’accueil). La consultation de ces dossiers se fait via l’ONACVG (voir la Mission d'évaluation de l'intérêt historique et scientifique des archives des rapatriés).

Ministère des Affaires étrangères et de l’Europe

Sont conservés dans le fonds de l’ambassade à Alger (1962-1982) des dossiers concernant des disparitions de Harkis ainsi que des dossiers de Harkis.

Archives nationales

Le fonds du Comité national pour les Musulmans français (CNMF), dit Comité Parodi, qui a oeuvré à l'application des décisions gouvernementales et géré des actions de solidarité, contient un fichier des Harkis (état civil, états de service, bulletins de paie, etc.).

Préfecture de police de Paris

La Préfecture de police de Paris conserve d'importants dossiers sur la Force de police auxiliaire (FPA), créée en décembre 1959 et pour l'essentiel constituée d'Algériens appelés communément "Harkis". Parmi les dossiers individuels des policiers auxiliaires incorporés entre 1959 et 1962, 263 dossiers de Harkis sont identifiés (HG 1-50), avec certaines lacunes ; ils contiennent notamment fiche d’identification, contrat d’engagement, ordres de missions, déclarations en vue de la reconnaissance de la nationalité française, attestations liées aux prestations sociales et familiales. Sont conservés en sous-série HA des dossiers sur les Harkis relatifs à des déclarations de nationalité française, à leurs activités et à la régularisation de leur situation (1963-1986) et en sous-série HB1, des états nominatifs des anciens Harkis et de leurs familles au centre de Nogent, ainsi que des contentieux (1959-1964).

Archives territoriales

Les exemples de fiches ou de dossiers individuels présentés ici évoquent la variété des fonds pouvant en contenir ; l’on pourra en trouver également dans les rubriques suivantes de cette page. 
Aux Archives de la Drôme, des notices individuelles de renseignements concernent des familles de Harkis employés dans l'administration des eaux et forêts à Beaurières et ayant souscrit une déclaration de nationalité en 1963. Dans le Gard, des dossiers de secours aux rapatriés se trouvent dans le fonds du secrétariat général de la préfecture et des dossiers administratifs de Harkis rapatriés des centres d'accueil de l'Ardoise dans le fonds de la direction départementale du travail et de l'emploi.
Les Archives de l’Hérault conservent dans le fonds des affaires sanitaires et sociales de la préfecture un fichier des Harkis (1963-1968)  ainsi qu’un cahier des dossiers de Harkis, transmis par les camps, et des listes nominatives des résidents du hameau de Truscas

3e régiment d'artillerie de marine, certificat de bonne conduite
(246 J 48) ©AD 76

 

Dans le fonds du bureau des affaires générales de la préfecture de Paris, se trouvent des dossiers individuels des rapatriés anciens supplétifs et des membres de leur famille (1961-1999). 
Aux Archives de la Seine-Maritime, le fonds de la cellule d’accueil et de conseil des Français rapatriés d’Afrique du Nord de la préfecture (secrétariat général) contient des dossiers d’aide sociale des Harkis (carrière militaire, état-civil, suivi des demandes d'aide concernant le logement, l’éducation, l’insertion professionnelle, etc., 1948-2009).
Les fonds d’archives privées peuvent aussi contenir des renseignements ; citons aux Archives de la Seine-Maritime l’Association nationale d’aide aux musulmans français repliés d’Algérie (AMFRA) où l’on trouve en particulier des fiches individuelles des réfugiés établis à leur arrivée et des dossiers individuels (certains contiennent des papiers personnels, des photographies, des diplômes de médaille, 1963-2008).

On n'oubliera pas de consulter les registres d'état civil (naissance, mariage, décès)  conservés dans les mairies, ainsi que les recensements de population en mairie ou dans les Archives départementales.

Les politiques publiques

1) Reconnaissance, indemnisations et assistance

Service historique de la Défense

Pour les années les plus récentes, les archives du cabinet du Ministre (DE ZB) et celle du secrétaire d’État aux anciens combattants (DE ZD) conservent des dossiers relatifs aux échanges entretenus avec les associations d’anciens supplétifs algériens.

Archives nationales

Les dossiers de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) sont particulièrement riches tant en matière de reconnaissance que de politique d’intégration ou d’assistance aux Harkis et à leurs familles (versements 19980331, 20050206, 20050299). Des compléments peuvent se trouver dans les dossiers du secrétaire d'État aux anciens combattants.
Sur la question des pensions militaires et de la retraite anticipée des anciens combattants notamment Harkis, il faut consulter les archives du ministère chargé des Affaires sociales.
La prise en charge par l’ONACVG d’attributions précédemment dévolues aux préfectures se trouve dans les archives du ministère de l’Intérieur.
Ces archives publiques sont complétées par le fonds du Comité Parodi.

Ministère chargé des rapatriés et de la réforme administrative : Guide du rapatrié, 1988 (199803/11) ©AN

 

Archives territoriales

La politique d’assistance et de solidarité se traduit en particulier par l’attribution d'allocation de détention aux Harkis victimes de la captivité en Algérie (Hérault, Paris), le reclassement de Français musulmans, parmi lesquels les membres des forces supplétives (Landes) ; on trouve en Côte-d’Or des allocations de veuvage et des dossiers d’assistance individuelle pour les Harkis de la 2ème génération.

Cette politique passe également par le soutien aux associations (Nancy).

2) Journées d’hommage

La « Journée nationale d'hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives », instituée en 2003 et fixée au 25 septembre, est l’occasion de cérémonies annuelles (Indre-et-Loire, Bordeaux Métropole, Montpellier). Des hommages ont été rendus avant cette date, comme en Haute-Savoie ou lors de déplacements officiels de ministres qui donnent lieu à l’élaboration de dossiers, par exemple dans les communes des anciens camps.

Amboise, cérémonie d'hommage aux Harkis du 25 septembre 2002 : note de service (2405W 63) © AD 37

   

Plan du dispositif mis en place pour la cérémonie (2405W 63) © AD 37 

Les politiques sociales

1) Logement et conditions de vie

Archives nationales

La question de l’accueil et du logement des Harkis est particulièrement suivie. On trouve ainsi des documents du Service d’accueil et de reclassement des Français d’Indochine et des Français musulmans (SFIM/SAMAS) de 1958 à 1966 (versements 19920149, F/1A/*/5137-5142) qui permettent de saisir la politique d’accueil, d’hébergement, de logement et de reclassement professionnel, pour l’ensemble du territoire et particulièrement pour les centres d’accueil de Sainte-Livrade et de Bias
Les programmes de logement des rapatriés permettent de suivre les travaux de construction de ces logements (versements 19771068, 19770815, 19800325). Plus tard, la question du relogement et des aides à l’accession à la propriété sont à chercher dans les dossiers de la Commission nationale pour le logement des immigrés.
Les conditions de vie donnent lieu à des rapports que l’on trouve notamment dans les archives de l’Inspection générale des affaires sociales (ministère chargé des affaires sociales, versements 19820240, 19840163, 19850469, 20070131) et de la Direction des populations (versements 19770391, 19870256).

Le Fonds d'action sociale (FAS) pour les travailleurs musulmans d'Algérie en métropole et pour leurs familles, devenu par la suite Fonds d'action et de soutien pour l'intégration et la lutte contre les discriminations (FASILD) permet de trouver des dossiers de subvention, notamment pour des projets portés par la SONACOTRA (versements 19850021, 19860399, 19870258, 19870440).

Service d'accueil et de reclassement des Français d'Indochine et des Français musulmans  : projet de logement pour Harkis, s.d. (199201/49) © AN

 

Au sein des archives du ministère de la Justice, les questions juridiques posées par les mesures d’aide en faveur des rapatriés et des Harkis et notamment la préparation de la loi du 14 février 1996 sont à rechercher dans les archives du cabinet du Garde des sceaux, tandis que celles relatives aux logements se trouveront dans le bureau du droit immobilier de la direction des affaires civiles et du sceau. On y trouvera également des informations sur le groupe de travail sur la situation des Français musulmans rapatriés, présidé par Loïc Rossignol, conseilleur maître à la Cour des comptes, rassemblant des représentants d’associations de Harkis et de douze ministères. Ce groupe avait pour objet de dresser un bilan relatif à la situation morale et matérielle des Harkis et de soumettre des propositions au Gouvernement, bilan à l’origine de la loi du 11 juin 1994 relative aux rapatriés anciens membres des formations supplétives et assimilés ou victimes de la captivité en Algérie.
Quelques dossiers relatifs à des détenus sont conservés dans les dossiers de l’administration pénitentiaire.

Les Archives nationales du monde du travail (ANMT)

Les Archives nationales du monde du travail à Roubaix conservent des documents sur la réhabilitation de la cité des Harkis « Le Logis d'Anne » par l'architecte Roland Simounet, située à Jouques (Bouches-du-Rhône) et aujourd’hui détruit, notamment des plans et des photographies (1983-1985). 

Archives territoriales

On trouvera aux Archives de Marseille des cartes de répartition en métropole des anciens Harkis et de leur famille (1965-1966) et un tableau de familles demandeuses de secours dans le fonds Charles-Roux (80 II).
D’une façon générale, les services d’archives territoriaux conservent de très nombreux documents relatifs à l’accueil et à l’hébergement des Harkis, ce qui conduit dans certains cas à la construction de logements spécifiques. On trouve des dossiers relatifs au reclassement des Harkis dans la Creuse, en Haute-Loire, en Saône-et-Loire à Roussillon-en-Morvan. En Ardèche, ce sont des anciens supplétifs musulmans de la région de Ténès qui sont accueillis, avec reclassement et surveillance de la communauté (158 W 456). Des aides sont apportées à l'amélioration de l'habitat d’anciens Harkis (Gard) et à l’accession à la propriété (Gard, Hérault) ; on relève aussi des statistiques d'endettement (Gard) .
Il peut s’agir de logements temporaires ou dans des centres, ce qui peut passer par la relation avec des organismes spécialisés dans l'accueil des rapatriés, dont CANAM, la Commission d'aide aux Nord-Africains dans la métropole (Seine-et-Marne, SC20015). Des Harkis sont installés à la citadelle d’Amiens, à Doullens et à Poix.
Dans un second temps, certains sont relogés : au Plô de Mailhac à Saint-Pons-de-Thomières dans l’Hérault par exemple, tandis qu’un programme de relogement est envisagé au lieudit "La Briqueterie" à Amiens. D’autres, venant du camp de Rivesaltes, sont hébergés par des particuliers, comme le capitaine Froument, ancien chef d’une harka dans le Constantinois, qui, avec l’aide d’un ami secrétaire de mairie, accueille des Harkis et leur famille dans sa résidence du Lot-et-Garonne puis leur trouve des emplois dans les conserveries locales (Lot-et-Garonne, 3Z 10).

Demande de renseignements sur le capitaine Froument par le préfet de Lot-et-Garonne, 11 décembre 1962 (3Z 10) © AD 47 

 

La « cité des Mimosas » au Cannet est spécialement édifiée pour accueillir les Harkis (Cannes : délibérations, plans, correspondance, photos ; 22W238, 208W12-13, 235W1, 34Fi1917-1921). Dans le Puy-de-Dôme, il s’agit d’un projet d'édification de logements pour des Harkis sur le plateau des Cézeaux (1968).

Projet de logement pour Harkis sur le plateau des Cézeaux, 1968 (206Fi 594) © AD 63 

2) Travail

Archives nationales

La question du travail et de l’emploi est à chercher dans les archives du ministère dédié. Ce qui concerne les rapatriés d’Algérie et les emplois réservés pour les Harkis dans la fonction publique se trouve dans les archives de la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) (versements 19770007, 19980260, 19980514). Existent également des conventions sur l’emploi d’anciens Harkis par l’Office national des eaux et forêts. Les recours auprès de la « Commission centrale sociale » instituée par décret du 10 mars 1962 relatif aux mesures prises pour l'accueil et le reclassement professionnel et social des rapatriés permettent, dans des dossiers organisés par séance et par recours individuels, de connaître l’examen en appel de demandes de subventions d’installation, de demandes subventions pour le rachat de cotisation d’assurance vieillesse et de demandes d’indemnités particulières.

Archives territoriales

Les Archives du Gard conservent des documents relatifs aux travaux forestiers exécutés par des Harkis dans les départements du Gard, de l'Hérault et de la Lozère entre 1962 et 1963. Aux Archives du Doubs, le fonds de la sous-préfecture de Montbéliard contient une liste d’enfants de Harkis susceptibles d’être concernés par l’attribution d’emplois réservés (2009).

Direction générale des eaux et forêts : rapport sur les travaux forestiers exécutés par des Harkis dans le massif de l'Aigoual, 16 mars 1963 (7W 387) © AD 30 

   

Plan associé (7W 387) © AD 30 

3) Éducation et formation

Archives nationales

En ce qui concerne les affaires scolaires, les chronos des directeurs de cabinet peuvent apporter des renseignements sur la place des Harkis dans les programmes d’enseignement. Par ailleurs les classes mobiles (1962-1965) sont à rechercher dans les dossiers des constructions scolaires.
Pour la dimension éducative et culturelle les papiers de l’Office national à l'action sociale, éducative et culturelle (ONASEC) (versement 19870444), créé en 1984, sont certainement ceux à consulter en priorité. 

Archives territoriales

Une action éducative et culturelle est tournée vers les enfants de Harkis (Ardèche ; Cannes, 135W3). On trouve des dons pour le Noël de ces enfants en 1964-1965 aux Archives de Cannes (60 W 63). Sont conservés également des arrêtés attribuant des bourses scolaires (enseignement primaire, secondaire et supérieur) aux enfants de Harkis ainsi que des statistiques (1991-1995) en Côte-d’Or, et dans Saône-et-Loire des dossiers de bourses scolaires et d’aide à l’insertion professionnelle (1985-2003) ou des dossiers d'aide à la formation professionnelle des Harkis et enfants de Harkis (2004-2008) dans l'Hérault.

 

Arrêté préfectoral attribuant une aide au financement à une formation au permis poids-lourds, 11 décembre 1998 (1831W 57) © AD 21

Camps, cités, hameaux de forestage

À partir de juin 1962, des camps de transit et de reclassement accueillent des Harkis et leurs famille ; des cités d’accueil se construisent peu à peu à partir de 1963 pour les loger plus définitivement, tandis que des hameaux de forestage sont mis en place à partir du mois d’août 1962, via l’Office national des forêts, pour leur fournir un travail.

Voir les cartes des camps, des cités et des hameaux de forestage.

Service d'accueil et de reclassement des Français d'Indochine et des Français musulmans : tableau recensant le nombre de Harkis hébergés dans les camps de Rivesaltes, Saint-Maurice-l'Ardoise, La Rye et Bias, 14 février 1963 (199201/49) © AN

 

Archives nationales

Les archives de chercheurs apportent un éclairage précieux sur les cités de transit (archives de Numa Murard  ; archives d’Alain Bourgarel, versement 20160565 ; archives du centre international d’études pédagogiques). Dans le versement des dossiers de carrière des cadres des hameaux de forestage, on trouve des renseignements qui touchent une période allant de l’indépendance de l’Algérie à la fermeture des hameaux et qui évoquent la gestion de ces hameaux forestiers et l’installation ou les projets d’installation des ex-Harkis en milieu citadin ou agricole. La résorption des hameaux de forestage et la construction de logements pour des familles harkies se trouvent dans les archives du ministère de la Construction, puis de l'Équipement.

Service d'accueil et de reclassement des Français d'Indochine et des Français musulmans : arrivée des Harkis au camp de Rivesaltes, chiffres de décembre 1963 (199201/49) © AN

 

Archives territoriales

Le Puy-de-Dôme conserve des documents sur le camp de Bourg-Lastic ouvert en juin 1962 (tableaux d'effectifs, recensement des habitants) et le Gard, sur celui de Saint-Maurice-l’Ardoise, ouvert le 29 octobre 1962 (départ des harkis de Saint-Maurice pour l'Ardoise en 1975). Le camp de Bias héberge des Harkis à partir de janvier 1963, notamment les célibataires en formation professionnelle et des familles avant leur reclassement. Il devient à partir de 1964 le Centre d'accueil des rapatriés algériens (CARA), plus particulièrement dévolu aux familles considérées comme « irrécupérables » (veuves, handicapés, etc.) (Lot-et-Garonne, 2369 W). 

Les Archives du Cantal conservent des documents sur les chantiers de forestage d'Aynes, effectués par les Harkis (1963-1971), accompagnés d’états mensuels (1972-1973) de même que dans les Hautes-Alpes (1978-1992). Aux Archives de la Côte-d’Or, sont concernés les hameaux forestiers d'Is-sur-Tille et de Roussillon-en-Morvan et le camp forestier de Vanvey ; dans le Gard se trouvent des renseignements sur les chantiers forestiers du Gard, de l’Hérault et de la Lozère, ainsi que sur les activités agricoles des salariés harkis de l'USAF (Union syndicale agricole et des forêts). Quelques documents concernent le camp forestier de Berdoues : construction, aide sociale, scolarisation, personnel d’encadrement entre 1962 et 1966 (Gers, 974 W 331, 1145 W 16). Dans l’Hérault, il est question du logement dans les hameaux forestiers (1964-1976).

Répressions et revendications

Des révoltes éclatent à partir de mai 1975 dans le camp de Bias et de Saint-Maurice-l’Ardoise et s’étendent à tout le pays ; elles dénoncent les conditions de l'accueil, le surpeuplement, l'insalubrité. Le mouvement conduit le Conseil des Ministres du 6 août à annoncer la fermeture des camps et des mesures en faveur de l'indemnisation, du logement, de la formation professionnelle et de l'emploi des Harkis et de leurs enfants. La communauté harkie se révolte de nouveau à l’été 1991. Les émeutes, menée par la deuxième génération, débutent dans la cité des Oliviers à Narbonne.

Correspondance entre l'Office public municipal HLM de Cannes et la Direction départementale de l'Équipement soulignant "l'état de dégradation avancée" de la cité des Mimosas, 1981 (235W1) © AM Cannes

 

Archives nationales

La population harkie, du fait des revendications qu’elle porte et particulièrement d’actions comme des grèves de la faim, fait l’objet d’une surveillance par les services des Renseignements généraux (versement 19870623, 19960311). Les manifestations, prises d’otages ou occupations de locaux font l’objet de dispositifs de maintien de l’ordre.
Pour les activités considérées comme subversives, on consultera le fichier de la police judiciaire pour quelques rares dossiers de règlements de compte impliquant des Harkis.
Des associations sont particulièrement surveillées, telles que le Front national des rapatriés français de confession islamique, l’Union nationale des anciens combattants de confession islamique, la Fédération nationale des rapatriés français de confession islamique (versements 19870320, 19870619, 19880178, 19880213, 19980547, 19910619).

Archives territoriales

Les Archives de l’Hérault conservent un dossier d’intervention de la Compagnie républicaine de sécurité relatif aux émeutes de Narbonne en 1991, et celles de Lot-et-Garonne un dossier sur les manifestations et grèves de la faim de Harkis (1987-2000) contenant rapports, notices individuelles et photographies (2262 W 131). Aux Archives des Bouches-du-Rhône, le fonds Saïd Merabti (231 J 1-109), militant associatif, est particulièrement intéressant : outre des dossiers d'« usagers » contenant état des services, citation à l'ordre, carte d'identité, photos d'activité, on note la présence de documents sur les manifestations des grèves de la faim aux Invalides (1998) mais aussi sur les premières constructions des camps, sur des cérémonies, etc. On trouve également la dénonciation des conditions de vie dans le camp de Rivesaltes, dès 1962-1964, dans les papiers de Max Lejeune aux Archives de la Somme (37J 168). 

Grève de la faim menée par les Harkis en 1998
(231J 40) © AD 13 
 

 

© AD 13 

Pour aller plus loin

Webographie
Sur le portail Odysséo, qui permet d’identifier et de localiser des sources sur l’histoire de l’immigration de 1800 à nos jours, sont disponibles des fiches sur les camps où ont été regroupés les Harkis à leur arrivée en France ; quelques exemples :

Il existe plusieurs lieux de mémoire :

Visite en hélicoptère  du préfet de Grande-Kabylie à Tizi Rached, 8 avril 1957 (5 SAS 172) ©ANOM

Liens